Éco-Business

2000-2011 : La décennie perdue pour l’industrie

La Chine sera le nouveau moteur industriel du monde, selon la CNUCED. Le Maroc capitalise sur ce potentiel pour réduire le risque de désindustrialisation.

Les industries manufacturières au Maroc sont en perte de vitesse depuis trois décennies. Ce constat, la CNUCED (Conférence des nations unies sur le commerce et le développement) le rappelle dans son nouveau rapport sur les chaînes de valeur mondiales et le commerce Sud-Sud paru le 28 décembre. La contribution des industries manufacturière en termes de valeur ajoutée au PIB marocain a reculé à 16% au cours de la période 2000-2011, après avoir atteint 18,2% durant la décennie 1990-1999 et 18% entre 1980 et 1989. Cette situation s’explique par la tertiairisation des économies (voir
tableau) et la désindustrialisation précoce de l’économie marocaine.

Stagnation de l’offre exportable
Le Plan Émergence est venu redresser la barre en 2005. Or, ce plan sectoriel, dans sa première version (2005-2008) comme dans sa deuxième mouture (2009-2011), n’a pas réussi à stopper la décélération du secteur industriel dans la structure du PIB. La part de ces industries dans les exportations des biens et services a également reculé entre la décennie 1990-1999 et la décennie suivante, passant de 37,9% à 37% entre les deux périodes. Pour la décennie 1980-1989, la part de l’industrie dans les exportations était de 26,5%.

Au ministère de l’Industrie, on se veut plus nuancé. «Des réalisations notables ont été concrétisées. 110.000 emplois ont été créés dans l’industrie entre 2008 et 2011, les exportations du secteur se sont accrues de 22%. Les infrastructures ont connu une nette évolution, des leaders industriels mondiaux se sont implantés, accélérant en cela la cadence IDI qui ont connu une évolution, atteignant un taux moyen annuel de 23% depuis 2009», explique ce département. Comme le montre le rapport de la CNUCED, le Maroc fait du surplace sur la chaîne de valeur Sud-Sud. Ces échanges commerciaux ont connu une forte croissance durant les deux dernières décennies, particulièrement depuis 2001.

Cette croissance profite aux pays de l’Asie de l’Est -et plus particulièrement à la Chine- dont les parts des exportations manufacturières sont passées de 30,2% pour la période 1980-1989 à 81,7% pour la décennie 2000-2011. «La Chine joue un rôle pivot ces dernières années, comme hub pour assembler les intrants venant de plusieurs régions du monde», souligne la CNUCED. Cette situation a induit des échanges Sud-Sud à sens unique de l’Asie de l’Est vers le reste du monde, exception faite des matières premières. Deuxième spécificité du commerce Sud-Sud au cours des deux dernières décennies: la forte concentration sur des produits manufacturés, et, plus précisément dans un ou deux secteurs. La dépendance sur les marchés du Nord et des commandes des entreprises multinationales a été réduite au cours de la dernière décennie. Une performance possible grâce à la bonne tenue des exportations chinoises. Le Maroc table sur le fort potentiel de l’industrie de ce pays pour réussir son nouveau plan industriel.

La piste de l’industrie chinoise
Le Plan d’accélération industrielle 2014-2020 compte parmi ses chantiers le raffermissement du partenariat économique Maroc-Chine et l’attraction des investissements chinois vers le Maroc. Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique  place  le Maroc «en pole position pour un partenariat économique et industriel renforcé avec la Chine, à l’avant-garde de l’Afrique». Le 23 décembre dernier, une lettre d’intention portant sur le développement d’un partenariat avec le groupe chinois ISI Golden Age International Holding Co. Lt, a été signée à Rabat (cf:www.leseco.ma). Le groupe chinois veut accompagner l’implantation des sociétés chinoises au Maroc. Un fonds d’investissement dédié sera, à cet effet, mis en place par le groupe chinois, en vertu de ladite lettre d’intention.

Un mois auparavant, le Maroc accueillait le Forum sino-africain des entrepreneurs. Le choix de tisser des partenariats avec les capitaines d’industrie chinois fait suite aux constats du département de l’Industrie: «Il faut tirer profit des opportunités induites par les changements structurels en cours en Chine qui se caractérisent notamment par un recentrage stratégique sur la consommation domestique, à l’origine d’une hausse des salaires continue depuis 2010», explique le ministre de l’Industrie. Le salaire moyen en Chine a connu une croissance de 13%/an, induisant des externalisations d’emplois chinois dans le monde et de délocalisation d’une partie de la production industrielle chinoise. Un constat partagé par la CNUCED. «Pour le moyen et le long terme, la Chine a déjà commencé à établir des bases industrielles dans des pays africains sous la forme de zones économiques spéciales». La Fondation Carnegie pour la paix internationale a estimé qu’en 2009, seulement 29% des IDE chinois en Afrique sont allés au secteur minier, avec plus de la moitié destinée aux BTP, à la finance et à l’industrie.



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