Accord agricole : La Commission européenne tranche

Le comité mixte des producteurs européens de tomates a appelé la CE à intervenir pour revoir la méthode de calcul du prix d’entrée des exportations nationales et une application de la sentence du Tribunal européen.
Nouveau revers pour le lobby espagnol. Après leur dernier coup de gueule dénonçant la «préoccupante situation du marché de la tomate» à cause des exportations marocaines, la Commission européenne (CE) a remis les pendules à l’heure. «La CE n’envisage aucune révision du pacte agricole avec le Maroc», a tranché le commissaire en charge du dossier de l’agriculture, Phil Hogan. Interpellé au sujet des missives envoyées par le comité mixte franco-hispano-italien des producteurs de tomates, le haut responsable européen précise : «Nous n’avons pas prévu de revoir l’accord avec le Maroc, ni en ce qui concerne la tomate ni les autres produits». Le trio européen qui mène la guerre aux exportations marocaines de fruits et légumes s’est fait «remonter les bretelles» par l’Irlandais Hogan. Selon ce responsable, les statistiques des flux de marchandises brandies par le groupe de la tomate européenne, ne sont pas conformes à celles dont dispose l’Instance européenne.
Autrement dit, il n’y a pas de déséquilibre sur le marché communautaire, comme le prétendent les producteurs européens. Or, ce ne sont pas que les flux des exportations marocaines qui intéressent les producteurs européens, et espagnols en particulier. Dans la missive envoyée par les producteurs européens, ils demandent que la CE instaure un double système de calcul de la valeur des importations de tomates, l’un réservé à la tomate ronde et un autre pour la tomate-cerise. «La méthode actuelle ne permet pas le suivi adéquat du marché de la tomate européenne et entrave sa protection face aux importations désordonnées du Maroc». De son côté, le puissant syndicat agricole COAG a exhorté, fin janvier, le ministère espagnol de tutelle «d’agir d’une manière urgente face à la hausse des exportations marocaines de tomates et de courgettes».
Face à ces demandes récurrentes et lassantes de revoir les termes du protocole, le commissaire européen a souligné qu’il n’a jamais été question d’une révision automatique du protocole au bout de 5 ans, comme le prétendent les producteurs européens. De fait, le lobby espagnol épaulé par ses confrères européens, s’attendait à ce que le verdict du Tribunal européen sur l’accord agricole ralentisse le rythme des exportations marocaines. Déçus que la CE n’ait pris aucune mesure à l’encontre des exportations nationales, les producteurs exigent de la CE «une application rapide de la sentence». Et ce n’est pas du tout. Ceux-ci réclament que les produits agricoles en provenance des provinces du sud s’acquittent de droits de douane et d’un contrôle de l’origine de la tomate issue de cette région, à travers un étiquetage spécial.
De même, les producteurs européens se font du sang d’encre à cause non seulement de l’embargo russe aux produits européens mais aussi de celui touchant la production agricole turque. En effet, ils craignent que la production turque se déverse sur les étals européens après que la Russie ait fermé les frontières devant les exportations du pays des Ottomans.