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Tourisme : vers la fin de l’hégémonie de Booking.com au Maroc ?

Booking, le géant néerlandais de la réservation en ligne, de loin numéro un sur le marché marocain, a été contraint par la justice de supprimer la clause qui obligeait les hôteliers européens à ne pas proposer des tarifs d’autres plateformes, qui soient inférieurs à celui affiché sur Booking.com. Au Maroc, les hôteliers sont coincés par cette restriction, et ne peuvent s’en affranchir en raison de leur dépendance vis à vis du géant néerlandais. Mais la Fédération nationale de l’industrie hôtelière dit vouloir mettre le sujet sur la table d’ici la fin de l’année. 

Les professionnels de l’hôtellerie de l’UE n’appliquent plus la fameuse clause de la parité tarifaire imposée par la plateforme Booking.com, laquelle les obligeait à ne plus proposer un tarif inférieur à celui négocié dans le contrat avec la plateforme de réservation en ligne néerlandaise.

La justice européenne vient de casser une pratique qu’elle juge «contraire au droit de la concurrence de l’Union européenne». Bien que les établissements hôteliers puissent recourir à des canaux de vente alternatifs, il leur est interdit d’offrir des nuitées à des prix inférieurs à ceux proposés sur Booking. C’est toujours le cas au Maroc.

Dépendance
À l’origine, cette interdiction s’appliquait tant à l’offre sur les propres canaux de vente des hôteliers qu’à celle proposée sur des canaux de vente exploités par des tiers. Depuis 2015, une version restreinte de cette clause interdit uniquement l’offre de nuitées à un prix inférieur par le biais de ses propres canaux de vente.

Au moment où leurs pairs européens viennent de remporter une retentissante victoire face au géant néerlandais, les hôteliers marocains multiplient les réunions avec Booking.com où tous les sujets sont abordés, sauf celui de la parité tarifaire. Et pour cause, leur dépendance vis à vis de cette plateforme est telle, qu’ils ont peur de «fâcher» leur partenaire, et d’être déréférencé.

Certains hôtels réalisent jusqu’à 75% de leur chiffre d’affaires via la plateforme, assure une source auprès de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH) qui confie que la clause de la parité tarifaire sera mise sur la table d’ici la fin de cette année.

La plateforme prélève 15% de commission sur chaque vente
Au Maroc, les rapports de force entre Booking et les hôteliers sont déséquilibrés, du fait de la position incontournable du géant néerlandais sur le marché. La plateforme de réservation dont le quartier général est basé à Amsterdam est, de loin, le premier canal de réservation dans l’hôtellerie du Royaume, loin devant les concurrents (Expedia et autres), assure la FNIH.

Le seul point sur lequel les opérateurs marocains ont réussi à faire fléchir le «Google de l’hôtellerie mondiale» est de pouvoir régler la commission en dirhams, fixée à 15% du chiffre d’affaires réalisé via la plateforme de réservation. Le règlement transite par un compte en dirhams convertibles. Pour l’instant, cet accord, annoncé en grande pompe, en est encore à une phase expérimentale, révèle un responsable de la Fédération hôtelière.

En revanche, Booking a accepté de supporter les frais bancaires adossés aux transferts en devises. Par ailleurs, les hôteliers avaient demandé à Booking.com de ne référencer que les établissements classés dont ils avaient transmis la liste à la plateforme «afin de lutter contre la concurrence de l’informel».

Booking.com leur avait opposé un refus poli, ne pouvant pas faire le gendarme à la place des autorités marocaines. Mis sous pression, Booking a notifié à ses partenaires que les obligations de parité des accords ne s’appliqueront plus à ses établissements partenaires situés dans l’Espace économique européen.

«Vous n’avez donc pas l’obligation de proposer sur Booking.com des conditions et des tarifs identiques ou plus avantageux que ceux que vous proposez via d’autres canaux en ligne ou hors ligne», précise le géant de la réservation hôtelière.

La plateforme de réservation en ligne, rangée par Bruxelles dans la catégorie «à risque d’abus de position dominante» comme les géants de la tech américaine, a été contrainte de se mettre en conformité avec le règlement européen sur les marchés numériques.

Les trois déclinaisons de la «parité tarifaire»

Selon le pays où se trouve l’établissement, Booking.com applique l’un des types de parité suivants :
. Aucune parité : le partenaire n’a aucune obligation particulière vis-à-vis de Booking.com en ce qui concerne les tarifs, conditions et disponibilités proposés sur la plateforme de Booking.com, par rapport à ce qu’il affiche sur d’autres canaux (en ligne et hors ligne).
. Parité étroite : le partenaire doit proposer sur Booking.com des conditions et des tarifs identiques ou plus avantageux que ceux qu’il propose pour le même hébergement, possédant (au moins) les mêmes caractéristiques, sur ses propres canaux en ligne.
. Parité large : le partenaire doit proposer sur Booking.com des tarifs, conditions et disponibilités identiques ou plus avantageux que ceux qu’il propose pour le même hébergement, possédant (au moins) les mêmes caractéristiques, sur ses propres canaux (en ligne et hors ligne).

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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