Réduction des disparités territoriales. Des programmes sans vision ?
“La régionalisation, un virage à ne pas rater”
Vous portez un regard critique sur le programme de réduction des disparités régionales. Qu’est qui justifie cette position de l’AEI ?
Ce n’est pas l’existence des budgets que nous remettons en cause, c’est surtout qu’ils se trouvent à des endroits disparates du PLF. Ces programmes manquent de cohérence et de vision forte en matière de croissance et d’emploi. Il ne suffit pas de mettre les mêmes infrastructures partout pour que les hommes d’affaires qui construisent leurs usines sur la côte atlantique vont se rediriger vers Zagora, Al Hoceima ou Errachidia. Le développement économique ne fonctionne pas de cette manière. C’est pour cette raison que le débat sur le nouveau modèle de développement est très important.
Que propose l’AEI pour sortir de ce schéma ?
Notre proposition se compose de quatre rubriques. La première est la prise de conscience du retrait de l’Etat de son rôle d’investisseur direct. Pour cette raison, il faut prévoir des budgets pour encourager les investisseurs à venir dans les régions, penser à subventionner les transports ou encore faire de la recherche minière à fond perdu pour relancer les économies régionales. Ce qui est sûr ce n’est pas en construisant dans les autoroutes qu’on faire ramener des investisseurs dans ces zones. Le cas de Jerada est emblématique. La ville compte des équipements communaux en très bonne état, mais les jeunes ne trouvent pas d’emplois. La deuxième proposition ou plutôt un impératif est que nous ne devons pas rater le virage de la régionalisation. C’est un chantier constitutionnel et consensuel que nous devons réussir. Ceci passe par la mise à disposition des élus de données sur leurs territoires pour leur permettre d’avoir une connaissance fine des territoires.
Des zones du Moyen-Atlas et du Grand-Atlas ne bénéficient pas des programmes de réduction des disparités. Faut-il lancer un plan de sauvetage de ces régions ?
Le PDRST aborde ces questions. Ma remarque concerne l’absence dans ce programme de toute référence à la croissance et à l’emploi. L’inclusion de la population dans la vie économique est la condition sine-qua non pour retrouver une dignité et une prospérité. Le programme n’aborde pas la réponse à apporter à la question posée par la mondialisation et le recul de l’État dans son rôle économique. Dans ces plans, ces points ne sont pas évoqués. Je pense que nous sommes vulnérables à de nouveaux mouvements sociaux dans ces régions.