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France : L’appel au «vivre ensemble»

La décision du Conseil d’État contre les arrêtés anti-burkini ravive les tensions. La droite appelle à une loi détournant cette décision, tandis que les socialistes dénoncent sa non-constitutionnalité. La France est plus que jamais divisée.

Le burkini divise la France. Ceux «pour» et ceux «contre» bataillent sur fond de pré-campagne électorale. C’est justement ce contexte politique qui exacerbe les positions -voire les radicalise- notamment du côté de la droite, en pleine primaire présidentielle. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon se livrent à une surenchère, histoire de déterminer qui sera le plus hostile au burkini. Passé l’effet de surprise et de déception, suite à la décision du Conseil d’État concernant l’arrêté anti-burkini pris par plusieurs maires, les ténors des Républicains reviennent à la charge en réclamant une loi qui institutionnalise l’interdiction du burkini. Une «surenchère», ainsi que la qualifient les socialistes, qui ne trouve pas d’écho auprès du gouvernement Valls.

Ainsi, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, estime qu’une telle loi serait inappropriée et non-constitutionnelle, et que le temps est à l’union et non au déchirement. En même temps, Cazeneuve est en pleine réflexion pour repenser l’Islam en France, dans la tolérance et la modération, et apaiser les tensions. En attendant, les incidents islamophobes se multiplient. Le dernier en date est l’expulsion d’un restaurant, en provence, de deux musulmanes voilées. «Tous les musulmans sont des terroristes», a lancé le patron du restaurant. Cet incident traduit l’ambiance générale en France !

Une fondation pour l’Islam
Le débat sur le burkini a donc bien alimenté l’islamophobie au sein de l’Hexagone et a terni son image de pays de droits et de libertés. Le cabinet Valls, conscient de l’impact sur l’image de la république, essaye tant bien que mal de panser les égratignures constatées sur la réputation du pays de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Pour ce faire, Cazeneuve a réuni, hier lundi, l’ensemble des représentants de la communauté musulmane, des responsables gouvernementaux et du monde de la culture.

L’objectif étant la création de la Fondation des œuvres de l’Islam en France (FOIF), un organisme regroupant des musulmans et des chrétiens afin d’assurer aux musulmans leurs droits de culte, mais aussi de permettre à la république d’ancrer l’Islam dans ses valeurs. Seulement, le ministre de l’Intérieur est déjà critiqué pour les usages de forme. Ainsi, un collectif de 40 signataires émet déjà son veto pour deux raisons. Primo, il y a l’absence de consultation avant la prise de décision de la création de la FOIF. Secundo, le collectif s’oppose à la nomination de Jean-Pierre Chevènement, 77 ans, comme président de la fondation. En effet, le choix d’un non-musulman a suscité une incompréhension de la classe politique et des rangs de la deuxième confession de France, qui compte plus de 4 millions de fidèles. La partie est loin d’être gagnée pour le cabinet Valls.


 

Mohammed Ennaji
Ecrivain

L’arbre ne doit pas cacher la forêt !

La France exagère, la France ne veut pas regarder la crise, elle préfère se fixer sur l’Arabe, le Musulman. Elle s’y prend de façon grotesque, mais il ne faut pas s’y tromper, elle n’est pas seule, elle n’est que le mauvais de la classe. Les autres font preuve de plus de raffinement et de moins de précipitation. Le fait est tout simple. Les pays capitalistes en crise ont changé les termes de l’équation. Il n’est plus question de termes de l’échange ni d’échange inégal, plus question d’économies, c’est désormais le dialogue des cultures qui est la clé ou le sésame, lequel résout tout et explique tout. Ce supposé dialogue qu’on a commencé par vanter pour le bien de l’humanité est devenu depuis un choc des cultures menaçant la liberté. À remarquer que l’échange inégal qui faisait des économies capitalistes des économies dominantes, s’est métamorphosé en rapport inégal entre cultures, les barbares (arabo-musulmans évidemment) et les civilisés, les démocratiques et les tyranniques. L’ordre des choses s’est renversé comme par magie, le danger n’est plus le capital exploiteur mais la religion terroriste menaçante et dévastatrice. Cette nouvelle formulation de l’équation régissant les rapports entre nations facilite les choses. Elle permet de détourner l’attention, elle permet de s’en prendre aux pays terroristes et à leur religion et au besoin de bombarder pour sauver la démocratie et avec elle les puits de pétrole ! À ce jeu-là, la France fait du zèle, elle en fait tellement qu’elle paraît plus dangereuse que les vrais maîtres du monde, qui feront tout pour maintenir leur hégémonie. Elle y laissera plus de plumes que les autres.



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