Office des changes : Les directives de Boussaïd

La dématérialisation, le volet législatif et la mise en œuvre du texte sur les biens et avoirs d’origine étrangère détenus par les MRE sont parmi les chantiers auxquels devra s’attaquer le nouveau directeur de l’Office des changes.
Hassan Boulaknadel qui vient de prendre les rênes de l’Office des changes est appelé à travailler sur d’importants chantiers. Lors de la cérémonie de sa prise de fonction, hier à Rabat, le ministre de l’Économie et des finances a insisté sur l’importance du sens de l’initiative dont doit faire preuve l’équipe de l’Office l’appelant à « oser» et à être «une véritable force de proposition». Les efforts doivent se concentrer, selon l’argentier du Royaume, sur quatre principaux dossiers à commencer par la publication de la circulaire regroupant tous les documents en un seul qui vise la simplification des relations avec tous les partenaires. «La coordination pour l’échange de l’information s’avère une nécessité», affirme Boussaïd.
Dans ce cadre, l’Office peut compter sur plusieurs alliés au sein du ministère des Finances notamment la direction du Trésor ainsi que celles des Impôts, des Douanes et du Budget. L’Office est aussi appelé à déployer de grands efforts sur le volet de la dématérialisation et la télé-déclaration. Le ministre dit attendre des résultats dans les plus brefs délais concernant ce dossier. Le troisième chantier a trait à la mise en œuvre du texte relatif aux Marocains résidant à l’étranger (MRE). Rappelons à cet égard que le projet de décret relatif à la loi 63-14 sur les biens et avoirs d’origine étrangère détenus par les MRE et qui transfèrent leur résidence fiscale au Maroc a été publié au bulletin officiel en octobre dernier.
Les MRE ayant transféré leur résidence fiscale au Maroc avant cette date et n’ayant pas accompli la procédure de déclaration des avoirs à l’étranger ont un délai d’une année à compter d’octobre 2015 pour faire parvenir à l’Office des changes leur déclaration. Boussaïd appelle l’Office à miser sur la communication et la sensibilisation et à accélérer le traitement des dossiers.
Le quatrième dossier est relatif à la mise en place d’une nouvelle loi sur la réglementation des changes. Le texte n’est pas encore au stade du secrétariat général du gouvernement. Par ailleurs, le ministre de l’Économie et des finances a relevé la plus haute importance de la mission de contrôle. L’office ne doit pas, selon lui, avoir peur mais sans pour autant faire la chasse aux sorcières ou mettre les bâtons dans les roues aux opérateurs économiques. «Quand les règles de jeu changeront, le contrôle changera», souligne Boussaïd.
Hassan Boulaknadel
Directeur de l’Office des changes
Les ÉCO : Quels sont vos priorités en cette année 2016 ?
Hassan Boulaknadel : Le Maroc s’est inscrit dans une dynamique de modernisation de son champ économique et financier. Ceci passe par la modernisation des institutions de supervision et de contrôle du système financier dont fait partie l’office des changes. Celui-ci joue un rôle très important dans l’établissement de la confiance entre les opérateurs économiques et l’administration dans sa globalité. Ainsi, nous allons œuvrer à doter l’office d’un nouveau texte lui permettant de relever les défis à venir.
Quid de la mission de contrôle de l’office sur laquelle a beaucoup insisté le ministre de l’Économie et des finances ?
Le contrôle est l’une des missions principales de l’office des changes qui a pour charge de s’assurer que les opérations commerciales avec l’étranger se passent dans le respect totale de la réglementation. C’est une prérogative de l’office qui doit œuvrer à mettre en place un espace d’échange avec l’étranger le plus transparent possible et le plus correct à la fois pour l’administration pour retrouver ses deniers publics et l’opérateur économique pour payer le juste prix des services.
La facilitation des procédures est un élément-clé. Qu’allez-vous faire à ce niveau-là ?
Je vais travailler sur cet aspect-là. Aujourd’hui, la modernisation du secteur financier est une course qui n’a pas de ligne d’arrivée. On va continuer le processus lancé depuis dix ans.
Comment peut-on concilier le contrôle avec la confiance ?
Le contrôle n’exclut pas la confiance. Les deux peuvent aller de pair. À partir du moment où L’on clarifie les échanges avec les assujettis, la confiance s’établit d’elle-même.
Dossiers en instance
Le nouveau DG de l’Office des changes va devoir certainement imprimer sa marque, mais dans l’ensemble, sa première mission sera d’accélérer la concrétisation des dossiers ouverts par son prédécesseur, Jaouad Hamri. Il s’agit principalement de la politique de la libéralisation des opérations de changes qui est déjà en cours et dont l’objectif principal est de «restaurer la confiance dans l’économie nationale». Comme annoncé dès le début, cette libération sera progressive et devrait être en amont, accompagnée par une modernisation en profondeur de l’office, à travers une restructuration de la gestion de l’établissement puis la simplification de la réglementation. Par ailleurs, l’office a initié une refonte des dispositions législatives et réglementaires régissant aussi bien l’organisation de l’Office des changes que l’exercice de contrôle des changes. Sur un autre plan, le nouveau directeur sera particulièrement attendu par les opérateurs qui espèrent plus d’ouverture en matière d’investissements, notamment en Afrique où la politique de l’office est encore jugée timide, en dépit des dernières mesures prises dans ce sens.