Bourse : le MASI recule pour mieux rebondir

Après avoir franchi brièvement la barre des 18 000 points, le MASI marque une pause. Sur une dynamique haussière depuis début avril, l’indice phare de la Bourse de Casablanca semble cependant essoufflé par des volumes modérés et des signaux techniques mitigés. Cependant, cette consolidation ne remet pas en cause une tendance de fond toujours favorable, avec des perspectives qui restent optimistes malgré les incertitudes à court terme.
Le seuil symbolique des 18 000 points n’aura été que brièvement franchi. Après une envolée alimentée par l’optimisme des investisseurs, l’indice MASI semble hésiter à poursuivre sa course.
À la clôture du 16 mai 2025, l’indice phare de la Bourse de Casablanca s’est replié à 17 772 points, marquant un léger essoufflement après avoir atteint un sommet intraday de 18 117 points deux jours auparavant. Une pause plus qu’un retournement, selon l’analyse technique de BKGR, qui évoque une tendance de fond toujours haussière, malgré des signaux de fatigue à court terme.
Une reprise vigoureuse, mais sous surveillance
Depuis sa stabilisation autour des 16 000 points début avril, le MASI a repris un rythme ascendant, porté par des fondamentaux solides et une amélioration générale du climat d’investissement.
Toutefois, cette progression s’est effectuée dans un contexte de volumes relativement faibles – un élément que souligne BKGR dans sa note : «Entre le 10 avril et le 14 mai 2025, le volume moyen quotidien est resté limité à 440 millions de dirhams, un niveau modeste comparé aux grandes phases haussières précédentes». Un signal d’alerte ? Pas nécessairement. Car si la dynamique semble s’être ralentie, les indicateurs techniques demeurent globalement favorables.
L’indice se maintient au-dessus de ses moyennes mobiles (20, 50 et 100 jours) et n’a pas encore rompu ses supports majeurs. «Nous sommes probablement dans la quatrième sous-vague d’une troisième vague de grand degré, caractérisée par des volumes stables et un sentiment de marché mitigé», avance BKGR en s’appuyant sur la théorie des vagues d’Elliott.
Consolidation ou correction ?
Deux scénarios sont désormais envisagés. Le premier, qualifié de «scénario en triangle», suggère une consolidation latérale du marché, sans rupture majeure du seuil des 16 000 points, avec une reprise potentielle vers les 18 300 – 18 400 points. Le second scénario, plus baissier, évoque une correction en trois temps (ABC) qui pourrait ramener l’indice légèrement en dessous des 16 000 points, en cas de repli généralisé de la confiance.
Le RSI (Relative Strength Index), quant à lui, indique une divergence baissière, ce qui témoigne d’un ralentissement du momentum. Mais la prudence n’est pas synonyme de renversement.
«Tant que le MASI évolue au-dessus des 14 600 points, le trend moyen terme reste résolument haussier», affirme BKGR, évoquant même des cibles techniques à 19 000, voire 20 000 points en cas de poursuite des sous-extensions haussières.
Une trajectoire solide sur le long terme
L’analyse technique ne suffit pas à expliquer à elle seule la vigueur de la place casablancaise. Sur le fond, le marché boursier bénéficie d’un alignement favorable de plusieurs facteurs, résultats robustes des entreprises cotées, normalisation monétaire attendue en 2025, regain d’intérêt des investisseurs étrangers, et confiance croissante des opérateurs locaux.
«Le redressement du MASI depuis le creux de mars 2020 s’explique autant par des arbitrages sectoriels que par la perception d’un Maroc plus résilient dans un contexte mondial incertain», souligne un analyste.
De fait, la performance cumulée du MASI sur cinq ans illustre la résilience de la place casablancaise : entre mai 2020 – où l’indice évoluait autour de 11 500 à 12 000 points, au plus bas de la crise post-Covid – et mai 2025, où il dépasse les 17 700 points, le MASI enregistre une progression brute estimée entre 47% et 54%, selon le point de départ retenu. Une trajectoire ascendante qui s’est dessinée malgré les secousses liées à la pandémie, les tensions inflationnistes mondiales et les ajustements successifs des politiques monétaires. À cela s’ajoute une nouvelle dynamique ESG qui redessine les priorités des investisseurs institutionnels.
«Le Maroc commence à tirer parti de sa stabilité politique et de ses engagements climatiques pour attirer une épargne de long terme», commente un expert boursier.
L’intégration de nouveaux titres marocains dans des indices internationaux, comme le MSCI Frontier Markets, pourrait aussi accroître la visibilité du marché domestique.
Vers un été déterminant
La question qui agite désormais les investisseurs est de savoir si le MASI saura maintenir le cap en l’absence de catalyseurs immédiats. Les publications de résultats du second trimestre et la politique monétaire de Bank Al-Maghrib seront scrutées de près. Un analyste interrogé tempère néanmoins les attentes en assurant qu’«une correction à court terme ne serait pas une mauvaise nouvelle. Elle permettrait une respiration saine après une montée rapide. Ce qui compte, c’est que les fondamentaux restent intacts».
Dans sa dernière note, BKGR insiste sur la solidité du mouvement structurel, «la hausse récente du MASI semble être corrective, tenant compte de la faible volumétrie qui l’a accompagnée.
Cependant, la tendance de fond demeure haussière». Autrement dit, le MASI avance, prudemment mais sûrement. Une consolidation ne remettrait pas en cause l’essentiel, la confiance dans un marché dont la maturité ne cesse de s’affirmer. Si les vents restent favorables, la barre des 20 000 points pourrait devenir plus qu’un objectif symbolique.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO