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Mouna Bennani. “L’absence d’un Code de la construction et de certifications nous handicapent”

Mouna Bennani. Architecte

Née à Tanger et formée à Paris, Mouna Bennani est une belle figure de l’architecture marocaine. Attentive à concilier forme et usage, elle s’emploie à travers ses réalisations à créer des lieux de vie qui combinent esthétique, confort, praticité et fonctionnalité, tout en conservant un langage poétique qui fait la richesse de son regard. Touchant à tous les secteurs et domaines avec une prédilection pour l’éducation, l’hôtellerie et la santé, elle crée Mouna Bennani, Architecture & Design en 2014 à Casablanca. Rencontre.

Quelle est la particularité de Mouna Bennani, architecture & design ?
Je mets autant de cœur et d’entrain à accompagner des projets, de leur conception à leur livraison, quelle qu’en soit la taille ou la fonction. Ce qui m’importe avant tout est de pouvoir répondre au mieux aux attentes de mes clients, parfois en allant au-delà de leurs aspirations, mais tout en respectant leur budget. La création est avant tout une question d’écoute et d’imagination.

D’où est née votre passion pour l’architecture ?
Enfant, l’architecture se vit au travers des émotions que peuvent susciter certains lieux, de par leur proportion, leur lumière et leur histoire. Au travers du temps, j’ai fini par intégrer et adopter les codes de ce métier aux multiples facettes où la dimension humaine et la relation aux autres sont essentielles. Le choix de devenir architecte s’est fait par étapes successives, telle une construction qui prend vie au gré des rencontres et des découvertes. À 18 ans, cela m’a donc semblé être une évidence.

À quel point le travail en intérieur et en extérieur sont différents ? Est-ce que l’approche est la même ?
J’aime tout autant les deux et l’un ne peut aller sans l’autre. Bien qu’il m’arrive parfois de ne devoir traiter que l’un d’eux, j’ai souvent tendance à concevoir les projections intérieures au moment même où j’élabore le projet extérieur. L’approche est la même, que l’on dessine une pièce ou un mobilier, il s’agit de proportions et de réponse a une fonctionnalité.

En quoi consiste une journée de travail ?
Ma journée s’articule en deux phases. La matinée est essentiellement réservée aux visites et suivi de chantier et un accompagnement des clients dans leurs recherches des divers matériaux et objets nécessaires aux différentes phases de leur projet. L’après-midi est consacrée aux réunions avec les collaborateurs sur l’avancement des dossiers et avec les différents corps d’états avec lesquels je revois et précise les plans d’exécution dont ils ont besoin pour la réalisation de leur propre mission. Enfin lorsque l’après-midi le permet, ou à défaut tôt le matin ou tard le soir, je laisse libre cours à mon inspiration pour réaliser les diverses conceptions architecturales et de design.

Quelles sont les qualités nécessaires, selon vous, pour être un bon architecte ?
L’architecte, en tant que chef d’orchestre d’un projet aux côtés de son client, se doit d’être le plus organisé, structuré et collaboratif pour mener le projet à son terme. La fibre artistique est un plus propre à chaque architecte, qu’il déploie selon son inspiration, son ressenti et la sensibilité du client. Au-delà des fondamentaux techniques de ce métier, la richesse des matériaux des techniques de constructions, des matières, des technologies et des usages est en perpétuel renouveau. Ceci est l’un des aspects les plus motivants de mon métier car nous restons d’éternels apprentis en quête de perfection.

Est-ce plus facile ou plus difficile d’exercer au Maroc ?
L’avantage de l’architecture est qu’il suffit de lever les yeux pour voir le résultat et vous en conviendrez, certaines constructions dans le social mais pas seulement manquent totalement d’esprit architectural, ce qui traduit le plus souvent la volonté de certains promoteurs de faire appel à une architecture au rabais, pensant par la même faire des économies sur le dos des acquéreurs. Ceci me semble bien triste car encore une fois je suis intimement persuadée qu’un architecte peut créer de la vie et de la lumière même avec des moyens limités. Heureusement, de très beaux projets voient également le jour y compris dans la commande publique et les œuvres sociales. Je pense donc qu’il nous faut militer pour un Maroc architecturalement avant-gardiste car cela demeure le socle du patrimoine d’une nation. L’absence d’un code de la construction et de certifications des entreprises ne permet pas aux architectes d’imposer des standards minimum que l’on retrouve dans d’autres pays. Cette lutte au quotidien peut paraître lourde à porter. Il n’en demeure pas moins que j’aime profondément mon pays et que je souhaite porter haut ses valeurs architecturales.


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