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Budget 2022 : les dépenses de compensation dérapent !

À fin mars, les émissions au titre des dépenses de la compensation ont déjà atteint 10 MMDH contre 3,8 MMDH à la même période de l’année dernière, soit une hausse de 164,9% ou +6,2 MMDH. Ce dérapage a été accéléré par la guerre russo-ukrainienne qui a entraîné une forte hausse des prix du pétrole qui dépassent actuellement la barre des 100 dollars. Cependant, les finances publiques s’améliorent et il ne devrait pas y avoir trop de difficultés à trouver des ressources permettant de faire face à cette hausse que certains économistes ne voient pas s’infléchir à court terme.

Jusqu’où vont monter les dépenses de compensation, cette année ? Les émissions au titre des dépenses de la compensation ont déjà atteint, à fin mars, 10 MMDH contre 3,8 MMDH une année auparavant, soit une hausse de 164,9% ou +6,2 MMDH. Ce dérapage a été accéléré par des facteurs exogènes et endogènes. Il y a, notamment, la guerre russo-ukrainienne, dont le déclenchement remonte au 24 février dernier.

En l’espace d’un peu plus d’un mois (36 jours), elle a fait littéralement sauter tous les verrous, et compromis la reprise économique amorcée aux quatre coins de la planète, y compris au Maroc, après le gros coup de massue porté par le Covid-19. Alors que l’on s’inquiétait, en janvier, de la hausse des matières premières en général, des difficultés d’approvisionnement, du coût du transport et du prix du pétrole -qui frôlait la barre des 85 dollars-, cette guerre a fait grimper les cours de l’or noir au-delà des 100 dollars le baril, ce qui a eu des effets immédiats sur les prix à la pompe. Ceux du gaz n’ont pas tardé à suivre.

Enregistrant des hausses vertigineuses, ils ont entraîné dans leur sillage les prix de l’électricité. Ce n’est pas tout : au début du conflit, la tonne de blé atteignait près de 400 dollars, un niveau record qui ne laissait personne indifférent, surtout pas le Maroc, qui devra en acheter une grande quantité, du fait de la sécheresse qui sévit cette année dans le pays .

Les finances publiques ont commencé à s’améliorer

Malheureusement, plusieurs économistes, américains notamment, estiment que cette envolée des prix pourrait être durable. Autrement dit, le budget dédié à la compensation risque d’être rapidement englouti, cette année. Et il faudra trouver ailleurs des ressources pour faire face aux futurs décaissements «inattendus». En principe, ce devrait être sans grande difficulté, parce que les finances publiques ont commencé à connaître une embellie. Le rapport entre les recettes encaissées et les dépenses émises, lors de l’exécution de la loi de Finances fait ressortir, à fin mars, un solde ordinaire négatif de 176 MDH, contre un solde ordinaire négatif de plus 2,8 MMDH un an auparavant.

Le déficit du Trésor n’est que de 2,1 MMDH, compte tenu d’un solde positif de 20 MMDH dégagé par les comptes spéciaux du Trésor (CST) et les services de l’État gérés de manière autonome (SEGMA), contre un déficit du Trésor de 8 MMDH à fin mars 2021, compte tenu d’un solde positif de 14,8 MMDH dégagé par les CST et les SEGMA. À fin mars, les recettes ordinaires brutes se sont établies à 76,5 MMDH contre 63,2 MMDH à la même période de l’année dernière, soit une hausse de 21,1% ou +13,3 MMDH.

Cette évolution a été induite par la hausse des recettes douanières nettes de 18%, compte tenu de remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux de 11 MDH à fin mars 2022, contre 16 MDH un an auparavant, des droits de douane (+15,9%) et de la TVA à l’importation (+26,3%). À fin mars 2022, la TIC sur les tabacs manufacturés a également enregistré une hausse de +17,4%.

Le solde ordinaire  négatif n’est que de 176 MDH

Les autres TIC ont également bondi de +31,2%. Les recettes nettes de la fiscalité domestique se sont, par ailleurs, très bien comportées avec une hausse de 28,4%, compte tenu de remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux supportés par le budget général qui ont été de 3.598 MDH à fin mars 2022 contre 2.402 MDH un an auparavant.

L’IS et l’IR ont enregistré, respectivement, une hausse de 80,5% et de +4,7%, tandis que la TVA à l’intérieur a chuté de 17,5%. Du côté des dépenses, les engagements à fin mars 2022 se sont élevés à 186 MMDH, représentant un taux global d’engagement de 32%.

Ces dépenses ont augmenté de  16,1%, découlant de la hausse de 6,4% des dépenses de biens et services, due à l’accroissement de 1,8% des dépenses de personnel et de 15,8% des autres dépenses de biens et services ; de la diminution de 3% des charges en intérêts de la dette ; de la hausse de 164,9% des émissions de la compensation ; de l’augmentation de 49,3% des remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux. Le montant global des remboursements de TVA à l’intérieur et à l’importation (y compris la part supportée par les collectivités territoriales) s’élève à 4.962 MDH contre 3.267 MDH à fin mars 2021.

Signe d’une résilience économique face à la crise mondiale, les dépenses d’investissement émises ont augmenté de 9,9%, passant de 20 MMDH à fin mars 2021 à 22 MMDH une année plus tard, en raison de l’augmentation de 2,9% des dépenses des ministères et de 14,7% des dépenses des charges communes.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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