Culture

Forum du Festival de Fès des Musiques sacrées du monde : L’IA au cœur de la stratégie de transmission patrimoniale

Le Forum du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde a mis en exergue l’IA comme pilier de la transmission patrimoniale. Serghouchni y a exposé la stratégie nationale visant à allier innovation technologique et sauvegarde de l’héritage, au cœur des réflexions sur les «Renaissances».

En marge de la 28e édition du Festival de Fès des Musiques sacrées du monde, le Forum de Fès s’est positionné comme un événement intellectuel et culturel de premier plan. Sous le thème des «Renaissances» à l’ère des mutations contemporaines, ce rendez-vous a offert une plateforme de réflexion et d’échange, réunissant experts, penseurs et universitaires autour des enjeux liés à la culture, la spiritualité, la technologie et la jeunesse.

Dans ce contexte, Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, a souligné le rôle de l’intelligence artificielle dans la préservation et la projection du riche patrimoine marocain vers l’avenir.

L’IA, levier de transmission et d’innovation patrimoniale
Lors des travaux du forum, El Fallah Seghrouchni a mis en exergue le rôle essentiel des technologies numériques et de l’intelligence artificielle (IA) dans la préservation, la transmission et la valorisation du patrimoine culturel marocain. Elle a présenté une vision d’ensemble des efforts nationaux visant à «faire du digital un outil de transmission et d’innovation patrimoniale», conformément à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

La ministre a insisté sur l’apport capital de l’intelligence artificielle, notamment l’IA générative, pour numériser et reproduire digitalement à grande échelle documents, histoires et sons. Elle a cité comme illustration la convention signée avec la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM) pour la digitalisation de ses archives manuscrites, une démarche jugée essentielle pour leur transmission aux générations futures.

Cette vision s’appuie sur la reconnaissance du patrimoine comme un «continuum fonctionnel» et un «réservoir du développement durable», comme souligné par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Elle s’inscrit dans les orientations du Nouveau modèle de développement.

Des applications concrètes au service de la mémoire et de la langue
Détaillant les apports spécifiques de l’IA, la ministre a évoqué la surveillance et la détection des risques pour les sites, la restauration numérique et la reconstruction 3D d’artefacts, la lutte contre le trafic illicite, ainsi que la valorisation et la médiation culturelle par la création de nouveaux modes de transmission et de visites immersives.

Ces efforts sont soutenus par un cadre juridique modernisé, notamment le projet de loi 33.22, qui élargit la définition du patrimoine et place la numérisation au cœur de sa préservation. Une attention particulière est portée à la langue amazighe, avec le développement d’une encyclopédie numérique et l’exploitation de l’IA pour son traitement, en coordination avec l’IRCAM.

Une invitation à la prospection et à la métamorphose
Driss Khrouz, directeur du Forum du Festival de Fès, a quant à lui souligné que le thème de cette édition est une invitation à la prospection d’horizons accueillants, aux portes hospitalières, donnant sur des espaces et des temps de bienveillance, d’espérance, de rêves, d’imaginaires et de découvertes.

Pour Khrouz, les renaissances sont des métamorphoses collectives et globales, exprimant des mutations profondes et constituant des «maturations, symbioses, ruptures et élans vers le mieux». Il a insisté sur le rôle de la créativité comme «marqueur sociétal» et de la culture comme «réceptacle et vecteur de mutations», tout en abordant l’interaction, parfois angoissante, entre cultures et technologies numériques.

Fès, berceau du renouveau politico-religieux africain
De son côté, Jillali El Adnani, spécialiste des questions religieuses et territoriales, s’est penché sur l’histoire de Fès et le renouveau politico-religieux en Afrique. Durant son intervention, le spécialiste a mis en lumière «un renouveau religieux et politique, partant de la ville de Fès», illustré par les contributions des grands maîtres soufis marocains. Citant Jacques Berque, il a rappelé que l’Orient est la terre des prophètes, tandis que le Maghreb est la terre des saints, signifiant un mouvement d’influence de l’Occident musulman vers l’Orient.

El Adnani a détaillé comment les voies soufies marocaines, issues de disciples de cheikhs tels que Mohamed Al-Ghali ou Ahmed ibn Idris al-Fassi, ont exercé une hégémonie, y compris politique, à l’instar de la Senoussiya en Libye ou de l’État d’Al-Hajj Oumar Tall en Afrique subsaharienne.

Il a aussi souligné l’influence architecturale de Fès, dont la Grande Mosquée de Paris est un exemple emblématique. Le Forum a ainsi, une fois de plus, offert un espace de réflexion stimulant, confirmant son statut de rendez-vous incontournable pour penser les défis et les opportunités du monde contemporain.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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