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La recette de Lakjaa pour sauver le foot

Invité de l’émission Fi’Samim d’Horizon TV, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Faouzi Lakjaa, souligne l’urgence d’améliorer la gouvernance et la gestion des clubs dont une grande partie ne se conforme pas encore aux dispositions de la loi 30-09. Lakjaa s’exprime aussi sur sa vision du développement du football national qui passe par l’encadrement et la promotion des petites catégories.

Les Inspirations ÉCO : Que fait la fédération pour que les clubs se conforment aux dispositions de la loi 30-09 en matière d’accélération de l’adaptation de leurs statuts aux dispositions juridiques ?
Faouzi Lakjaa : Vous faites référence à la transformation des clubs en sociétés sportives. Il faut dire que l’amendement de la loi vise l’amélioration des mécanismes de gouvernance du secteur. Nous avions le choix entre deux approches. La première a trait à l’élaboration de tout ce qui a trait à l’implémentation de la loi pour mettre les clubs devant le fait accompli mais l’expérience a démontré que cette approche était limitée. Alors que nous en sommes à la sixième saison du championnat professionnel, plusieurs questions sont toujours à régler, à commencer par le respect des cahiers des charges. Ainsi, nous avons opté pour une approche consistant à réunir toutes les conditions nécessaires pour la mise en œuvre de la loi en vue de passer à son activation de manière unifiée et précise, sachant qu’une période transitoire de deux ans est accordée aux clubs pour se conformer aux nouvelles règles. Il faut suffisamment de temps et de ressources humaines. Depuis un an, nous avons entamé la réflexion au sein de la fédération en constituant une commission composée d’experts pour faire le point sur la situation en matière de gestion. Il fallait en collaboration avec les clubs élaborer un diagnostic scientifique précis. En effet, il s’avère nécessaire que les clubs soient dotés des mécanismes nécessaires afin de pouvoir améliorer la gestion du football au Maroc. Après la phase de diagnostic, on a procédé à l’audit pour faire le point sur tous les cumuls positifs et définir les objectifs escomptés en matière de gestion financière et comptable des clubs. On a ainsi élaboré le plan comptable du football qui a été distribué à tous les clubs pour donner leurs observations. Nous sommes dans la dernière phase pour que ce produit voit le jour. L’amélioration de la gestion et de la gouvernance passe par des mécanismes scientifiques dont le plan comptable et des ressources humaines qualifiées. Les clubs marocains n’ont pas atteint un niveau élevé de gouvernance en raison du manque de savoir nécessaire et des ressources humaines. En somme, il faut mettre au point les mécanismes nécessaires et créer les sociétés sportives pour garantir la réussite.

Quelles sont les mesures coercitives mises en place par la fédération pour que les clubs respectent la loi en matière de tenue des assemblées générales ?
Les assemblées générales telles qu’elles sont tenues actuellement ne permettent pas de contrôler les gestionnaires des clubs et concrétiser le principe de la reddition des comptes. Certains clubs sont proches du niveau escompté alors que d’autres en sont encore loin. Pour respecter la tenue des assemblées dans les délais réglementaires soit avant le 31 juillet, le club qui ne se conforme pas à la loi est privé de la subvention. Et à partir de la prochaine saison, l’équipe qui ne tient pas son assemblée avant le 31 juillet ne pourra pas entrer au championnat national. Il sera ainsi privé de compétitivité. Mais nous devons tous travailler sur l’objectif de création de sociétés sportives pour que les assemblées générales soient semblables à celles des entreprises qui permettent la reddition des comptes.

En attendant la création de ces sociétés sportives, il n’est pas possible de continuer avec deux vitesses….  
Comme je l’ai souligné, nous avons mis en place des mécanismes pour inciter les clubs à tenir leurs assemblées générales en les privant de la subvention et du championnat. Que peut-on faire d’autre ?

Vous pourriez éventuellement les priver du «Mercato» qui est essentiel pour les clubs…Toujours sur le point de la transparence des finances des clubs, pourquoi vous n’avez pas communiqué sur les opérations d’audit des clubs ?
Cette opération est toujours en cours. Nous allons communiquer autour des résultats lorsque les rapports seront finalisés.

Est-il logique que  50% des entrées d’un club proviennent des donateurs comme la Renaissance sportive de Berkane qui a reçu 25 MDH de dons dont l’origine est inconnue ?
Nous avons des contrats avec des sponsors qui sont connus. Pour respecter leur volonté, on ne publie pas leur identité dans notre bilan car ils sont en même temps des sponsors d’autres clubs. Nous sommes parmi les premiers clubs ayant recouru à l’audit il y a deux ans et nous avons publié le rapport financier dans l’assemblée générale.

La fermeture des stades causent de gros problèmes aux équipes, notamment sur le plan financier. Comment la fédération peut-elle soutenir les équipes concernées ?
La fédération n’est pas responsable de tous les maux du secteur. La fédération intervient auprès des autorités locales pour que les équipes trouvent des stades en bon état. Nous avons opté pour le choix difficile de mise à niveau des stades qui est tributaire des financements et des procédures. Ce choix a été décidé avec les présidents des clubs concernés. Nous avons respecté les délais. Il est préférable que les clubs concernés fassent des sacrifices momentanés pour régler la problématique de manière définitive afin que le football soit pratiqué dans les meilleures conditions. Malheureusement, il n’existe pas une recette permettant de renouveler rapidement les terrains.

