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Embargo russe : Une seconde chance pour les exportateurs

Pas de levée des sanctions pour la Russie. L’Union européenne vient d’approuver la prorogation de son embargo sur le pays des tsars. Une nouvelle chance pour les exportateurs marocains en produits agricoles afin de mieux desservir le marché russe. 

Les 28 pays membres de l’Union européenne viennent d’approuver la prolongation, pour six mois, des sanctions économiques décrétées contre la Russie durant l’été 2014 en représailles à l’implication de cette dernière dans le conflit sur la Crimée. La décision formelle doit être prise durant les prochains jours afin de proroger jusqu’au 31 janvier 2017 ces sanctions qui arrivent à échéance fin juillet prochain. Une seconde chance se profile donc pour les exportations marocaines à destination de la Russie. Celles-ci n’avaient pas réussi jusqu’ici à combler le manque suscité par l’interdiction des importations agroalimentaires en provenance de l’Union européenne et à exploiter pleinement cette occasion. En effet, si les sanctions européennes touchent principalement le secteur bancaire ainsi que les entreprises pétrolières et de défense russes, la Russie pour sa part a décidé de décréter en retour un embargo sur les importations agro-alimentaires de l’UE.

Le Maroc, qui a voulu se placer comme substitut aux produits agricoles de l’Union, a vraisemblablement raté le coche. À l’occasion de la dernière visite du roi Mohammed VI en Russie, le président russe Vladimir Poutine avait d’ailleurs affiché son étonnement de voir que les exportations agricoles marocaines demeuraient en deçà des espérances. Les multiples accords et conventions signés à cette occasion, sous la supervision des deux chefs d’État, visaient en effet à redonner un coup d’accélérateur aux échanges. Une réunion de concertation a donc été organisée au lendemain de cette visite entre le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch et un grand nombre d’opérateurs, de représentants d’associations d’exportateurs et de présidents d’interprofessions de fruits et légumes marocains. L’objectif étant de mieux adresser le marché russe en agrumes, tomates, fruits rouges et autres fruits et légumes. «Sur ces produits, nous avons connu de nettes progressions durant ces derniers mois», explique Hassan Sentissi, président de l’Asmex.

En effet, après la baisse qu’ont subie les exportations d’agrumes lors de la campagne 2014-2015, les volumes exportés ont connu au titre de la campagne suivante un vrai décollage avec une embellie de 24% sur les agrumes et de 59% sur les primeurs et ceci malgré une année agricole difficile. «En revanche, sur d’autres types de produits, notamment les produits de conserves, nous n’avons pas réussi à percer», regrette Sentissi. Plusieurs raisons expliquent cette situation : D’abord la réticence des exportateurs marocains à s’adresser à de nouveaux marchés, plus éloignés, tandis que le marché européen offre une proximité attrayante. Ensuite, la Russie dispose d’un stock important en produits agricoles, surtout en conserves et en huiles, dû à sa grande dépendance à ce niveau.

De surcroît, la question des moyens de paiement continue de poser problème. L’instabilité du rouble et le problème de la couverture du risque supposent un accès encore plus difficile à ce marché. Des problèmes logistiques sont également à soulever. Malgré l’ouverture d’une ligne maritime directe Agadir/Saint-Pétersbourg en 2011, certains opérateurs pestent toujours contre l’insuffisance des dessertes y compris celles aériennes. «En réalité, la Russie est bien desservie en navires porte-conteneurs et frigorifiques qui intéressent le gros de nos exportations, constitué d’agrumes et d’autres produits agricoles», nuance Abdelaziz Mantrach, président de la Commission logistique de l’ASMEX, qui estime que le problème est plus un problème d’offre exportable. «Nous ne savons pas ce que nous avons à vendre et nous ne faisons pas preuve d’audace vers les nouveaux marchés d’exportation», tranche Sentissi. 


 

Maroc Export en quête de diversification
Cantonné aux exportations agricoles et halieutiques, le Maroc cherche à diversifier ses opportunités sur le marché russe. Maroc Export (ou éventuellement son substitut l’AMDIE) lancera bientôt une étude de «marketing promotionnel» sur le marché russe afin de mieux promouvoir de nouveaux secteurs qui peinent à percer sur le marché des tsars. Il s’agit notamment des secteurs du textile, du cuir, de la pharmacie et du cosmétique. Cette stratégie devrait «permettre de donner une structure et une cohérence générale forte aux activités marketing de Maroc Export sur le marché russe», estime Maroc Export, dans un appel d’offres lancé récemment. L’objectif étant d’élaborer pour chaque secteur un diagnostic des facteurs qui poussent les clients ou qui les empêchent d’importer des produits marocains. Sur la base de ce diagnostic, il s’agira ensuite de réaliser une stratégie ciblée et intégrée de marketing promotionnel pour la période 2017-2020.



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