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Agriculture : Les grands chantiers du PMV

Le Plan Maroc Vert a donné un véritable coup de boost au secteur agricole. Investissements, foncier, mobilisation des fonds, agrégation….Tour d’horizon des grands chantiers et de leurs bilans d’étape.

Agrégation
Une nouvelle impulsion
C’est l’un des axes majeurs du Plan Maroc Vert (PMV) qui a encore besoin d’un coup de boost. Après l’adoption de la loi sur l’agrégation, l’Agence pour le développement agricole (ADA) a élaboré les textes d’applications afin de donner une impulsion aux projets d’agrégation. Ces textes qui ont été publiés en juillet 2015 fixent les formes et les modalités d’approbation des projets d’agrégation agricole et de délivrance des attestations d’agrégation agricole ainsi que les montants, les taux, les plafonds et les modalités d’octroi des subventions accordées aux projets d’agrégation agricole. «Ils sont de nature à dépasser les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de ces projets», indique-t-on auprès du département de tutelle. Plusieurs actions ont suivi : l’intégration dans le système de soutien à l’agrégation de l’ensemble des 19 filières signataires des contrats-programmes ; la simplification des procédures d’approbation des projets d’agrégation ; l’adaptation des modèles d’agrégation à chaque filière et la révision des normes d’agrégation des filières ; l’organisation d’un roadshow au niveau de toutes les régions du royaume afin de sensibiliser les agriculteurs…

Climat
Persistance des aléas
De par sa situation géographique, le Maroc est caractérisé par un climat fortement contrasté avec un régime pluviométrique dominé par une forte irrégularité dans l’espace et dans le temps. Les projections climatiques établies par la Direction de la météorologie nationale prévoient une augmentation des températures moyennes estivales de l’ordre de 2°C à 6°C et une régression de 20% en moyenne des précipitations d’ici la fin du siècle. Cette situation expose le secteur agricole à des sécheresses récurrentes et à des hausses de températures entraînant de fortes instabilités des productions pratiquées dans les zones d’agriculture pluviale particulièrement pour les filières stratégiques (céréales, légumineuses, oléagineux, oliviers et autres). Dans ces conditions de sècheresse, même les filières irriguées stratégiques du pays sont affectées à cause des réductions des niveaux de remplissage des barrages, des aquifères et du réseau hydrographique.

Sécheresse
La contre-attaque du PMV
Pour faire face aux impacts de la sécheresse, des changements climatiques et des ressources hydriques, le PMV a adopté un ensemble de mesures. Il en est ainsi des programmes d’irrigation. Le PMV accorde en effet une place de choix à la maîtrise de l’eau et à sa rationalisation en tant que levier stratégique pour le développement de l’agriculture. Trois grands programmes structurants pour relever ce défi ont été adoptés : Programme national d’économie d’eau en irrigation (PNEEI) ; Programme d’extension de l’irrigation (PEI) à l’aval des barrages réalisés ou programmés et Promotion du partenariat public-privé pour le développement et la gestion de l’irrigation. Le PMV intervient aussi sur la reconversion de cultures sensibles au déficit hydrique par des espèces plus résilientes comme l’olivier, le palmier-dattier, l’arganier, le cactus, l’amandier, le figuier, le caroubier…. La superficie plantée en olivier dépasse actuellement 1 million d’hectares, 3 millions de palmiers dattiers seront plantés entre 2009 et 2020…À ces efforts s’ajoutent le développement du secteur de l’élevage notamment des espèces rustiques comme les caprins et les camelins et l’aménagement des parcours à travers leur mise en repos, la plantation d’arbustes et la régulation des flux des transhumants…

