Boycott de Centrale Danone : Alerte maximale chez les salariés
Les salariés de Centrale Danone s’attendent «au pire des scénarii». Une mobilisation sociale est en préparation dans le contexte de division syndicale au sein de l’entreprise.
«Nous sommes prêts à tout», lance d’entrée de jeu Abdelhak Atida, secrétaire général du syndicat Centrale Danone affilié à l’UMT, joint au téléphone par Les Inspirations Éco. Les salariés sont sur le qui-vive depuis la décision de l’entreprise de se séparer des 886 intérimaires, suite à la baisse de l’activité, conséquence de la campagne de boycott. Pour le chef de file des syndicalistes «la logique des multinationales basées sur les profits peut amener à tout moment l’entreprise à prendre de nouvelles décisions douloureuses pour les salariés. Aujourd’hui, tous les actifs des entreprises sont en leasing, même l’ordinateur du PDG est en location», prévient-il. Le syndicat UMT exige que «l’entreprise et les parties protègent les personnes licenciées et leurs familles»; tout en rappelant la nécessité de «préservation des emplois, l’arrêt du harcèlement et les abus à l’adresse des salariés».
Vers une nouvelle vague de licenciements ?
Pour l’UMT, «l’entreprise comme le gouvernement sont responsables de la situation actuelle». Ces deux parties auraient mis en péril «l’avenir de la société, les emplois et les agriculteurs». Le syndicat des salariés affiliés à la CDT ne partage pas ce diagnostic de situation et appelle en priorité «les Marocains à arrêter leur boycott des produits de l’entreprise; vu les dégâts irrémédiables sur de nombreuses familles marocaines et les conséquences négatives sur l’investissement extérieur et l’économie marocaine globalement», tout en faisant porter «au gouvernement et à l’État, l’entière responsabilité de la situation, la dégradation sociale des citoyens et du pouvoir d’achat». D’ailleurs, la CDT se joint au sit-in prévu ce soir à ce sujet devant le parlement. Du côté de l’UMT, on préfère prendre une position médiane de la campagne du boycott. «Il est indéniable que ce mouvement ait eu des conséquences sur l’activité de l’entreprise, mais le boycott est une expression citoyenne que nous respectons. Ce mouvement n’aurait jamais eu autant d’impact si ce n’étaient les sorties maladroites de certains, notamment un ministre qui insulte les marocains au parlement», insiste Atida, qui fait état «d’une réduction de l’activité de 50 à 60%». Une estimation corroborée par la baisse des résultats prévisionnels pour le 1er trimestre de cette année (voir encadré). «Dans les unités de Meknès et El Jadida, l’activité est réduite d’une à deux journées de travail par semaine», détaille Atida. À l’UMT, on craint que la vague de départ ne touche d’autres salariés, spécialement les nouvelles recrues. «Si ça démarre avec les intérimaires, ces licenciements vont toucher tôt ou tard, les salariés statuaires et surtout ceux dont l’ancienneté n’est pas longue», prévoit le SG de l’UMT. Interrogé à cette fin, il note que l’entreprise n’a pas souhaité faire de commentaire- pour le moment-. En prévision de nouvelles décisions de la direction, ce syndicat affiche la couleur. «Nous appelons tous nos membres à la mobilisation pour sauver les emplois et les acquis et prendre part aux formes de contestation prévues prochainement aux niveaux national, régional et local», rappelle le représentant de l’UMT. Ce contexte de tension sociale intervient après une année marquée par les contestations des salariés contre le nouveau système de distribution intitulé «Projet Tarik». Ce mode de rémunération du département commercial avait connu un levier de boucliers des salariés concernés. «La politique de réduction des charges a fini par donner des résultats inverses», conclut le secrétaire général du syndicat des salariés de Centrale Danone.