Grève générale : Les syndicats crient victoire

À Casablanca, l’arrêt des transports en commun a ralenti sérieusement la cadence des activités. Les établissements scolaires, les hôpitaux ainsi que les services communaux ont été les principaux foyers de la cessation collective du travail au sein du secteur public. Le taux de participation a atteint près de 85 %. Les syndicats se disent prêts à reprendre le dialogue si le gouvernement considère leurs revendications.
La journée de la grève générale a été particulièrement ressentie dans la capitale économique. Le port, les écoles, les hôpitaux mais surtout les bus et le tramway ont été les principaux indicateurs surveillés au début de la matinée d’hier. Selon le communiqué des 4 syndicats, le taux de participation a été de 84,8 %. Un vrai succès, selon eux. Ce sont essentiellement les zones d’influence échappant à l’UNTM qui ont été les plus touchées par la grève au sein de la métropole, avec des exceptions enregistrées pour certaines communes, qui ont repris leurs activités après un arrêt de travail d’une heure.
Les dirigeants syndicaux ont pour leur part suivi le déroulement des 24 heures, qui avaient démarré à minuit, notamment au sein des services d’urgence ainsi que pour certains travaux logistiques au sein du Port de Casablanca. Pour Abderrahim Azzouzi, leader de la FDT : «Les indicateurs du succès de la grève sont multiples, même si le taux de participation ne pourra être disponible qu’à la fin de la journée».
Pour lui, «les taux de participation les plus importants concernent l’enseignement, la santé et les banques». Pour sa part, Allal Belarbi, dirigeant à la CDT pense que «le succès de la grève est plus politique, car il s’agit d’un message fort de l’ensemble des forces du pays quant à leur mécontentement vis-à-vis de la mauvaise gestion de la question sociale ainsi que de l’indifférence avec laquelle le gouvernement traite les syndicats».
Le gouvernement penche vers le dialogue
Les 4 syndicats ont annoncé durant la journée de grève générale leur disposition à «retourner à la table du dialogue social en cas de volonté politique du gouvernement». Elles ont en contrepartie préparé un plan B, au cas où le gouvernement continuerait d’ignorer leurs demandes, à travers d’autres mouvements de contestation. Sans citer la réforme des retraites comme point nodal entre les deux parties, les syndicats tentent actuellement de tirer profit de leur démonstration de force en obligeant le gouvernement à accepter d’abord l’ordre du jour proposé, mais surtout à réviser les moutures actuelles des six projets de lois sur la réforme de la CMR. La position du gouvernement a consisté, pour sa part, à faire passer la réforme des retraites le plus vite possible afin de réduire le déficit de la caisse et de trouver par la suite les fonds destinés à répondre aux demandes relatives à la hausse des salaires.
Mohamed Moubdi
Ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative
Au-delà de la question de savoir si la grève a paralysé complètement ou non le pays, ce qui m’intéresse, ce sont les solutions. Je respecte l’avis des syndicats pour faire la grève, mais le dialogue est toujours ouvert. Il a duré 4 ans. Le point le plus urgent est celui des retraites dont l’ajournement ne va que rendre la résolution du problème de la CMR plus pénible alors que chaque jour de retard coûte 60MDH.
Les commerçants n’ont pas répondu présents
Le réseau du commerce de détail ainsi que les grandes surfaces ont continué de fonctionner malgré l’appel émis par le Bureau exécutif du Syndicat national des commerçants et professionnels (SNCP) à ce que tous ses membres apportent leur soutien à la grève nationale ainsi que leur «appui aux revendications justes et légitimes de la classe ouvrière qui appelle le gouvernement à entamer un dialogue sérieux et responsable pour solutionner les problèmes existants et en suspens». Le SNCP a également invité les centrales syndicales à prendre l’initiative pour «la création d’un front social afin de lutter contre toutes les décisions de nature à porter atteinte au pouvoir d’achat de l’ensemble des citoyens à revenus limités». Au niveau international, l’appel à la grève nationale générale a été relayé et soutenu par nombre de confédérations syndicales internationales, comme «la puissante confédération allemande des syndicats DGB, qui a exprimé sa solidarité avec les centrales syndicales marocaines ayant appelé à ce mouvement de protestation», comme l’indique une lettre adressée à la CDT durant la journée d’hier et qui était également destinée aux secrétaires généraux de l’UMT, de l’UGTM, de la CDT, de la FDT et du SNESup.