Comment le Widad et le Raja peuvent faire face à la difficulté de trouver des stades pour disputer leurs matchs ?
Il faut appréhender cette question de manière positive. In fine, l’objectif est de pouvoir mettre en place un terrain à la hauteur des aspirations des supporters de ces deux grandes équipes.

Mais comment résoudre la question des dépenses qui sont énormes pour les clubs concernés ?
Mon équipe a joué pendant deux ans hors Berkane. On a compris, par la suite, qu’il fallait faire des sacrifices. Je comprends la position du Raja et du Widad qui sont privés pour chaque match d’un million à un million et demi de dirhams de recettes et des annonces, mais on n’a pas le choix. Il fallait améliorer la situation qui était catastrophique en s’armant de patience. Nous sommes dans la phase finale. C’est la société d’aménagement de Casablanca qui prend en charge la mise à niveau du stade. Le Derby sera disputé au Complexe Moulay Abdellah. Par ailleurs, je tiens à souligner que sur le plan technique, les stades sont fermés pendant quatre semaines car on utilise au Maroc l’herbe sursemée. C’est le cas du terrain de Marrakech. Les autres options sont coûteuses comme le placage qui est fait au niveau du stade de Bernabéu, lequel coûte 10 milliards.

Quelles sont les raisons du vide constaté au niveau du poste du vice-président du bureau exécutif de la fédération (Boudrika, Bouchhati et Abroun) ?
Suite aux déclarations incompréhensibles de M.Boudrika, le comité directeur a décidé à l’unanimité de saisir la justice qui va trancher. Le processus a connu certes un certain retard car M.Boudrika éludait la confrontation et l’accélération de la procédure, mais ce processus est actuellement sur la bonne voie. M.Boudrika est appelé à expliquer à l’opinion publique les accusations portées à l’égard de la fédération et la ligue nationale de football professionnel. Nous sommes confiants dans la justice.
En ce qui concerne M.Bouchhati, il n’a pas pu assister à deux réunions du bureau. Cela relève de son droit. S’agissant de M.Abroun, il avait des engagements professionnels personnels et a demandé d’y consacrer un peu de temps. Ce qui relève aussi de son droit. Cette situation n’impacte pas l’action de la fédération. D’ailleurs, le programme est très riche en novembre. La fédération travaille, en effet, en tant qu’institution.

Sur le plan technique, les résultats de toutes les catégories d’âge ne sont pas de bon augure en dépit de la mobilisation des moyens. Où se situe le problème ?
Le football marocain s’est développé au niveau des séniors, mais sans pour autant que l’on accorde l’intérêt nécessaire aux autres catégories : minimes, cadets et juniors. À son entrée dans sa première équipe, le joueur se trouve, de ce fait, face à un niveau supérieur en matière d’accompagnement technique et physique et il est ainsi dépassé. Il est erroné de dire que les résultats des petites équipes ont dégringolé car elles n’ont jamais eu de bons résultats. Nous nous sommes qualifiés à la Coupe du monde des moins de 20 ans car les éliminatoires étaient organisés au Maroc. Nous avons remporté la Coupe d’Afrique des nations junior avec M.Taoussi car nous avons joué à Meknès. Il faut s’armer de patience en accordant de l’importance à la base. La fédération a travaillé sur ce volet. Les 16 équipes de la première division ont deux encadrants supérieurs aussi bien sur le plan technique que physique pour encadrer les catégories des minimes de ces équipes. Je confirme que les résultats ne sont pas honorables. Au niveau de l’Afrique, certains pays ont de grandes écoles. À titre d’exemple, celle de Bamako accueille 10.000 enfants qui sont encadrés de manière scientifique. Abidjan œuvre à développer son football avec les Hollandais depuis dix ans. Si on veut garantir la continuité et l’équilibre, il n’existe pas d’autre recette que la promotion de la base.

En tant que spectateur, quelle évaluation faites-vous du niveau du championnat national ?
En tant que spectateur, je souligne que le niveau du football marocain est en constante évolution. Il faut être fier de son histoire. Néanmoins, il faut être réaliste. Durant toute l’histoire du football marocain, le Maroc n’a pu gagner qu’une seule Coupe d’Afrique. En dépit des individualités techniques du football marocain, les résultats ne suivent pas. Le championnat national évolue en comparaison avec ce qui se passe dans les pays africains. À l’heure actuelle, je pense que le championnat national se situe à la deuxième ou troisième position sur tous les plans, mais les ambitions sont grandes en raison des comparaisons faites avec d’autres championnats en Europe. Je ne le dirai jamais assez, la solution réside dans l’intérêt accordé à la base. Le top management des clubs doit s’adapter aux exigences.

Quel est votre pronostic pour la Coupe du monde de la Russie ?
Les éliminatoires se déroulent sur un an et demi alors que plusieurs choses peuvent survenir en un mois. Les joueurs de l’équipe nationale jouent chaque semaine plus de 20 matchs. Faut-il rappeler que la Côte d’Ivoire a perdu en une semaine trois de ses grands joueurs. Nous espérons être dans les meilleures conditions pour chaque match. 


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