Dialogue social : Les conditions pour sa reprise

12 points, en plus de la révision des versions actuelles des lois sur les retraites, sont les conditions syndicales en vue de la fin de la contestation. Le gouvernement pourrait accepter des amendements aux lois sur les retraites avec la seule condition de ne pas perturber le calendrier initial de la réforme de la CMR.
Après la grève, les partenaires sociaux cherchent maintenant à sortir de la logique de confrontation, à l’approche des élections. En effet, les 4 dirigeants syndicaux se sont dits prêts à changer d’attitude dans le cas où le gouvernement obtempère et finit par accepter les points irremplaçables listés dans leur cahier revendicatif. «Nous restons ouverts à toute initiative gouvernementale si le gouvernement décide d’ouvrir une nouvelle fois le dialogue social», selon le dirigeant de l’UMT, Miloudi Moukharik. Sans parler de la question des retraites, les centrales veulent manifester leur bonne foi en choisissant l’apaisement entre les partenaires sociaux qui veulent tourner la page entamée en 2014, marquée par une série de grèves sectorielles qui épargnaient jusque-là le secteur privé.
Pour les syndicats, le caractère indissociable de leur dossier revendicatif ne peut faire l’objet d’aucune «sélectivité ou d’un traitement partiel», et comprend notamment l’adoption d’une approche participative en ce qui concerne «la réforme des retraites, l’augmentation des pensions, l’amélioration des revenus, des salaires et des indemnités et la mise en œuvre des termes de l’accord du 26 avril 2011, la protection des libertés syndicales, l’amélioration de la protection sociale et l’ouverture de négociations sectorielles», d’après la liste des revendications préparées par les centrales. Les instances représentatives des salariés insistent sur les mesures techniques de la réforme qui doivent être débattues dans une optique qui «tienne compte de l’élargissement de la couverture sociale et du durcissement des sanctions pour la non déclaration des salariés», comme l’indique la proposition commune présentée par l’UMT, la CDT et la FDT.
L’augmentation de l’âge de départ à la retraite et le calcul d’un salaire moyen sont les deux mesures à entériner dans le cadre de la révision du projet de loi sur les retraites des pensions civiles, qui a été déposé au sein de la Chambre des conseillers. Les quatre centrales placent donc la réforme envisagée dans une optique qui dépasse l’aspect technique et qui reste intimement liée à la réforme fiscale et à celles de salaires. Si le gouvernement reste intransigeant sur la question des retraites, la grève générale n’a rien résolu pour le moment, et semble en revanche envenimer davantage les relations entre les centrales et le gouvernement.
À l’heure où nous mettions sous presse, le taux de participation à ce mouvement de désœuvrement collectif n’a pas été établi, de même que le motus de l’Exécutif a été interprété par les dirigeants syndicaux comme étant «une fuite en avant du gouvernement, lequel ne peut plus cacher sa démarche unilatérale dans la prise de décisions qui concernent les salariés de l’État et du secteur privé», ainsi que l’indique un membre du syndicat national de l’enseignement à Casablanca. Les pourcentages varient entre 100% au sein du secteur portuaire et 84% au sein des établissements scolaires et le transport en commun, selon les chiffres provisoires de l’UMT. La non participation de l’UNTM à la grève du 24 février a pour sa part atténué le seuil de la grève au sein des communes avec un chiffre de 1.500 collectivités qui ont cessé leur activité.
La forte mobilisation a surtout concerné les villes de Casablanca et Rabat qui ont focalisé l’attention des 4 centrales syndicales puisqu’elles concentrent près de 40% des représentants, avec un suivi du mot d’ordre notamment au sein des écoles et des communes où le taux de participation pourra osciller entre 70 et 90%, selon les premières estimations au sein de la métropole.