Réforme des retraites : Interminable dialogue de sourds !
Les syndicats ont décidé de monter au créneau pour faire valoir leurs revendications. Les partenaires sociaux refusent toujours le lancement du processus d’examen des textes sur la réforme des retraites au Parlement. Le président de la Chambre des conseillers est appelé à se prononcer cette semaine sur l’issue de ces projets de loi.
Les syndicats sont en colère, et ils le font savoir. Après une trêve de quelques semaines, les centrales syndicales ont décidé de fourbir leurs armes. L’UMT, l’UGTM, la CDT, la FDT (pôle Azzouzi) et le SNESUP ont accordé leurs violons. Ils comptent mobiliser leurs troupes en organisant des marches et appelant à des grèves en vue d’inciter le gouvernement à satisfaire leur cahier revendicatif toujours en suspens après les réunions marathon du dialogue social (www.leseco.ma). Les deux parties se rejettent la responsabilité du statut quo. Alors que le gouvernement estime que le dialogue est toujours ouvert, les syndicats ne semblent plus croire à ce processus, même s’ils se disent ouverts à continuer sur la voie des négociations tripartites. Deux dossiers constituent la pomme de discorde entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
Il s’agit de la cause fondamentale des syndicats ayant trait aux augmentations salariales et du dossier controversé de la réforme des retraites, auquel tient le gouvernement. L’Exécutif avait ouvert le dialogue social dans l’espoir de pouvoir faire avancer cet épineux dossier de la retraite au sein du Parlement, en vain. À l’issue de plusieurs réunions, c’est l’impasse ! D’ailleurs, les syndicats ne l’ont pas inscrit comme une priorité à l’ordre du jour du dialogue social. La question n’a pas encore été profondément discutée entre le gouvernement et les centrales syndicales pour pouvoir arriver à un compromis. «L’attitude du gouvernement est incompréhensible.
Alors que nous avons décidé de discuter le sujet dans le cadre du dialogue social, le gouvernement a insisté pour entamer le débat des projets de loi à la Chambre des conseillers», s’exclame le membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT), Khalid Houir Alami. Pour sa part, le gouvernement pointe du doigt le blocage des projets de loi de la réforme au sein de la chambre haute. Ces textes sont toujours au point mort, au sein de l’institution législative. Le président de la Commission des finances, Rehal El Mekkaoui, les a transférés, rappelons-le, au bureau de la chambre le vendredi 13 mai.
La conférence des présidents de la chambre a eu lieu la semaine dernière. Cependant, en l’absence du président de la Chambre des conseillers, qui était en mission à l’étranger, aucune décision n’a été prise. La balle est désormais dans le camp de Hakim Benchemmach pour activer l’examen de projets de loi portant sur la réforme des retraites qui ont été transférés à la Chambre des conseillers en janvier dernier. Le bureau de la chambre va-t-il les programmer en séance plénière ? Selon plusieurs parlementaires, tout reste possible. Les syndicats, qui essaient de gagner du temps, pourraient saisir la programmation des textes en séance plénière pour demander leur transfert encore une fois en commission. Mais pour atteindre cet objectif, les conseillers issus des syndicats doivent mobiliser les parlementaires de l’opposition pour les convaincre de voter en faveur de cette proposition. Or, l’opposition au sein de la Chambre des conseillers n’est pas homogène.
Le groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité dit soutenir les syndicats dans leur demande de report de l’examen de la réforme au Parlement. Toutefois, cette position ne garantit pas le vote de ce groupe en faveur de la position des syndicats. D’ailleurs, les parlementaires du PAM n’ont pas marqué leur présence lors de la réunion de la Commission des finances.
Quant au groupe du Parti de l’Istiqlal, qui comprend aussi des conseillers de l’UGTM, ses parlementaires sont divisés, à en croire une source interne. Certains conseillers du PI sont en faveur du lancement du processus d’examen des textes de la réforme des retraites, alors que d’autres soulignent la nécessité d’arriver à un compromis dans le cadre du dialogue social, avant de discuter les projets au sein de l’institution législative. Du côté du groupe socialiste, aucune position officielle n’est encore exprimée. Le représentant de ce groupe au sein de la Commission des finances n’est autre que Abdelhamid Fatihi, le secrétaire général de la FDT. Ce parlementaire ne s’est pas exprimé officiellement en faveur du retrait des textes du Parlement.
Les parlementaires des syndicats, notamment ceux de la CDT, comptent mener un plaidoyer auprès de l’opposition pour resserrer les rangs. Une réunion est programmée ce lundi entre la CDT, l’UMT et les groupes parlementaires du PAM et de l’USFP, à en croire une source syndicale au sein du Parlement. Les syndicats entendent profiter de l’occasion pour tâter le pouls des parlementaires de l’opposition. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour la réforme des retraites au Parlement. Si rien n’est fait au sein de la Chambre des conseillers, le gouvernement, qui est déterminé à mettre en œuvre cette réforme épineuse avant la fin de son mandat, peut retirer le texte et le confier à la Chambre des représentants où il détient la majorité numérique. Outre la réforme des retraites, d’autres dossiers se trouvent bloqués à cause du gel du dialogue social.
Il s’agit notamment du projet de loi organique sur le droit de grève. La commission technique du dialogue social avait décidé la création d’une commission tripartite pour discuter ce texte et arriver à un terrain d’entente avant la fin de ce mois. Mais, rien n’est fait jusque-là car aucun accord sur le dialogue social n’a été conclu.