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Centrale solaire Noor I : Un grand gisement d’énergie

En plus de la réduction de la dépendance énergétique du Maroc par la production supplémentaire de 510 MW, dont 160 MW produits par Noor I et de 350 MW d’ici fin 2018 par les autres phases, le complexe permettra de réduire, annuellement, les émissions de CO2 de 762.000 tonnes, et de 19 millions de tonnes sur 25 ans grâce aux différentes composantes du projet.

À la commune de Ghassate, relevant de la province de Ouarzazate où la centrale solaire Noor a été érigée, des milliers de capteurs cylindro-paraboliques s’étendent à perte de vue sur le site de Tamzaghten Izerki. Cette première composante maîtresse du programme solaire marocain est opérationnelle depuis l’inauguration royale effectuée hier (jeudi) à Ouarzazate. Les essais et les tests préalables à la mise en exploitation commerciale de cette 1re phase, étalée sur 480 ha, ont été réalisés durant le mois de novembre. Mais à terme, c’est-à-dire lorsque les deux autres phases du projet (Noor II et III) seront achevées, la centrale devrait s’étendre sur un terrain de 2.500 ha.

De ce fait, la centrale de Ouarzazate sera le plus grand complexe solaire à concentration du monde avec une puissance globale de l’ordre de 510 MW, dont 160 MW produits par Noor I, dotée d’un dispositif de stockage d’énergie thermique lui permettant de fonctionner en pleine capacité pendant 3 heures sans rayonnement solaire. Quant à la deuxième phase du complexe, les travaux ont également démarré. Celle-ci comprend deux centrales thermo-solaires à concentration d’une capacité totale de 350 MW, dont respectivement 200 et 150 MW seront produits par Noor II et III avec un dispositif de stockage de 7 heures. La mise en service de ces centrales est attendue pour la fin de l’année 2018, tandis que le coût global du projet est de 2,105 milliards d’euros grâce à un montage financier public-privé (voir encadré).

Au-delà de l’engouement que suscite actuellement le projet, la centrale permettra au Maroc de passer de l’importation à la production d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, le royaume est fortement tributaire des importations d’énergie pour répondre à ses besoins puisque 95% des ressources proviennent de l’extérieur du pays avec une consommation estimée à 123.000 barils de pétrole par jour et de 560 millions de mètres cubes de gaz. De ce fait, le Maroc est le plus gros importateur d’énergie fossile de la région Moyen-Orient Afrique du Nord. Par conséquent, la rupture avec cette forte dépendance énergétique du pays passera, dans un premier temps, par la production supplémentaire de 160 MW d’électricité suite à l’opérationnalisation de la 1re phase de la centrale solaire de Ouarzazate, et de 350 MW d’électricité attendus vers la fin de 2018, après le lancement des autres phases.

L’autre point, et non des moindres, est l’impact du complexe sur l’environnement avec la réduction de 762.000 tonnes par an d’émissions de CO2, ou de 19 millions de tonnes sur 25 ans grâce aux différentes composantes du projet. À terme, la centrale solaire permettra annuellement d’économiser en combustibles un million de tonnes équivalent pétrole et d’éviter l’émission de 3,7 millions de tonnes CO2 sans négliger le développement de l’industrie locale des énergies renouvelables et la réalisation de l’objectif national, fixé à 42% d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique d’ici à 2020 contre moins de 15% actuellement grâce à la réalisation d’autres centrales, notamment à Midelt, Tata et bien d’autres dans le cadre du programme solaire marocain. Au total, ce dernier permettra de minimiser les impacts de la production d’énergie sur l’environnement.

Dans la région Moyen-Orient Afrique du Nord, l’émission de dioxyde de carbone représente 83% de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre de la région. Ils ont augmenté de près de 71% entre 1990 et 2010, particulièrement du fait de l’augmentation de la production d’électricité. S’agissant de l’impact sur le développement local, la construction de Noor I a généré plus de 500 emplois pendant les 12 mois qu’ont duré les travaux, accaparés à près de 42% par des travailleurs issus de la région de Tamzaghten Izerki, l’une des régions les plus défavorisées.

En effet, le taux de pauvreté avoisine 23% dans cette région, et l’indice de développement humain y figure parmi les plus faibles du pays (0,371), sachant que les deux tiers des chômeurs sont des jeunes de moins de 35 ans. La construction des centrales Noor II et Noor III devrait induire la création de 1.600 emplois directs, une main-d’œuvre non qualifiée locale essentiellement. Selon les termes des appels d’offres, les développeurs doivent en effet favoriser l’embauche locale. Par ailleurs, durant les 25 ans de leur exploitation, les deux dernières centrales créeront plus de 200 emplois directs et plusieurs centaines d’emplois indirects.

Le projet comporte également un important volet en faveur des femmes pour renforcer leur intégration socio-économique dans la région et favoriser leur employabilité. Le déploiement du projet comporte également différents programmes de formation afin d’améliorer l’insertion professionnelle des femmes et leur autonomisation sociale et économique. Parmi ces actions figurent un partenariat avec la faculté polydisciplinaire de Ouarzazate et les femmes entrepreneures de la région ainsi qu’une participation des femmes à la prise de décisions via leur présence dans les instances locales de décision. 


 

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Le coût total du projet, hors taxes et droits de douane, est de 2,105 milliards d’euros. Il est financé par un montage public-privé orchestré par le Groupe Banque africaine de développement et la Banque mondiale. Le financement associe, outre ces deux institutions financières internationales, le fonds pour les technologies propres des fonds d’investissements climatiques, l’agence allemande d’aide au développement KfW, l’Agence française de développement (AFD), la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Union européenne, la MASEN et des investisseurs privés. Les fonds prêtés à MASEN par les partenaires financiers sont rétrocédés aux trois sociétés de projet (une par centrale). Chaque société de projet est détenue par un consortium privé sélectionné à la suite d’un processus d’appel d’offres (75%) et par MASEN (25%). Cette dernière sera l’acheteur unique de l’électricité produite par les centrales.



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