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Assurances : le Maroc dans la mouvance d’une transformation mondiale

Porté par une croissance des primes et une amélioration de la rentabilité, le secteur marocain des assurances s’inscrit dans une dynamique globale marquée par des bouleversements économiques, technologiques et climatiques. À la lumière du rapport McKinsey 2025, les défis structurels locaux prennent une résonance particulière, dans un contexte international en quête de pertinence et de développement.

Dans un environnement économique incertain, le secteur marocain des assurances démontre une certaine résilience avec une progression de 4,8% des primes émises à fin septembre 2024. Si cette croissance reflète un marché en mouvement, elle s’accompagne de disparités internes et d’un besoin accru d’adaptation face aux tendances mondiales.

Le rapport McKinsey 2025 souligne ces enjeux en mettant en exergue les écarts de pertinence entre les économies émergentes et matures, tout en identifiant des opportunités liées à l’évolution technologique et aux transformations climatiques.

Dynamique contrastée
Avec un résultat net de 3,1 milliards de dirhams (MMDH) à la fin du premier semestre 2024, le secteur des assurances marocain affiche une amélioration de 3%, portée par un rebond du solde financier. Cependant, cette progression globale masque des réalités contrastées. Alors que les assureurs directs ont enregistré une hausse notable de leurs résultats (+8%), le réassureur exclusif a subi une forte baisse de près de 60%.

Par ailleurs, les fonds propres du secteur ont reculé légèrement à 47 MMDH, soulignant une érosion de l’assise financière, dans un contexte marqué par l’incertitude économique. Ces performances s’inscrivent dans un cadre régional où la pertinence des assurances reste limitée.

Le rapport McKinsey souligne que dans la région MENA, incluant le Maroc, les primes d’assurance représentent moins de 0,5% du PIB dans la plupart des économies. Ce niveau, bien en deçà des standards des marchés développés, reflète des défis structurels liés à l’éducation financière, à l’accessibilité des produits et à la capacité d’innovation des acteurs locaux. Dans un secteur marqué par une quête de pertinence, le Maroc illustre à la fois les défis des marchés émergents et les potentialités offertes par les transformations mondiales.

Le rapport McKinsey met en évidence l’écart croissant entre les économies matures et émergentes en termes de couverture des risques, les premières représentant 1,5 % du PIB en primes d’assurance contre seulement 0,5 % pour les secondes.

Cette réalité, observable au Maroc, traduit une nécessité pour les acteurs locaux de renforcer leur présence sur des segments porteurs tout en s’alignant sur les meilleures pratiques internationales. L’importance des catastrophes naturelles, par exemple, constitue un défi crucial. Le Maroc, exposé aux risques climatiques, pourrait bénéficier de modèles combinant approches publiques et privées pour réduire le fossé de protection.

À l’échelle mondiale, près de 70% des pertes liées aux catastrophes naturelles, entre 2016 et 2023, sont restées non couvertes, une statistique révélatrice des limites actuelles du marché. Cette situation appelle une refonte des approches d’évaluation et de gestion des risques, ainsi qu’une adaptation des produits pour répondre aux besoins spécifiques des différentes régions.

Des opportunités pour un marché en mutation
Malgré ces défis, le rapport McKinsey identifie des leviers de croissance pour les économies émergentes. Dans des marchés comme le Maroc, où les primes restent encore faibles par rapport au PIB, des opportunités existent pour accroître la pertinence des assurances à travers une diversification des produits, notamment dans les branches Non-Vie comme l’automobile, qui a généré 11,83 MMDH de primes en 2024.

Par ailleurs, l’introduction de technologies comme l’intelligence artificielle offre des perspectives de transformation de la chaîne de valeur, de la souscription à la gestion des sinistres.

Enfin, les évolutions démographiques et économiques pourraient jouer en faveur du Royaume. L’augmentation de l’espérance de vie et l’accroissement du revenu disponible, bien que progressifs, offrent des bases solides pour développer des produits adaptés, notamment en assurance Vie. En s’inspirant des pratiques des marchés plus avancés, les compagnies marocaines pourraient accélérer leur transformation et s’aligner sur les standards globaux de performance et de pertinence.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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