Éco-Business

Abdeslam Ababou : « l’opération de Jet Contractors est une première sur le marché »

Abdeslam Ababou. Président de Red Med Finance

L’acteur national des BTP Jet Contractors, accompagné par Red Med Finance, a réussi à lever 200 MDH à travers une émission obligataire par appel public à l’épargne. Cette opération est une première sur le marché de la dette privée marocaine ; elle permettra d’ouvrir une nouvelle voie de financement aux PME et grandes entreprises.

Quel est l’intérêt de cette opération pour la banque d’affaires ?
L’intérêt premier de cette émission pour Red Med Finance découle de notre stratégie d’être présent dans le financement des entreprises marocaines via les marchés de capitaux. Il est à préciser que le besoin de financement de l’économie nationale de manière générale, et en particulier via les marchés de capitaux, va augmenter de manière très importante dans le contexte de crise actuel. Red Med Finance (RMF) est une banque d’affaires créée en 2004, spécialisée dans les opérations de haut de bilan, de conseil financier et de gestion d’actifs à travers sa filiale RedMedAsset Management. La composante banque d’affaires opère dans les activités de fusion-acquisition (M&A) au Maroc et ailleurs en Afrique, les opérations de financement via les marchés de capitaux (OPA/OPV, émissions obligataires) ainsi que dans le conseil stratégique et financier de PME et de grands groupes marocains et internationaux. La filiale de gestion d’actifs gère 9 fonds investis dans l’ensemble des classes d’actifs des marchés de capitaux. L’émission obligataire a été structurée et menée par Red Med Finance (conseil et coordinateur global), IRG Partners (co-conseil), la BCP (organisme placeur) et Mediafinance (domiciliataire des titres et centralisateur de l’opération) pour le compte de Jet Contrators.

En quoi est-elle innovante sur le marché de la dette privée au Maroc ?
Cette émission par appel public à l’épargne, réalisée sans sûretés, a incorporé un certain nombre d’engagements financiers et capitalistiques de l’émetteur et de ses actionnaires principaux ainsi que la mise en place d’un compte séquestre de remboursement. Une première sur le marché de la dette privée marocaine qui permettra d’ouvrir une nouvelle voie de financement aux PME et grandes entreprises marocaines.

Comment cette opération pourrait-elle permettre à d’autres PME de se financer sur le marché des capitaux ?
Les financements bancaires ou obligataires doivent généralement répondre à trois exigences des prêteurs: octroi de garanties et sûretés réelles, bonne appréciation des capacités de remboursement du prêt par l’exploitation de l’entreprise et, enfin, sécurisation des mécanismes de remboursement. Concernant cette émission, la mise en place de covenants financiers a permis de rassurer les investisseurs par rapport à la préservation des fondamentaux de l’entreprise sur l’horizon de l’émission obligataire. Aussi, des engagements capitalistiques des actionnaires principaux de Jet Contractors ont permis d’acter le capital confiance de ces derniers dans la bonne gouvernance et les perspectives de l’entreprise. Enfin, un compte séquestre de remboursement de l’émission obligataire a permis de rassurer les investisseurs par rapport au paiement de leurs coupons et du principal de l’émission tout en maintenant une discipline financière pour l’opérateur. Cette structuration a permis à Jet Contractors de bénéficier d’un financement de 200 MDH sur 7 ans à des taux attractifs dans un contexte particulièrement difficile, et ouvre la voie à d’autres PME et grandes entreprises marocaines pour se financer sur le marché de capitaux.

Comment évolue la situation du marché, à la lumière de la crise sanitaire ?
Les opérations de M&A (fusion-acquisition) au Maroc ont naturellement été affectées par la crise sanitaire et celle économique qui en a découlé. Dès le mois de mars, plusieurs opérations en cours ont été suspendues ou reportées. La situation sanitaire et le manque de visibilité sur son évolution et son niveau d’impact sur l’économie ont amené les parties à réfléchir à la suite à donner aux opérations de fusion-acquisition. Par ailleurs, plusieurs opérations qui étaient en cours d’exécution avant la crise sanitaire ont été suspendues ou reportées principalement du fait que les prix proposés ne reflétaient plus le juste prix des actifs sous-jacents. Il y a aussi eu un gel de plusieurs mois sur le lancement de nouvelles opérations, les acteurs ayant naturellement priorisé la gestion de cette situation de crise.

Quels sont vos pronostics pour l’avenir ?
En termes de perspectives, cette crise a mis l’accent sur la fragilité de notre économie qui souffre notamment d’un déficit de gouvernance et de financement (dette et capitaux propres). Aussi, la relance de notre économie nécessitera des regroupements et consolidations d’entreprises via des opérations M&A ainsi que l’accès à de nouvelles sources de financement via les marchés de capitaux en complément des financements conventionnels déjà largement utilisés. En résumé, il s’agit d’un contexte particulièrement difficile et complexe, mais avec des perspectives que nous espérons prometteuses pour nos métiers à partir de 2021. 

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco


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