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Trump à la Maison Blanche : Une bonne nouvelle pour le Maroc ?

Historiquement, le royaume a toujours été considéré comme un allié stratégique par les Républicains. L’élection haut la main de Donald Trump traduit un malaise profond chez les Américains, ceux-ci demandant à la fois changement et plus d’action que de paroles.

La victoire triomphante de Donald Trump aux présidentielles américaines, avec 278 grands électeurs contre seulement 218 pour Hillary Clinton, est porteuse de plus d’un message. Elle conforte toutes les  mouvances populistes et d’extrême droite qui grimpe en Europe. Marine Le Pen a été la première à féliciter le nouveau président, avant même les résultats définitifs. Les sondages en France la voient d’ores et déjà au second tour de l’élection présidentielle du 7 mai 2017. Même tendance en Allemagne, où le parti de droite populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), a le vent en poupe ces derniers temps. Dans les pays scandinaves, en Autriche ou aux Pays-Bas, les partis qui surfent sur la vague du mécontentement anti-migrants connaissent le même succès. Le tonitruant Geert Wilders, chef du parti d’extrême droite hollandais, jubilait, dans un tweet adressé à Trump: «Votre victoire est historique pour nous tous!».

Il faut dire aussi que le système politique américain a pris un coup de vieux. Les politiques purs et durs ne fédèrent plus, tandis que l’usure du pouvoir a beaucoup entamé l’image des démocrates face à une situation économique décevante. Pendant ce temps-là, une lame de fond portée par les mouvements populistes émergeait sur la base d’une doctrine nouvelle qui refuse le «politiquement correct», les «élites» politiques et financières et la mondialisation. Les Américains avaient besoin de cette coupure, ils l’ont violemment montré. «La société américaine dans sa majorité se porte mal à cause de la crise économique, l’immigration et le terrorisme. Résultat, un vote sanction qui traduit une volonté de changement», explique Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales. Le spécialiste estime aussi que la mobilisation dans le camp de Trump a été plus forte à la veille de l’élection, contrairement aux partisans d’Hillary qui croyaient un peu trop à une victoire facile. Moralité, il ne faut jamais se fier aux sondages qui donnaient Hillary vainqueure, devançant son rival de 4 à 6 points. En revanche, il faut constamment être à l’écoute des vibrations du peuple qui portent en elles des messages clairs. Quelles sont maintenant les implications de l’élection de Trump sur le Maroc, principalement le dossier du Sahara? D’abord, tout le monde sait que, traditionnellement, le parti républicain considère le Maroc comme un allié stratégique en Afrique et dans la région MENA. C’est un fait avéré, qui ne dépend pas de la personne du président. Il ne devrait donc pas y avoir de changement, mais peut-être même un soutien plus fort dans ce dossier, estime Kerdoudi.

En effet, sous Barack Obama, l’administration américaine a souvent provoqué l’ire des Marocains sur ce dossier sensible qui conditionne les relations diplomatiques du royaume avec le reste du monde. Avec les démocrates, la relation était fluctuante, à la limite du conflit. En atteste la tentative de l’administration américaine de greffer une commission de surveillance des droits de l’Homme au mandat de la Minurso en 2013. S’y ajoute le récent rapport du département d’État sur les droits de l’Homme qui a été intégralement par le Maroc. D’aucuns mettent en avant la méconnaissance de Trump du dossier du Sahara. Cependant, il ne faut pas oublier que le nouveau président sera entouré d’une armée de conseillers et de spécialistes qui le conseilleront et qui seront forcément issus du parti républicain.

Par ailleurs, la chose est confirmée: le Sénat, auquel incombe les questions de relations internationales, a pu conserver sa majorité républicaine à l’issue de l’élection du 8 novembre. Un bon point pour le Maroc. Certes, Donald Trump avait déclaré, durant sa campagne, qu’il révisera tous les accords de libre-échange liant son pays au reste du monde. Il avait même promis d’introduire de nouvelles taxes douanières sur les importations américaines de Chine. Il avait menacé de mettre fin à l’immigration des musulmans aux États-Unis avant de mettre un peu d’eau dans son vin. Mais la réalité est toute autre, lorsqu’on est confronté à l’exercice du pouvoir et à la gestion quotidienne des affaires publiques. S’ajoute à cela l’existence d’un réel équilibre entre les pouvoirs législatif et exécutif grâce au Sénat et à la Chambre des représentants qui ont leur mot à dire. Rappelons-nous le discours d’Obama au Caire sur la question palestinienne, qui n’avait pas pu être traduit dans les faits à cause du veto du Congrès. 


Souhait d’apaisement avec la Russie
Il y a aussi des points positifs pour les relations internationales américaines à l’aube de l’ère Trump. En témoigne l’empressement du président russe, Vladimir Poutine, de souligner que la Russie est prête à faire un pas vers les États-Unis pour restaurer les relations bilatérales. Un signal fort d’apaisement après une crise sans précédent, depuis la Guerre froide, entre les deux puissances. Même son de cloche auprès des Chinois. Le porte-parole de la diplomatie chinoise a exprimé le souhait de son pays de maintenir les efforts conjoints (avec le nouveau gouvernement américain) afin de contribuer à un développement durable, sain et stable des relations sino-américaines.


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