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AMO des étudiants : Une année blanche !

L’élargissement de la Couverture médicale de base aux étudiants n’a pas connu un engouement auprès de cette population. Bilan d’étape.

«J’ai appris pour l’AMO des étudiants mais je ne savais pas comment procéder à l’inscription. Ni la date de démarrage de l’inscription, ni les informations sur l’inscription nous ont été communiqués», témoigne un étudiant en philosophie à la Faculté de Ben Msik de l’Université Hassan II de Casablanca. C’est le sentiment de plusieurs étudiants contacté par Les Inspirations Eco. Entre manque d’implication des établissements universitaires publics et la lourdeur des procédures, l’AMO de base des étudiants lancé en janvier 2016 s’achemine vers une année blanche.

10% de l’objectif
L’AMO des étudiants visait un objectif de 288 000 affiliés composés d’étudiants marocains et étrangers dans les universités publiques, les stagiaires de la formation professionnelle publique. Le secteur privé est également concerné par cette couverture, les étudiants des établissements de l’enseignement supérieur et de formation professionnelle privée ont été conviés à s’inscrire sur un site dédié à cette opération, mis en place par l’ANAM. Six mois après son lancement, seuls 29 364 étudiants bénéficient d’une couverture médicale, soit 10% de l’objectif initial. Sur ce nombre, 96% des immatriculés sont issus de la formation professionnelle publique. Parmi les étudiants inscrits, on compte 28 étudiants étrangers. Actuellement, le nombre de dossiers de remboursement est dérisoire, il est de 30 dossiers. L’Office de formation professionnelle de la promotion du travail (OFPPT) a réussi, relativement, à inscrire ses stagiaires. Pour leurs parts, les universités publiques n’arrivent pas toujours à enrôler ses étudiants dans ce nouveau processus.

Une révision de la procédure
Le très faible taux d’inscription des étudiants laisse le ministre de l’Enseignement supérieur songeur. «C’est une énigme. C’est dommage que les étudiants ne profitent pas de cette couverture médicale gratuite. Nous devons multiplier les campagnes de sensibilisation auprès des étudiants», lâche Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur. La lourdeur des procédures a été également à l’origine de cette situation. «Nous allons revoir le décret d’application de cette couverture», annonce le ministre. Des réunions se tiennent entre la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS), organisme gestionnaire de cette couverture maladie et le département de l’Enseignement supérieur pour aboutir à une révision de ce décret. «Le nouveau décret devrait être prêt pour la rentrée prochaine», précise Daoudi.

L’obligation de légaliser la demande d’inscription devrait être supprimée. Au titre de l’année universitaire 2015-2016, un budget de 110 MDH a été mobilisé par le gouvernement. «Cette enveloppe budgétaire a été versée par le gouvernement», précise une source à la CNOPS. Ce budget couvre les frais pour les étudiants du public, les étudiants du privé sont tenus à payer leurs cotisations annuelles, comme le stipule l’article 11 de la loi 116-12 de l’AMO de base des étudiants.

L’élargissement de la couverture médicale aux étudiants est un pas important pour généraliser l’AMO à toute la population. Cette réforme a demandé l’implication des départements de l’Enseignement supérieur, de l’Éducation nationale, l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et le ministère de la santé. Sa préparation a demandé deux années de travail dans le cadre du Comité interministériel de pilotage de la réforme de la Couverture médicale de base (CMB), présidé par le Chef du gouvernement. Depuis décembre 2014, cette instance a décidé d’accélérer l’extension de la CMB aux étudiants et aux travailleurs indépendants. Notons enfin que le taux de la population marocaine bénéficiaire de la couverture médicale, est passé de 16% (avant 2005 date d’entrée en vigueur de l’AMO) à 64% actuellement et il est prévu qu’il atteigne les 95 % après l’entrée en vigueur du projet de loi 98- 15 relatif au régime de l’AMO des travailleurs indépendants.


 

Inscriptions, mode d’emploi
Trois plateformes électroniques d’immatriculation ont mises en place la CNOPS et l’ANAM pour faciliter l’inscription des étudiants. Le premier, réservé aux étudiants de l’enseignement supérieur privé et public (www.enssup.gov.ma), le deuxième, aux étudiants relevant de l’OFPPT (www.inscription-ofppt.ma) et le troisième dédié aux étudiants de la formation professionnelle privée et ceux de la formation professionnelle relevant des départements ministériels (cme.anam.ma).



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