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Emploi : Benkirane tente d’y voir plus clair

Le département du chef de gouvernement vient d’organiser un séminaire sur la problématique de l’emploi en présence d’experts nationaux et internationaux ainsi que des représentants des institutions concernées par ce dossier. L’objectif est de mieux comprendre la dynamique du marché de l’emploi.

La réflexion autour de l’épineux dossier de l’emploi nécessite d’être approfondie. Malgré l’élaboration de la Stratégie nationale de l’emploi, le département du chef de gouvernement tient visiblement à affiner davantage sa compréhension de la dynamique du marché du travail. Dans ce cadre, un premier séminaire sur la question vient d’être tenu mercredi à Rabat, réunissant des experts nationaux et internationaux ainsi que des représentants des différents départements. Plusieurs sujets ont été abordés, à commencer par le système d’information du marché du travail, qui nécessite d’être amélioré afin d’aider les pouvoirs publics à mieux prendre les décisions. À titre d’exemple, le taux de chômage, qui est un indicateur phare, ne rend pas compte de la dynamique du marché de l’emploi au vu de la manière dont il est établi, de l’avis même du chef de la division des enquêtes sur l’emploi au Haut-commissariat au plan, Jamal Guennouni. Les experts estiment qu’une grande responsabilité incombe à l’institution qui produit l’information dans l’éclairage sur la portée de cet indicateur et la réalité qu’il traduit, d’autant plus qu’il est souvent politisé.

Défis énormes
Outre la nécessité d’améliorer le système d’information, il s’avère impératif d’assurer le partage de l’information. Celle-ci n’est pas, en effet, souvent accessible à tous. Les différentes institutions gagneraient à collaborer étroitement autour de cette question afin de mieux comprendre l’employabilité, notamment celle des jeunes. En effet, sans un diagnostic pertinent et des chiffres fiables, détaillés et pointus, toute politique publique serait vaine et ne permettrait pas d’atteindre les résultats escomptés alors que les défis sont énormes. Abdelaziz Nihou, chargé de mission auprès du chef de gouvernement, a détaillé les enjeux de la problématique de l’emploi. Plusieurs messages clés sont à retenir. «L’enjeu pour l’avenir, c’est de comprendre les déterminants de l’évolution du taux d’activité. L’objectif, c’est de ramener les jeunes et les femmes au marché du travail en vue d’entraîner une dynamique vertueuse entre la création d’emplois et la création de richesse», précise-t-il.

Par ailleurs, la problématique de l’emploi est abordée en des termes quantitatifs, alors que la dimension qualitative est souvent ignorée. Le sous-emploi et l’emploi non rémunéré, qui représentent une part importante de l’emploi, «pénalisent l’amélioration de la productivité ainsi que la création de la richesse et des emplois décents». Cette réalité n’est pas propre au Maroc. Des pays similaires vivent la même situation, comme le souligne David Robalino, économiste principal à la Banque mondiale.

Afin d’améliorer la compétitivité des entreprises et de créer davantage d’emplois stables, il s’avère nécessaire de transformer le tissu productif. Aussi, la création d’emplois devrait-elle être soutenue davantage par des politiques en faveur des secteurs modernes qui sont productifs et plus intégrés tant en amont qu’en aval. En outre, l’évaluation des incitations à la création d’emplois (la fiscalité, les transferts, les programmes actifs de l’emploi, etc.) doit se faire en termes d’impact sur la création d’emploi, mais sans pour autant ignorer leurs impacts potentiels sur la croissance et la productivité. L’inadéquation formation-emploi est également pointée du doigt. Cette problématique exige une analyse par filière et par type de qualification pour mieux appréhender les causes de la faible insertion des jeunes diplômés dans le marché du travail, d’après Nihou.

Hicham Zouanat
Président de la Commission emploi et relations sociales à la CGEM

L’entreprise réclame une flexibilité responsable à commencer par le volet contractuel. On a besoin de contrats à temps partiel et d’un nouveau cadre juridique pour le télétravail. Au niveau du marché du travail, il est nécessaire de réviser la durée de l’intérim qu’il faudra ramener à au moins six mois renouvelables deux fois. Le Code du travail doit être révisé.

Mourad Bentaher
Directeur de l’observatoire national du marché du travail au ministère de l’Emploi

L’enquête sur l’emploi est fiable et répond aux normes du Bureau international du travail en termes de méthodologie. Elle permet de fournir des éléments d’information mais elle n’est pas suffisante pour la prise de décision. Elle doit être complétée par d’autres sources d’information. Le regard sur le marché de l’emploi se fait sur la base de quelques données qui portent un éclairage insuffisant. Ainsi, on n’a pas une bonne maîtrise de la problématique de l’emploi.

David Robalino
Économiste principal à la Banque mondiale

La majorité des emplois créés restent de faible qualité et sont souvent dans l’informel. La formation est aussi un élément clé. Les personnes qui créent les programmes de formation ne prennent pas en considération les besoins de l’emploi. Pour rapprocher l’offre et la demande, il faut créer des incitations financières basées sur les résultats en termes d’insertion au profit des centres de formation soit publiques soit privées. Les incitations à l’investissement doivent être liées à la création de l’emploi.



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