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Gestion financière du football : La FRMF ouvre la boîte de Pandore

Un rapport accablant de la Commission de contrôle de gestion de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) montre clairement que la majorité des clubs marocains ne respecte pas les règles de bonne gestion financière.

Les clubs de foot sont dos au mur ! En cause, un rapport «brûlant» déposé par Abdelaziz Talbi, président de la Commission de contrôle de gestion au sein de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) entre les mains du président de la fédération, Faouzi Lakja, dans lequel une longue liste de dysfonctionnements sont relevés. Un rapport qui a été bouclé sur la base de missions effectuées au sein des directions financières des clubs d’élite. De source proche du dossier, certains des dysfonctionnements listés dans ledit rapport sont jugés graves, avec des «sorties de fonds non justifiées et des documents justificatifs de dépenses introuvables».

Dossier en béton
Dès réception dudit rapport, la FRMF a, immédiatement, interdit le recrutement à tout club n’ayant pas une assise financière lui permettant de s’acquitter, dans des conditions normales, de ses engagements financiers présents et futurs. Pour cela, justement, la FRMF a d’ores et déjà sommé les clubs désireux de procéder au recrutement de joueurs, dès ce mois-ci, de justifier de leur capacité à honorer leurs engagements financiers actuels, et ce jusqu’à la fin de la saison sportive.

À ce titre, les clubs doivent transmettre à la fédération, avant l’entame  de la période des transferts prévue  le 20 décembre , un dossier bien garni. Ce dossier doit en effet comprendre une situation de trésorerie, un état des arriérés de créances et de dettes et leur plan d’apurement, un budget de trésorerie, mois après mois, en recettes et en dépenses à fin juin 2017, sans oublier un état de règlement des salaires, primes de rendement et de signature des joueurs, du staff technique et du personnel administratif. À ces documents, chaque club doit également joindre un état de la situation de ses litiges et contentieux avec l’estimation des risques financiers encourus. En outre, les clubs concernés devront pouvoir démontrer leur capacité financière à s’acquitter de tous leurs arriérés de dettes, en particulier celles résultant d’une décision de la FRMF, de la FIFA ou du TAS. Ils doivent aussi justifier d’une situation en règle, relativement à toute tranche de prime de signature ou de prime de rendement due au titre de l’actuelle ou d’une précédente saison, et tout autre engagement figurant sur un contrat déposé à la FRMF comme les salaires, les primes de matchs, les avantages en nature, etc.

Sanctions
En vertu de l’article 38 des statuts de la FRMF, la Commission de contrôle de gestion au sein de cette fédération est chargée d’appliquer au club, en cas de non observation des dispositions obligatoires relatives à la bonne gestion financière, une panoplie de sanctions. Hassan Filali, président de la Commission des finances au sein de la FRMF, explique que «chaque club désireux de procéder à des achats de joueurs lors du prochain Mercato -et de ceux qui suivront- devra présenter un dossier financier solide afin d’éviter un flot de litiges déferlant sur la FRMF.

L’objectif étant l’assainissement des finances des clubs et la protection des droits financiers des joueurs et techniciens». À défaut de justificatifs, il sera procédé à l’interdiction totale ou partielle de recruter de nouveaux joueurs sous contrat, au recrutement contrôlé dans le cadre d’un budget prévisionnel ou d’une masse salariale prévisionnelle limitée et à la limitation du nombre de joueurs mutés. Cependant, les sanctions extrêmes sont la proposition, au comité directeur, de la rétrogradation sportive voire de l’interdiction sportive, ou encore de l’exclusion des compétitions sans possibilité d’interjeter appel. Les sanctions envisagées ne font donc pas dans la demi-mesure. C’est dire que la FRMF est plus que déterminée à, enfin, prendre les choses en main. Il reste à savoir jusqu’à quel point l’instance ira dans l’application de ces mesures.


Mystère sur le détail des finances
Il était temps de s’intéresser à la gestion financière des clubs, souvent sujet à polémiques et accusations à l’encontre de certains présidents ayant coulé des clubs avant de partir sans aucune reddition des comptes. Par ailleurs, l’absence de transparence domine la gestion de plusieurs clubs dont les dépenses sont parfois injustifiées et/ou l’origine des fonds énigmatiques. Dans ce cas de figure, on est en droit de s’interroger: pourquoi le président du WAC, Said Naciri, n’a-t-il pas encore présenté de bilan financier après deux exercices de gestion, au mépris des règlements de la FRMF et des instructions du ministère de tutelle en vertu de la loi 30-09. On se demande aussi pourquoi Mohamed Boudrika, président sortant du Raja, s’oppose, par voie de justice, à la demande d’audit des comptes du club  formulée par des adhérents en quête de transparence. Quant à Faouzi Lakjaâ, président de la Renaissance de Berkane, il n’arrive pas à produire, suite à une demande pressante de la presse, le détail de «dons» dont a bénéficié le club et qui s’élèvent à 25 MDH, soit 60% des recettes. L’ASFAR, de son côté, s’estime non concerné par les mesures de transparence… Et les exemples sont légion.


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