Éco-Business

Au cœur du business des “croque-morts”

Les sociétés proposent des prestations qui peuvent aller jusqu’à 3.000 DH pour les musulmans et 10.000 DH pour les non-musulmans. Le «business modèle» est basé sur des contrats avec les compagnies d’assurance et les conseils de la ville.

Il y a des métiers indéfiniment liés à la morbidité. Celui des pompes funèbres en fait sûrement partie. Mais comme la nature, le marché a horreur du vide. Tout un business s’est construit autour de la mort et du deuil, loin des clichés du croque-mort des vieilles bandes-dessinées de Morris et Goscinny. C’est en effet à des sociétés structurées qui présentent des prestations détaillées auxquelles on a affaire. «Nous avons bien entendu des prestations différentes pour les musulmans et les non-musulmans», nous assure ce cadre de la Compagnie marocaine des pompes funèbres à Casablanca. Pour les premiers, l’entreprise se charge de la réception, du transfert et de l’inhumation, «nous procédons avec rapidité et promptitude à la constitution du dossier en rassemblant les pièces nécessaires et en procédant aux démarches administratives», une prestation qui comprend la «toilette rituelle dans les conditions fondamentales du rite musulman».

Les sociétés consultées à ce titre facturent ce «pack» entre 2.500 et 3.000 DH, qui sont généralement pris en charge par les assurances complémentaires privées. En cas de décès à l’étranger, pour toutes les arrivées de corps de défunts assurés ou même de particuliers, les sociétés procèdent à toutes les démarches pour la sortie du corps et l’acheminement de la dépouille vers son lieu d’inhumation ou au domicile et ceci dans les aéroports du Maroc. Un service facturé à 3.000 DH. Pour les non-musulmans, principalement chrétiens, les devis sont plus corsés et varient entre une fourchette de 7.500 à 10.000 DH. «L’inhumation dans les cimetières chrétiens impliquent un rituel particulier et des démarches administratives coûteuses», explique-t-on du côté de l’Association marocaine des sociétés de pompes funèbres. Il faut en effet une procuration et éventuellement les pièces afférentes, une autorisation d’inhumation, la fourniture du cercueil selon le choix de la famille, la mise en bière (l’opération qu’effectuent les pompes funèbres en plaçant le corps d’un défunt dans sa bière, c’est-à-dire son cercueil, avant sa fermeture puis la levée du corps), le PV de fermeture du cercueil, l’obtention du permis d’inhumer, les actes de décès, l’achat de concessions en cas de besoin, la construction d’un caveau, la fourniture de la pierre tombale.

Pour cette catégorie, une inhumation peut être effectuée en pleine terre ou dans un caveau (structure en béton qui évite le contact de la terre avec le cercueil). Toute personne bénéficiant d’une concession de famille peut y être inhumée, quel que soit son domicile ou le lieu de son décès. Les entreprises proposent d’accueillir les familles, de réaliser les démarches administratives, de personnaliser la cérémonie funéraire (voiture, porteurs, maître de cérémonie). Elles déclinent également un choix de cercueils (large gamme de cercueils agréés pour le transport aérien) et de fleurs artificielles et naturelles. Pour les exhumations, les sociétés dépêchent une équipe spécialisée afin de s’occuper de l’exhumation, de la mise en bière – parfois avec fourniture de cercueils réduits – et de la ré-inhumation des restes mortels. En cas de transfert à l’étranger, elles se chargent de l’organisation du transfert. La Compagnie marocaine des pompes funèbres basée à Casablanca, offre une «assistance funéraire spécifique par l’organisation des différentes phases d’un rapatriement de corps : Obsèques, transcription du décès auprès du consulat, obtention des actes de décès pour la succession auprès du consulat et des autorités marocaines, relation avec les proches du défunt au Maroc et à l’étranger, prise en charge par un conseiller tout au long des différentes étapes du rapatriement. Coordination entre les différents intervenants (assistance, assurance, famille, ambassade, consulat, etc)». Des services complémentaires sont également proposés : rapatriement des effets personnels, réservation de billet(s), réservation d’hôtels, de taxis, etc. Il faut cependant signaler que le «business modèle» de ce genre de sociétés est plus basé sur des contrats avec les compagnies d’assurances et les conseils de la ville qu’avec les particuliers, ces derniers ne représentent en effet qu’entre 15 et 25% de leurs «chiffres d’affaires». Néanmoins, avec les mairies, les rapports ne sont pas de tout repos. Ces dernières se doivent en effet d’établir des appels d’offre, mais dans la pratique, elles se chargent elles-mêmes du transfert et de l’inhumation des corps, notamment dans les quartiers de la périphérie. Un état de fait considéré comme une «concurrence déloyale» par les sociétés de pompes funèbres.


La gestion «quotidienne» du deuil

Être en contact de manière répétée avec des personnes en deuil est une tâche difficile, notamment pour le personnel des pompes funèbres. Les «agents» qui prennent en charge quotidiennement les familles des défunts vivent difficilement leur métier. «Disons-le clairement, aucun enfant ne rêve de travailler dans une entreprise funéraire, il s’agit d’un emploi purement alimentaire», avoue un agent casablancais. Ainsi, si certains appliquent, volontairement ou non, le principe de «distance nécessaire» qu’utilisent les médecins et les soignants afin de ne pas être affectés par la perte d’un patient, d’autres se font difficilement à leur tâche et montrent des signes de dépression. «Certains de mes collègues sont même devenus très religieux, se donnent ainsi une mission communautaire et se chargent de soutenir psychologiquement les familles en priant avec eux et en récitant du Coran».


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