Paiements transfrontaliers : Bank Al-Maghrib rejoint le réseau PAPSS

En rejoignant le Système panafricain de paiement et de règlement, Bank Al-Maghrib acte l’entrée du Maroc dans une infrastructure financière clé pour l’intégration économique africaine. Cette adhésion marque une avancée stratégique dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine, en facilitant les transactions en monnaies locales et en réduisant les coûts des échanges intra-africains.
Le Maroc franchit un nouveau cap dans son intégration économique au continent africain. Bank Al-Maghrib (BAM) a officiellement signé son adhésion au Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), devenant ainsi la 17e banque centrale à rejoindre ce mécanisme mis en place pour soutenir la dynamique de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Développé par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), en partenariat avec l’Union africaine et le secrétariat de la ZLECAf, le PAPSS permet de réaliser des paiements transfrontaliers en temps réel, de manière sécurisée, économique et en monnaies locales. En se joignant à ce dispositif, BAM participe à une transformation structurelle du système financier continental, qui vise à réduire la dépendance aux devises étrangères, principalement l’euro et le dollar, dans les transactions intra-africaines.
«L’entrée du Maroc dans le réseau témoigne de la confiance grandissante dans le PAPSS comme réponse concrète aux défis de règlement transfrontalier sur le continent. Nous nous rapprochons chaque jour davantage d’un marché africain intégré, capable de réduire les coûts de transaction et d’accélérer la circulation des capitaux», a déclaré Mike Ogbalu III, directeur général du PAPSS.
Vers un marché financier africain intégré
Avec cette nouvelle adhésion, le PAPSS regroupe désormais 17 pays, plus de 150 banques commerciales et 14 opérateurs de compensation. Son expansion est étroitement liée à la montée en puissance de la ZLECAf, considérée comme l’un des projets les plus ambitieux de l’Union africaine. Mise en œuvre depuis janvier 2021, la ZLECAf vise à unifier un marché de 1,4 milliard d’habitants en supprimant progressivement les droits de douane et les barrières non tarifaires. Si sa mise en œuvre opérationnelle reste progressive, son potentiel est immense.
Selon la Commission économique pour l’Afrique, la zone pourrait accroître le commerce intra-africain de 52% à l’horizon 2035. Dans ce contexte, la capacité à assurer des règlements efficaces et peu coûteux devient un levier stratégique. le PAPSS répond à cet enjeu en proposant trois solutions : un système de paiement instantané, une place de marché dédiée aux devises africaines et une carte de paiement continentale baptisée PAPSSCARD.
Lancée officiellement à Accra, au Ghana, en janvier 2022, cette infrastructure marque une étape clé dans la construction d’un écosystème financier africain autonome et interconnecté. Pour le Maroc, cette adhésion vient renforcer un positionnement assumé, celui d’un acteur pivot de l’intégration économique africaine, déjà engagé sur plusieurs fronts (bancaire, logistique, ou encore diplomatique).
La participation au PAPSS pourrait également offrir de nouvelles perspectives aux entreprises marocaines souhaitant exporter vers l’Afrique subsaharienne, et ce, en leur offrant des canaux de paiement plus rapides, moins coûteux et libérés des contraintes de change traditionnelles.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO