Artisanat : Le tapis marocain bute à l’export

La stratégie de l’artisanat engrange de très bons résultats. L’heure est aujourd’hui au bilan. Le tapis, produit très prisé, nécessite un recadrage. Les grandes entreprises choisies par le ministère de l’Artisanat, qui ont pour but de réaliser 100 à 200 MDH de chiffre d’affaires, ne suffisent pas. Le marché est demandeur, mais la main-d’œuvre manque.
«Depuis quatre ans, le secteur du tapis marocain est comateux!», s’alarme ce producteur basé à Casablanca. La situation est-elle si compliquée pour ce must de la maison marocaine? Hassan Elabbassi, directeur général de Abbassi Tapis, entreprise de tapis artisanaux basée à Salé, se montre optimiste. «Le tapis artisanal marocain est nécessaire à la maison. C’est un tapis noué main. Son prix est situé entre 600 et 2.500 DH/m² et il trouve preneur», déclare Elabbassi. Outre ses clients particuliers, les bazaristes et les maisons de décoration, ce professionnel fournit les grands comptes à savoir les mosquées et palais. Pour lui, l’export est aussi très prometteur pour le tapis marocain.
Le tapis marocain a la cote
Si le marché local représente 60% du chiffre d’affaires de l’entreprise slaouie, le marché à l’export complète les 100%. «On peut vendre 6.000 m²/mois de tapis, ce qui correspond à un conteneur entier vers l’étranger. À titre d’exemple, à Demotex, la Bourse mondiale du tapis tenue en Allemagne, le tapis marocain Beni Ouarain a obtenu le 2e prix du meilleur tapis au niveau mondial. Aujourd’hui, ses motifs sont très à la mode. Les Allemands sont prêts à acheter toute la production que vous pouvez leur fournir, d’autant plus qu’ils revendent les tapis dans les autres pays d’Europe, aux USA et au Canada», explique Elabbassi. Cet expert nuance toutefois cet état de fait : «le problème réside dans le manque de main-d’œuvre qui fait nous empêche de suivre le rythme des commandes». Pour cela, des centres de formation ont bel et bien été créés, mais il semble qu’ils ne séduisent pas encore beaucoup de jeunes. Outre la formation, l’État a essayé de créer des «mastodontes» de l’artisanat pour fournir les marchés à l’export. Appelés «acteurs de référence», ces entreprises ont pour but de réaliser un chiffre d’affaires allant de 100 à 200 MDH en 10 ans. Le contrat-programme prévoyait de faire émerger 15 à 20 acteurs de référence à l’horizon 2015 à condition de réaliser un potentiel significatif à l’export. Au titre de l’année 2011, ils étaient 9 acteurs de référence. Pour booster le tapis, le ministère de l’Artisanat a choisi deux opérateurs spécialisés dans ce créneau comme acteurs de référence, en l’occurrence Artco et Mocary.
Certaines entreprises préfèrent le marché local
Alami Mohamed Khalid, président de FEA (Fédération des entreprises d’artisanat) espère même étoffer le nombre d’acteurs de référence pour encore mieux contribuer à l’export. Néanmoins, les conditions doivent être remplies pour que le produit artisanal garde son authenticité et sa qualité très prisée dans le monde. Et ce, malgré l’orientation de plus en plus prise par certains opérateurs marocains vers des produits nécessitant plus de machinisation comme les tapis conçus au pistolet. Finalement, les artisans continuent à privilégier le marché local malgré l’appel des marchés à l’export occidentaux, sachant que le riche Moyen-Orient n’est pas très friand de tapis en général à cause de la chaleur suffocante qui y règne. Du coup, le marché local reste encore prometteur. «Je ne trouve pas d’égal au marché marocain. Il faut seulement sensibiliser le consommateur local au tapis marocain qui est injustement accusé de favoriser les allergies. Nous travaillons avec un cahier des charges. En outre, des ingénieurs de l’ESITH font très souvent prélever des échantillons de matière première pour contrôle et analyse de notre production afin de juger de sa qualité et de ses normes», lance Hassan Elabbassi. L’export attendra donc sa stratégie. En attendant, les entreprises marocaines se réjouissent de la floraison des mosquées et palais et de la progression de l’immobilier de luxe, friands de ce produit.
Benkirane s’attelle à la stratégie de l’artisanat
La réunion du comité de pilotage de la Vision 2015 pour le développement de l’artisanat tenue mercredi dernier en présence de Abdelilah Benkirane a été consacrée à la présentation du bilan de cette vision et du deuxième plan en voie d’élaboration pour les cinq années à venir. Ainsi, le chef du gouvernement préconise une recherche de solutions aux problématiques à travers une nouvelle stratégie pour le secteur soulignant au même moment que la première a eu des résultats très positifs. L’artisanat a en effet généré un chiffre d’affaires, à fin 2014, estimé à 21,8 MMDH, mais nécessite une stratégie plus affinée, notamment en termes d’exportation, pour un produit très compétitif à l’export comme le tapis marocain.