La familiale dans tous ses états
Avec un peu moins de 3% du marché national de la voiture de tourisme, les berlines moyennes pèsent moins que d’autres segments, mais elles maintiennent le cap. Entre concurrence soutenue, renouvellement perpétuel et marché des flottes, leur avenir reste assuré.
Alors que le marché automobile national est en pleine croissance et qu’il est tiré en bonne partie par le succès que connaissent les citadines, les ludospaces et les SUV, un autre segment à la fois traditionnel et historiquement plébiscité au Maroc tient le coup et maintient son cap. Il s’agit des berlines dites moyennes ou appartenant au segment D ou M2 comme on les appelle en Europe. Énième appellation loin d’être usurpée, le suffixe de «familiales» sied tout aussi bien à ces berlines, qui ont le plus souvent une architecture tricorps et sont donc pourvues d’une vaste malle.
Un segment chamboulé et très bataillé
Dans ce giron opèrent une quinzaine de modèles qui figurent d’ailleurs dans la sélection présentée dans ce dossier. On y constate que les stars d’hier ne le sont plus aujourd’hui. Des japonaises comme la Honda Accord et la Toyota Avensis ont été poussées à la sortie par leurs rivales européennes. Parmi ces dernières, les françaises ont perdu du terrain, voire disparu du catalogue comme la Citroën C5. À l’inverse, les VW Passat et Ford Fusion dont les devancières bataillaient pour se vendre, sont actuellement en tête du segment. Explication : aux berlines tricolores, la clientèle marocaine préfère les modèles germaniques, forts d’une réputation plus flatteuse et d’un coût de plus en plus abordable. Cependant, la nouvelle Renault Talisman dont la commercialisation vient tout juste de débuter sur notre marché, s’annonce très prometteuse.
Du côté des labels coréens, la concurrence se fait en interne ! Les Hyundai i40 et Kia Optima semblent pâtir des deux SUV qui leur font concurrence, à savoir le Tucson et le Sportage. Dans le sous-segment des familiales haut de gamme, là encore, il y a du sport. La Mercedes Classe C a pris le dessus sur ses deux éternelles rivales, alors même que l’une vient d’être renouvelée (Audi A4), tandis que l’autre s’affiche à moins de 380.000 DH (BMW Série 3). Dans la même cour, la Jaguar XE réalise une belle percée et pointe déjà au pied du podium. L’an prochain, elle aura, à coup sûr, à batailler avec l’Alfa Romeo Giulia, une autre nouveauté lancée cette année et dont le premier stock a déjà été écoulé.
Un marché non négligeable
Cela étant, il faut savoir qu’au Maroc comme sur d’autres marchés (Europe, Amérique du Nord), la berline est depuis quelques années maintenant en perte de vitesse face à l’engouement effréné de la clientèle pour les SUV, 4×4 et autres crossovers. L’automobile haute sur pattes a clairement pris le dessus sur la berline, bien que cette dernière présente plus d’avantages (lire le focus ci-dessous). Malgré cela, le segment qui nous intéresse conserve tout de même une part de marché non négligeable. Ainsi, sur les 133.902 voitures particulières (VP) écoulées dans le royaume à fin novembre dernier, près de 3.000 appartiennent au segment des berlines moyennes.
À ce chiffre, il faudrait ajouter les ventes (non communiquées) de la Mazda 6, celles réalisées par la Volkswagen CC (645 unités) et celles de la BMW Série 4 Gran Coupé (186). On obtient alors un volume global qui correspond à près de 3% du marché VP. Si elle est largement inférieure aux 20% que réalisent chacun des segments des citadines, des ludospaces et des SUV, cette part de marché reste à la fois non négligeable et appelée à croître. Et pour cause, cette catégorie connaît, comme bien d’autres, un renouvellement tous azimuts de l’offre. En outre, les berlines moyennes ont pour véritable locomotive des ventes les flottes d’entreprises, qui sont le plus souvent sous-traitées aux loueurs longue durée. Bref, la berline familiale intéresse grand monde et a encore de beaux jours devant elle.
La berline familiale, un choix plus futé que le SUV
C’est peut être triste à dire, mais la berline fait moins craquer que son dérivé surélevé. Le constat est là et il se vérifie jusque dans les parkings souterrains des grandes entreprises et autres filiales de multinationales où les berlines statutaires ont laissé leur place aux SUV, insolents de tendance. Si ce constat se vérifie bien, il est pourtant loin d’être le plus opportun, tant les berlines regorgent d’atouts et de qualités.
D’abord, en termes de confort et de praticité, avec des habitacles plus spacieux et des coffres plus volumineux. De ce fait, elles sont clairement mieux taillées pour voyager en famille. Ensuite et dans ce même sillage qui s’opère souvent dans un contexte autoroutier, les berlines moyennes font non seulement preuve d’un comportement dynamique plus sécurisant, mais elles s’avèrent aussi et en cas d’accident, plus résistantes que les SUV, dont le sentiment de sécurité que procure la conduite surélevée n’est en fait qu’un leurre.
Les berlines l’emportent aussi à la pompe car au-delà de leurs silhouettes basses et affinées, elles sont réellement de plus en plus aérodynamiques. Résultat : face aux SUV et leur architecture haute, elles sont logiquement moins gourmandes en carburant. Enfin, autre avantage ayant trait au portefeuille, leur coût d’achat est en moyenne inférieur de 20% à celui d’un SUV offrant les mêmes prestations. Voilà pourquoi l’acheteur le plus averti a tout intérêt à exploiter le moindre excédent dans son budget alloué à l’achat ou à la location d’une voiture pour monter en gamme et aller du côté des familiales premium. Celles-ci apparaissent, dans ce contexte, comme une sorte de compromis intelligent, un achat futé, tant elles profitent à leur conducteur en termes d’image et de luxe perçus. Cela, bien des managers l’ont compris et préfèrent garder un profil bas, même au volant de leur voiture de fonction. Une façon de dire que la berline demeure l’automobile préférée des cadres et probablement pour longtemps encore.