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Mémorandum de la Banque mondiale : Le Maroc appelé à provoquer un miracle éducatif

«Il faut augmenter massivement les investissements dans l’éducation»

Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la gouvernance

Les Inspirations ÉCO : Partagez-vous le diagnostic et les recommandations de la Banque mondiale sur le secteur de l’éducation ?
Lahcen Daoudi :  Je ne pense pas que la Banque mondiale a les moyens de faire un diagnostic. Elle a repris ce qui a été déjà dit par plusieurs parties. Le Maroc a pendant longtemps misé sur la quantité. Il faut maintenant s’atteler sur la qualité de l’enseignement qui est actuellement le grand problème. Le rapport du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a été clair et il a été repris par la Banque mondiale. En dehors de certains excès de langage, il faut reconnaître le problème de la qualité de l’enseignement et s’y atteler. Le Maroc a déjà commencé à déployer des efforts en la matière. Pendant la rentrée prochaine, on va s’attaquer au grand problème de la saturation des classes et au nombre d’enseignants. Pourra-t-on continuer le même effort plus tard ? Tout dépendra des moyens du Maroc. Comme le disait Raymond Barre, il faut courir doucement.  

La Banque mondiale parle de «miracle éducatif». Qu’en pensez-vous ?
Ce sont des excès de langage. Beaucoup de pays ont rattrapé la problématique de l’enseignement au niveau qualitatif. Le Maroc a déjà fait un miracle en généralisant presque l’enseignement. Aujourd’hui, il faut s’attaquer à ce volet de la qualité. On a déjà les outils : l’école, l’enseignement, la méthodologie… Il faut former mieux et plus les enseignants et éviter la densité dans les classes. Il faut commencer par ces deux variables. La pauvreté est aussi un problème. L’éducation de la maman est en effet nécessaire. À ce titre, des efforts ont été déjà entamés en la matière. Le Maroc est sur la bonne voie, mais il faut davantage de moyens. On dit que l’éducation consomme beaucoup d’argent mais on n’a pas encore suffisamment d’enseignants. On a encore des classes de 50 voire 60 élèves. Ce n’est pas normal. Il faut augmenter massivement les investissements dédiés au secteur de l’éducation.

Le gouvernement compte-t-il justement augmenter les investissements dédiés au secteur de l’éducation ?
Le gouvernement a déjà commencé cet effort. Il n’y aura plus de densification des classes. Des milliers de postes budgétaires contractés vont être payés.

Globalement, quel regard portez-vous sur le mémorandum de la Banque mondiale ? Partagez-vous ses conclusions ?
Globalement, oui mais, le diable est dans les détails. Les problématiques du Maroc sont connues et ce n’est pas maintenant qu’on va faire un diagnostic. Le problème réside dans la méthodologie de mise en œuvre des réformes. Sur le volet politique, je ne suis pas d’accord sur ce qui a été dit. Le rapport contient des excès de langage qui ne sont pas objectifs. La Banque mondiale plaide pour la nécessité de la réforme. Il est évident qu’il faut réformer.

Quid du modèle de développement que le Maroc est appelé à changer ?
Il n’existe pas de modèle théorique. La réalité et le monde changent. Le Maroc est en train de s’industrialiser alors qu’on se basait beaucoup auparavant sur l’agriculture. Il faut accélérer l’industrialisation du Maroc. Je pense qu’il faut développer tous les secteurs et miser sur la technologie et la recherche scientifique. Les pays qui misent sur la recherche scientifique sont en avance. La notion de modèle économique est trop floue. Il n’y a pas de stabilité en matière de modèle économique. Il faut plutôt s’adapter constamment.

Pour le gouvernement, quel est l’intérêt du mémorandum de la Banque mondiale ?
Le Maroc a beaucoup de partenaires internationaux y compris la Banque mondiale. Un rapport constitue une trajectoire de coopération avec les organismes internationaux. Il faut rectifier le tir. Si on adhère, la banque adhère aussi. En cas de conflits, les retombées vont se ressentir sur les financements. Le Maroc a intérêt à prendre des financements à l’international. Il est évident qu’il faut des convergences en la matière.


La CGEM plaide pour un nouveau contrat social

La présidente de la CGEM Meriem Bensalah Chaqroun semble adhérer complètement aux recommandations du mémorandum de la Banque mondiale. Elle estime nécessaire, entre autres, la mise en place d’un nouveau contrat social en matière d’éducation et de relations de travail ainsi que d’un modèle économique basé sur l’innovation et la recherche. Bensalah rappelle qu’à peine 8% des jeunes qui ont aujourd’hui 20 ans bénéficieront d’une formation qui leur permettra de s’insérer dans la vie professionnelle. Le défi est double, selon la patronne des patrons : faire de la croissance pour intégrer ces milliers de jeunes dans le monde du travail et faire de ces jeunes un des moteurs de la croissance car aujourd’hui, moins de la moitié des 25-35 ans participent à la création de richesses. Elle appelle à l’encouragement de l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises, créant plus de valeur ajoutée locale et d’emplois. «Le mémorandum de la Banque mondiale illustre d’ailleurs de manière significative cet enjeu quand il parle de la situation actuelle comme celle d’une reconfiguration industrielle plutôt que d’une véritable ré-industrialisation», dit-elle tout en insistant sur les leviers d’une meilleure productivité et des emplois pérennes et à leur tête la compétitivité des entreprises et la lutte contre le secteur informel.


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