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Banques : Du potentiel pour redécoller

La crise que connaît le crédit bancaire au Maroc est loin de refléter le potentiel de croissance du secteur. De l’avis de plusieurs analystes, les relais existent et les autorités et opérateurs du secteur envisagent de nouvelles mesures pour mettre fin à la crise. De quoi faire redécoller la mesure à l’heure où les signes de reprise se profilent à l’horizon.

En dépit de la crise que connaît le crédit bancaire ces derniers mois, l’année 2016 s’ouvre sous de bons auspices pour le secteur bancaire marocain. La fin de l’exercice 2015 s’est en effet terminé par une note plus reluisante que celle de l’évolution enregistrée au cours des autres mois de l’année, avec la reprise du crédit bancaire et de réelles perspectives pour les prochains mois. Durant les deux premiers mois du quatrième trimestre, le déficit de liquidité des banques s’est tout d’abord résorbé de 14,2MMDH sous l’effet combiné de plusieurs facteurs autonomes, selon les derniers statistiques de la Banque centrale (BAM). Parallèlement, le crédit bancaire a amorcé un semblant de reprise au mois de novembre avec une progression de l’encours de 0,4% d’un mois à l’autre et de 1,6% sur l’année. La hausse n’est certes pas significative au vu du potentiel du secteur, mais cela augure d’une nouvelle dynamique comparée à l’accentuation de la décélération enregistrée ces derniers mois. La croissance du crédit bancaire a accusé un ralentissement d’1,8% en moyenne au troisième trimestre de 2015 et alors que les estimations en début d’année prônaient un rythme de progression annuel aux alentours des 5%, la situation est devenue assez alarmante, au point où même le gouverneur de la BAM, Abdellatif Jouahri, n’hésite pas à évoquer «une crise du crédit bancaire». C’est du reste la même appréciation que se font les opérateurs du secteur . En dépit des mesures prises par BAM pour faire face à la situation, le crédit a du mal à repartir. C’est pour cette raison que pour 2016, le gouverneur de la BAM a fait de la gestion de cette crise, une priorité.

Thérapie de choc
Face à la persistance de la crise du crédit bancaire,  les autorités et autres acteurs du marché ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Selon Jouahri, une réunion se tiendra durant le début de cette année entre la Banque centrale, le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), avec comme ordre du jour, cette crise de décélération du crédit ainsi que les moyens d’y mettre un terme. Il s’agira notamment d’identifier les contraintes de la croissance du crédit, d’analyser la situation de l’offre et de la demande et d’examiner les secteurs touchés par cette décélération en plus d’autres problématiques sous-jacentes comme les délais de paiement. À l’évidence donc, la stratégie de baisse du taux directeur qui aurait permis aux entreprises de se financer plus facilement, s’avère insuffisante en dépit du fait que les banques se sont inscrites dans la même voie en décélérant un peu les conditions d’octroi surtout en faveur des PME et TPME. La réunion annoncée entre les principaux intervenants sur le marché bancaire permettra-t-elle de sortir de la crise ? C’est toute l’interrogation du moment, mais à en croire Jouahri, tous les sujets seront abordés en toute franchise de même que les causes de la persistance de la décélération du crédit bancaire. De la situation économique au contexte politique, qui pourrait impacter la confiance des opérateurs, rien ne sera laissé au hasard.  

Potentiel de croissance
C’est un avis que partagent plusieurs analyses, notamment le FMI, le secteur bancaire marocain «demeure solide et résistant aux chocs économiques défavorables». Même si  la hausse des prêts non performants et les risques de concentration de crédits exigent une surveillance continue, la rentabilité des banques est stable. Les prêts improductifs ont certes augmenté mais ils sont suffisamment provisionnés, comme l’ont constaté les experts de l’institution financière à l’issue de leur mission d’évaluation de la situation économique du pays. Les ratios de suffisance du capital du secteur bancaire, par exemple, se sont élevés à 13,8% en juin 2015, bien au-dessus de la condition de Bâle III. C’est du reste ce qui a valu à la BAM le satisfecit des administrateurs du FMI. Ces derniers ont presque tressé des lauriers à son gouverneur pour les efforts de la Banque centrale destinés à renforcer le cadre réglementaire et les règles de surveillance financière, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle loi bancaire. L’avenir s’annonce donc prometteur pour le secteur à condition que les nouvelles mesures envisagées permettent de faire redécoller la dynamique de croissance. C’est en effet l’un des derniers bastions où les banques marocaines disposent encore de certaines marges de manœuvre pour mieux participer et activement à la croissance et à la création d’emplois.



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