Éco-Business

Activité touristique : Les opérateurs stressent

Les professionnels s’inquiètent des performances du secteur touristique pour l’année 2017. Le retard de la formation du nouveau gouvernement et du vote de Budget peuvent avoir de grandes répercussions sur l’activité. En attendant, les touristes nationaux et les MRE sauvent la mise.

2017 s’annonce charnière pour le tourisme national. Aujourd’hui, déjà, l’attentisme est à son comble chez les professionnels qui s’inquiètent des répercussions du retard de la formation du gouvernement sur leur activité. Le prochain Conseil d’administration de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), qui se tient généralement avant la fin de l’année, devra statuer sur l’avenir de ce secteur en pleine mutation. Le Conseil a jusqu’ici opté pour une stratégie de continuité avec un budget maintenu à 600 MDH en 2016 pour un taux de croissance prévisionnel des arrivées de 1,4%. «Même l’alternative proposée d’augmenter le budget à 805 MDH pour un taux de croissance des arrivées prévisionnel de 3% n’est pas suffisante pour relancer le secteur», déplore-t-on auprès de Confédération nationale du tourisme (CNT).

Pour la profession, tout retard sur le déblocage des budgets risque d’être fatal pour l’activité au début de l’année. «Les premiers salons démarrent généralement vers janvier. Nous devons mettre toutes les chances de notre côté en misant sur une stratégie de promotion plus agressive, ce qui suppose des budgets plus importants», précise un professionnel à Marrakech. Le choc attendu pour l’année 2016 aura finalement été contenu, grâce à la dynamique du tourisme national, mais aussi à l’effort de diversification des marchés cibles, les arrivées des MRE et l’effet positif de la COP 22 qui aura sauvé la mise pour cette fin d’année. «Nous avons eu la chance d’accueillir ce grand événement dans la cité ocre, ce qui a permis de dynamiser la destination durant un mois de novembre généralement calme», affirme un responsable au sein de la CNT. Les taux de remplissage auraient frôlé les 80%, si l’on en croit nos sources, avec pas moins de 30.000 réservations en chambre single, ce qui est une performance exceptionnelle pour la région. «Malheureusement, nous n’avons pas su tirer profit de cet événement planétaire pour promouvoir la destination dans nos marchés cibles», regrette Abdellatif Kabbaj, président de la CNT. Et pour cause, le Maroc souffre encore de la comparaison avec les autres pays du Maghreb et ce, malgré les efforts de promotion en vue de rassurer les touristes étrangers sur la stabilité et la sécurité du pays. «Nous sommes encore loin des objectifs de 65% en termes de taux d’occupation à Marrakech malgré quatre mois excellents: avril, août, septembre et novembre», estime Abdellatif Abouricha, du CRT de Marrakech.

Selon les derniers chiffres de l’Observatoire du tourisme, le nombre des touristes étrangers aurait diminué de 3,6% à fin septembre, confirmant les difficultés que connaît la destination sur ses marchés traditionnels européens. Les arrivées des touristes en provenance du Royaume-Uni, d’Allemagne et de France ont accusé des baisses de 7%, 3% et 2% respectivement, précise l’observatoire, notant de légères hausses auprès des touristes en provenance de Hollande, de Belgique et d’Espagne progressant de 2%, 1% et 1%. Dans ce contexte, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont pu stabiliser, un tant soit peu, le nombre d’arrivées touristiques grâce à une hausse de 3,8% à fin septembre.

À en croire la CNT, nombreux sont les professionnels qui ont dû brader les prix des nuitées en vue d’attirer des touristes nationaux et des MRE. C’est le cas en particulier à Agadir et Marrakech, qui ont finalement pu maintenir des taux d’occupation similaires à ceux de l’année 2015. La crise en Europe, notamment les incertitudes liées au contexte politique dans plusieurs pays du Vieux continent, aurait fini de dissuader plusieurs touristes de franchir le pas. «La stabilité des marchés émetteurs est une donnée capitale que nous devons prendre en considération dans nos prévisions», commente Abouricha. À ce titre, beaucoup d’incertitudes continuent de planer autour de l’activité en cette fin d’année. «Tout le monde attend la semaine du 26 décembre, correspondant à la période de Noël, pour avoir de la visibilité», explique ce même professionnel. Les touristes préfèrent réserver à la dernière minute, ce qui n’est pas de nature à accorder de la visibilité aux opérateurs. «À ce jour, le taux de remplissage pour les vacances de fin d’année se situe aux alentours de 20 à 25%», affirme cet autre membre de la CNT.  


Diversification
Le royaume travaille à la diversification de ses marchés émetteurs en ciblant de plus en plus des pays asiatiques ou encore des pays d’Europe de l’Est. L’objectif est de récupérer des parts de marchés dans les relais de croissance tels que la Russie, la Pologne et la Scandinavie. Un intérêt particulier est également accordé aux marchés allemand et britannique, qui a démontré une bonne capacité de résilience durant ces dernières années. En 2016, le royaume s’est également ouvert au marché chinois grâce notamment à la suppression des visas. Ainsi, à fin septembre dernier, les marchés russes et chinois ont affiché des hausses à 3 chiffres (+102% pour la Russie et +184% pour la Chine). «Un effort supplémentaire doit être fourni envers le marché chinois, notamment sur le plan de l’aérien, en intégrant des lignes directes permettant aux touristes chinois de réduire le temps de vol», explique Kabbaj, estimant que la priorité devrait être accordée aux marchés allemand, scandinave et britannique, qui expriment un réel intérêt pour les principales destinations touristiques marocaines.



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