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Agriculture : la campagne agricole rattrapée par la sécheresse

Après un bon démarrage, la campagne agricole souffre d’un manque criant de précipitations. Le taux de remplissage des barrages agricoles chute à 26%, dans un contexte de course contre la montre pour doter le Royaume de stations de dessalement de l’eau de mer.

La campagne agricole en cours risque fort de connaître le même sort que celles des années précédentes. La sécheresse persiste et va probablement continuer d’avoir de très lourdes conséquences sur le secteur. Un seul indicateur de taille permet en effet d’en mesurer la situation critique : il s’agit du taux de remplissage des barrages agricoles, tombé à 26%.

En pleine période hivernale, ce chiffre inquiétant est annonciateur d’une nouvelle année de baisse de la production agricole, à l’heure où les prix des produits alimentaires continuent de flamber, notamment les fruits et légumes ainsi que les viandes rouges et blanches. Sauf miracle avec un rattrapage durant ce qu’il reste de la saison agricole, laquelle a déjà entamé sa seconde moitié, on peut dire que la sécheresse a encore lourdement impacté le secteur agricole.

Une situation qui n’est pas sans menacer les acquis du Plan Maroc Vert, sans parler de la naissance avortée de la stratégie Génération Green. Celle-ci n’a d’ailleurs jamais pu donner des fruits depuis son lancement, en raison d’une succession inédite d’années de sécheresse, dont on vit la septième d’affilée.

Disparités régionales
D’ailleurs, la situation est telle que le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari a, une nouvelle fois, été convoqué par les parlementaires pour faire le point sur la situation du secteur. Un secteur qui semble désormais davantage compter sur la mobilisation des ressources hydriques disponibles que sur les précipitations.

À cette occasion, le ministre a affirmé, lundi 20 janvier à la Chambre des représentants, que le volume des réserves des barrages à usage agricole se limite à environ 3,71 milliards de m³, soit un taux de remplissage de 26%. Et là aussi, il ne faut pas se faire d’illusion, c’est dans la partie nord du pays que se concentre la majeure quantité d’eau de retenues des barrages, contrairement à la plupart des autres régions. Il s’agit principalement des bassins du Sebou et du Loukkos, avec 70% des réserves.

À l’instar des années précédentes, le ministère de l’Agriculture se voit ainsi contraint de mettre en place une série de mesures visant à rationaliser l’utilisation de l’eau et à optimiser son exploitation pour sauver la campagne agricole en cours.

70% de taux d’avancement
La priorité est bien évidemment donnée à la consommation des ménages, en attendant que les usines de dessalement de l’eau de mer prennent le relais. L’objectif est de mobiliser plus de 1,7 milliard de m³ d’eau dessalée d’ici 2030, en vue d’assurer l’approvisionnement des villes côtières et d’atténuer la pression sur les ressources hydriques conventionnelles pour les consacrer à l’agriculture.

À ce jour, fait savoir Ahmed El Bouari, la station de dessalement de Dakhla, d’une capacité de 37 millions de m³ par an, est à un taux d’avancement des travaux d’environ 70%. Celle de Casablanca a une capacité de 300 millions de m³, dont 50 millions dédiés à l’irrigation.

Pour les autres stations prévues à travers le pays, l’objectif est de les réaliser avant 2030. Outre ces stations, le département de l’Agriculture indique que les projets d’interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou et Bouregreg ont permis de transférer plus de 580 millions de m³ d’eau par an. Quant à celui devant relier le barrage Oued El Makhazine à celui de Dar Khrofa, pour assurer un approvisionnement de 100 millions de m³ par an, il est en phase finale. Il devrait permettre d’irriguer une superficie estimée à 21.000 ha à Dar Khrofa.

Dessalement : les projets dans le pipe

Selon le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari, plusieurs autres stations de dessalement de l’eau de mer sont prévues à l’horizon 2030. Celle de la région de l’Oriental, avec une capacité de production de 300 millions de m³, vise à améliorer la qualité de l’eau potable et à fournir 160 millions de m³ pour l’irrigation.

Pour sa part, celle de Tanger, aura une capacité de 150 millions de m³. La future station de Rabat aura une capacité de 300 millions de m³. Idem pour Oum Er-Rbia et Tensift, qui auront également une capacité de 300 millions de m³, destinés à l’irrigation.

Par ailleurs, rappelle le ministre, une nouvelle station est prévue à Souss-Massa, avec une capacité de 350 millions de m³, dont 250 millions dédiés à l’irrigation, en plus d’autres stations de taille moyenne à Boujdour, Tan-Tan et dans les régions avoisinantes.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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