Accord de pêche, PMV, développement : Akhannouch dit tout
Il y a quelques jours, Aziz Akhannouch a été l’invité de l’émission Confidences de presse à 2M. À bâtons rompus, le ministre de l’Agriculture et président du RNI a livré le fond de sa pensée à propos de sujets aussi sensibles que l’accord de pêche, le Plan Maroc Vert, le modèle de développement du pays et la position du parti de la colombe au sein de la majorité gouvernementale.
Il y a quelques jours, Aziz Akhannouch a été l’invité de l’émission Confidences de presse à 2M. À bâtons rompus, le ministre de l’Agriculture et président du RNI a livré le fond de sa pensée à propos de sujets aussi sensibles que l’accord de pêche, le Plan Maroc Vert, le modèle de développement du pays et la position du parti de la colombe au sein de la majorité gouvernementale. Le RNI, qui a eu des résultats peu satisfaisants (37 sièges) aux dernières législatives, compte aujourd’hui se reprendre en main à travers un contact permanent avec la population dans les régions. Il a aussi ouvert la liste des accréditations pour une bonne préparation aux prochaines élections. Une décision qui, selon Akhannouch, n’est nullement dictée par les supputations qui circulent au sujet d’élections anticipées. Il n’a pas manqué non plus de souligner que les relations avec le chef du gouvernement sont bonnes, mais que certaines sorties (allusion faite à Abdelilah Benkirane) perturbent l’harmonie gouvernementale dans la mesure où elles émanent de la majorité même.
Accord de pêche : la souveraineté, une ligne rouge
Le Maroc avait signé deux accords, le premier a trait à l’agriculture et la pêche et le second porte sur l’accès des bateaux de pêche communautaire aux eaux marocaines. Dans le protocole, il est expliqué clairement l’impact de l’accord économique sur les régions du sud. D’ici juillet prochain, date d’expiration de cet accord, des scénarios de déblocage, suite au verdict de la Cour de justice européenne, peuvent voir le jour notamment en insérant un avenant qui porte également sur l’intérêt pour les provinces du sud sans exclure aussi l’éventualité d’un dialogue avec la population à ce sujet. Ceci dit, la souveraineté du Maroc est une ligne rouge, quitte à annuler l’accord de pêche. Il faut savoir que ce dernier bénéficie d’abord à l’UE en échange d’une somme qui varie entre 40 et 50 millions de dollars par an et qui sont réinvestis principalement dans le secteur de la pêche. Le partenaire européen est également bénéficiaire des échanges avec le Maroc qui totalisent 35 milliards de dollars avec un déficit de 7 milliards de dollars en faveur de l’UE. Il faut aussi que les Européens prennent conscience des efforts consentis par le Maroc en matière de lutte contre l’immigration clandestine et en matière de sécurité régionale.
Agriculture : 5 millions d’hectares plantés
Avec les pluies tardives, la campagne agricole a été sauvée in extremis. Mais l’on parle déjà de 5 millions d’hectares plantés. Ce qui est une bonne performance. Pour ce qui est des céréales, le rendement sera meilleur que la moyenne quant à l’élevage, l’année sera excellente. Idem pour les arbres fruitiers et les agrumes qui promettent une bonne récolte. Le souhait, aujourd’hui, est que la neige puisse profiter aux barrages en augmentant leur niveau de 40 à 60%.
Plan Maroc Vert : la reconversion a donné ses fruits
Depuis son lancement en avril 2008, le Plan Maroc Vert a permis de restructurer le secteur agricole à travers la mise en place de 18 interprofessions parfaitement intégrées dans la chaîne des valeurs. La productivité agricole a depuis augmenté de 60, 70, voire 80% pour certaines filières avec une bonne performance pour l’olivier, les agrumes, l’arboriculture et les céréales. De 2008 à aujourd’hui, le PIB agricole a augmenté de 75 MMDH à 120 MMDH. La reconversion des petits agriculteurs de la culture céréalière à l’arboriculture a permis de multiplier leurs revenus par huit. On est passé de 500.000 quintaux de semences en 2008 à 2 millions aujourd’hui, dans un temps où la mécanisation s’est développée de 60%. Pour ce qui est de la sécurité alimentaire, ce n’est pas un objectif en soi, dans la mesure où d’autres pays font mieux en production céréalière. L’essentiel est de permettre aux agriculteurs de gagner plus tout en assurant nos besoins dans d’autres produits agricoles comme les légumes, les fruits, les viandes, le lait, etc.
Fonds de développement rural : 3,8 MMDH par an
C’est un fonds qui a suscité un débat lors du passage du rôle d’ordonnateur du chef du gouvernement au ministre de l’Agriculture. Pour plus d’efficacité et de réactivité, il était normal que le changement ait lieu. Avant, les dossiers prenaient trop de temps pour être traités et les paiements au profit de la population cible n’arrivaient qu’en décembre. Il a fallu aussi expliquer que l’octroi des aides dans le cadre de ce fonds suivait un processus au niveau local ou les sous-ordonnateurs, notamment les walis, connaissent bien la réalité et les besoins sur le terrain.
Modèle de développement : une vision et non un programme électoral
C’est un projet qui privilégie trois secteurs prioritaires, à savoir la santé, l’éducation et l’emploi. Il est le résultat d’un sondage auprès de la population et des militants du parti. Il n’est nullement un programme électoral pour un supposé scrutin anticipé. Le parti est dans la majorité avec la volonté de travailler jusqu’au bout du mandat en faisant profiter ses propositions aux autres ministères. Si rien n’est fait aujourd’hui, le taux de chômage risque de grimper encore de 10 à 13%. Dans ce cadre, la proposition du parti, de pourvoir des postes d’emploi à 2 millions de personnes en 2025, permettra d’arriver à un taux de 7%. Le parti table ainsi sur les services principalement dans ces nouvelles villes de 100.000 ou 200.000 habitants qui en ont besoin. Il faut aussi un établissement de formation national susceptible de profiter à un million de jeunes qui se trouvent aujourd’hui sans formation ni emploi. L’école communale avec un transport dédié, combinée à la généralisation du préscolaire, sont la panacée pour lutter contre la déperdition scolaire et, partant, le chômage sans qualification. Le parti prône aussi la mise en place d’une faculté d’éducation au profit des futurs enseignants tout en améliorant leur situation matérielle et de travail.