Assurance agricole
Couverture élargie
Afin d’atténuer l’impact des aléas climatiques sur le secteur agricole, l’État encourage les agriculteurs à adhérer au programme de l’assurance agricole subventionné par l’État. Ce programme offre 2 produits d’assurances aux agriculteurs. Primo, l’assurance multirisque climatique pour les céréales, les légumineuses et les oléagineux créée en 2011 pour les céréales et légumineuses et étendue depuis la campagne 2014-2015 aux oléagineux, ce qui a permis d’augmenter les superficies assurées de 327.000 ha en 2011-2012 à 1,08 million d’hectares en 2016. Secundo, l’assurance multirisque climatique pour l’arboriculture fruitière mise en place en 2014 qui permet d’assurer contre 6 aléas climatiques (le gel, la grêle, l’excès d’eau dans les champs agricoles, les températures élevées, les vents forts et le chergui). Ce programme visera à assurer une superficie annuelle de 50.000 Ha à l’arboriculture fruitière en 2020. En plus de ces actions structurelles pour remédier à la sécheresse et aux déficits des ressources hydriques, le programme sécheresse est une mesure conjoncturelle. Afin de réduire les effets climatiques constatés dans certaines régions, un programme de lutte contre les effets de la sécheresse a été lancé pour financer la distribution d’aliments de bétail et la création de points d’eau. À ce titre, en 2015, le montant accordé au financement du programme sécheresse, dans le cadre du FDA, est de près de 23 MDH.

Foncier
Facilitateur de l’investissement
Le foncier est l’un des grands obstacles que rencontrent les investisseurs. Afin de remédier à cette contrainte, plusieurs chantiers ont été ouverts. Il en est ainsi de l’opération de partenariat public-privé : cette opération vise à mettre à la disposition des investisseurs privés du foncier de taille suffisamment importante pour une durée de location relativement longue. À fin 2016, 111.000 ha ont été mis à la disposition des investisseurs qui ont réalisé des investissements de près de 14 MMDH constatés effectivement sur le terrain, soit 95% des investissements prévus. Aussi, en vue de dépasser la contrainte du morcellement des terres et d’améliorer le mode de conduite des petites exploitations, le modèle d’agrégation autour d’acteurs privés ou d’organisations professionnelles à forte capacité managériale a été adopté et mis en œuvre. Ce modèle constitue un partenariat gagnant-gagnant entre l’amont productif et l’aval commercial et industriel.

Investissement
Accélération en 2017
L’investissement dans le secteur agricole a connu un trend haussier durant la période allant de 2008 à 2016 en faveur, entre autres, des mesures incitatives ainsi que tout le travail fait pour la sécurisation de l’investissement, notamment à travers l’assurance. En effet, bénéficiant de 38% de l’effort d’investissement public au titre de la période 2008-2016, les aides accordées aux agriculteurs à travers le Fonds de développement agricole ciblent tous les agriculteurs et toutes les tailles d’exploitations.

Ainsi, la part des subventions accordées aux exploitations de moins de 10 Ha a augmenté de +26% entre 2010 et 2016 contre -12% pour les exploitations de 10 à 50 Ha sur la même période. En 2016, les exploitations de moins de 10 Ha ont bénéficié de 53% du total des aides accordées et 83% du nombre de dossiers de demande de subvention. Le nombre de dossiers cumulés de demandes de subvention déposés chez 56 guichets uniques (hors intensification animale) a atteint près de 100.000 dossiers entre 2012 et 2016, soit une moyenne de 20.000 dossiers déposés/an. Selon le département de tutelle, la dynamique de l’investissement peut être évaluée par la cadence de dépôt de dossiers de demande de subventions. Ainsi, hors intensification animale, il a été enregistré une moyenne hebdomadaire de dépôts des dossiers de 401 en 2014.

En 2015 et 2016 et malgré les conditions climatiques défavorables, ce rythme s’est stabilisé à 386 et 349 dossiers/semaine. L’année 2017 connaît une reprise conséquente des investissements comme en témoigne le rythme hebdomadaire des dépôts de dossiers de demande de subventions enregistrés durant le 1er trimestre, qui dépasse 384 dossiers/semaine et qui est en accroissement avec un rythme de 417 dossiers/semaine pour le mois de mars 2017. Cela représente une progression de +4% par rapport à 2014 et +19% par rapport à 2016.

Fonds
28,2 MMDH entre prêts et dons
Le Plan Maroc Vert a engendré et donné aux investisseurs et bailleurs de fonds plus de visibilité sur l’avenir de ce secteur, cela s’est traduit par un fort engagement de plusieurs partenaires financiers internationaux et nationaux (au nombre de 21) convaincus par le bien-fondé de la stratégie de développement du secteur agricole national : le Plan Maroc Vert. Ainsi, de nombreux accords ont été signés et d’autres sont en cours de préparation avec différents bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux avec des contributions totalisant 28,2 MMDH répartis entre 12,8 MMDH de dons soit 45,5% et 15,4 MMDH de prêts soit 54%. 


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