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Formation du gouvernement : La panne ?

La fin des concertations entre le PJD d’une part et le RNI et le MP de l’autre marque une rupture radicale dans le climat des négociations pour la formation du nouveau gouvernement. Abdelilah Benkirane n’a pas encore annoncé la couleur des pourparlers. Il reste à voir ce que donnera le scénario de non reconduction de la majorité sortante.

L’opinion publique s’attendait à ce que le dossier de la formation du gouvernement soit tranché le week-end dernier. Il l’a effectivement été, mais de façon particulière. Les communiqués officiels signés par les leaders du PJD et des quatre partis alliés autour du RNI signent l’épilogue de longues tractations, lesquelles étaient censées déboucher sur un «gouvernement fort» avec une majorité parlementaire confortable. Cependant, d’aucuns voient, dans les deux communications de ces formations politiques, une sorte de divorce qui ne porte pas son nom, comme pour laisser la porte ouverte à tout rebondissement dicté par les enjeux de la conjoncture actuelle. Il était en effet attendu que les trois intenses mois de négociations débouchent sur un gouvernement composé de la majorité sortante «qui reflète le résultat des urnes», ainsi que l’a souvent scandé Abdelilah Benkirane.

Avant la réaction tranchée -et probablement inattendue- du chef de gouvernement désigné, celui-ci a voulu mettre les points sur les i à l’occasion d’une rencontre tenue samedi dernier avec les présidents des communes du parti de la lampe, à laquelle a aussi assisté Nabil Benabdellah, leader du PPS. «La réponse que je cherche à obtenir, avant toute chose, est celle de savoir si le RNI veut faire partie du gouvernement ou non», a indiqué le chef du PJD devant les élus du parti, comme pour insinuer que la récente sortie du RNI et consorts peut sonner comme une hésitation sur la participation à la majorité. Le RNI a, en effet, posé, comme nouvelle condition à sa participation au gouvernement, l’entrée en jeu des deux unions socialiste et constitutionnelle.

À ce sujet, Benkirane a affirmé qu’il «ne répondra pas, pour l’instant, à Lachgar qui disposait de plus de 3 mois pour décider de son entrée au gouvernement». Le secrétaire général du parti de la lampe ne semble donc nullement prêt à accorder d’autre concession à ses partenaires, après avoir été forcé de clore l’épisode de l’Istiqlal. Pour faire avancer les choses et concrétiser enfin les négociations, Benkirane estime avoir accordé une concession majeure en exprimant il y a quelques jours son regret de ne pouvoir intégrer l’Istiqlal à la majorité et ce, «même si nous ne voyons pas de raison valable à cela», a tenu à préciser le chef de gouvernement. Sans évoquer la place de l’UC, Benkirane a préféré la modération envers le parti de la rose, avec lequel «il n’y aucun problème, mais je répondrai au moment opportun aux socialistes et, si un parti a un quelconque problème avec le PJD, je suis prêt à le recevoir», a insisté le chef de gouvernement désigné. Au sein des composantes du parti de la lampe, la reconduction de la majorité sortante de 4 partis a été considérée comme indispensable à l’efficacité de l’action gouvernementale, mais aussi à l’homogénéité requise pour l’actuel mandat. Dans son argumentaire plaidant en faveur de la formation du gouvernement autour du PJD, du RNI, du MP et du PPS, Benkirane a estimé que «la victoire contre le PAM durant les législatives devrait être considérée, à elle seule, comme suffisante».

Les conditions sur la table
Dans leur communiqué conjoint, le RNI, le MP, l’USFP et l’UC se disent en droit de réclamer communément une place au sein de la nouvelle majorité, même si cela devait aboutir à un gouvernement à six partis. Le communiqué indique que l’objectif des 4 formations est de pouvoir aboutir à un «gouvernement homogène». Sans laisser la place à une interprétation versant dans la rupture totale des pourparlers, le ton modéré du communiqué jette la balle de la décision finale dans le camp du PJD, qui se voit à présent devant une proposition de gouvernement à deux ailes et qui s’assure une assise parlementaire confortable, sans compter sur la durabilité de la prédisposition exprimée par l’Istiqlal à soutenir la majorité au sein des deux chambres du Parlement. «Pour éclairer l’opinion publique nationale, nous réaffirmons que, contrairement aux allégations selon lesquelles l’USFP n’est pas claire dans ses positions, l’histoire doit prendre acte du fait que nous avons clairement exprimé au chef de gouvernement désigné notre acquiescement à sa demande, lui qui sait pertinemment que nous nous sommes engagés et que nous attendons son offre», indique le parti de la rose qui tient également à mentionner que cela entre dans le cadre de «sa vision du prochain gouvernement tant termes quantitatifs qu’en pôles et ministères à même de garantir l’efficience, autrement dit le programme politique, économique et social a minima qui assure la coalition des composantes de la prochaine équipe gouvernementale». Il est à rappeler que le chef du parti de la rose a déjà le feu vert du bureau politique pour poursuivre les consultations avec le chef de gouvernement sur la participation au prochain gouvernement, sur la base «d’une négociation bilatérale loin de toute bipolarisation artificielle ou conjoncturelle». Les attentes exprimées par le parti de la rose se résument à une offre qui ne soit pas uniquement d’ordre technique, mais «foncièrement politiquen fondée sur des bases solides prenant en compte notre programme électoral». 


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