Archives

Bilan Benkirane : L’homme des décisions impopulaires !


Les Flops de Benkirane

Stratégie de l’emploi : que de promesses !
Pour un mandat qui s’est voulu social, la machine de l’emploi a manifestement calé. Le quinquennat de Benkirane a surtout été consacré à l’élaboration et à la planification d’une stratégie de l’emploi dont les effets bénéfiques pour le marché restent encore à prouver. La nouvelle stratégie nationale de l’emploi (SNE) a été, dès mi-2015, mise entre les mains du chef de l’Exécutif pour son exécution. Entre-temps, des efforts ont été principalement consentis en vue de mettre en place une commission ministérielle constituée des principaux départements impliqués dans la déclinaison de cette stratégie. On n’aura finalement vu ni les 62 «mesures d’urgence» censées s’appliquer avant fin 2016, ni les 75 mesures complémentaires censées se décliner jusqu’en 2020. La situation du marché du travail à fin 2016 a continué à être marquée par la persistance à la baisse des taux d’activité et d’emploi. L’économie nationale a perdu 37.000 postes nets d’emplois, résultant d’une hausse de 26.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 63.000 en milieu rural, contre une création annuelle moyenne de 27.000 emplois durant les années 2014-2015 et 95.000 durant la période 2008-2013. Pour se consoler, Benkirane peut toujours se défendre d’avoir programmé la création de 116.977 nouveaux postes dans le secteur public, entre 2012 et 2016.

Réforme de l’éducation : l’usine à gaz
Par où commencer une réforme aussi sensible et périlleuse que celle de l’éducation nationale ? Après plusieurs années d’étude, de planification et de débats, la Vision 2030 a mis fin à trente ans d’arabisation en février 2016. L’arabe classique reste la langue officielle de l’éducation mais le français est introduit dès la première année du primaire et devient la langue d’enseignement des matières scientifiques. Parmi les nouveautés de la rentrée 2016, l’éducation islamique est devenue «éducation religieuse». Les textes renvoyant à une lecture radicale de l’islam ont été gommés des manuels scolaires au profit de la transmission d’un l’islam tolérant, en lien avec les valeurs de citoyenneté et l’identité culturelle du pays. Reste que le terrain demeure encore miné. En témoigne le démarrage laborieux de la rentrée scolaire 2016-2017 ainsi que les signes de plus en plus annonciateurs d’une faillite de l’école publique.

Climat des affaires : les impayés «imbattables»
Les rapports du gouvernement avec le secteur privé n’ont pas toujours été au beau fixe durant le mandat Benkirane. Le chef du gouvernement a d’ailleurs piloté en personne le large chantier de l’amélioration du climat des affaires dans le cadre de la Commission interministérielle chargée de la question. Pourtant, deux grandes hantises des opérateurs n’ont finalement pas été endiguées: c’est le cas des difficultés autour des marchés publics et des retards de paiement. Plusieurs décrets, lois et clauses administratives plus tard, la situation demeure insatisfaisante. Le patronat requiert aujourd’hui une réforme globale qui prend non seulement en considération un toilettage des règles de la passation des marchés, mais également la formation et l’accompagnement en amont des fournisseurs et ordonnateurs et l’amélioration des délais de paiement. La mauvaise gestion des dossiers de marchés publics impacte la question des délais de paiement qui asphyxie les fournisseurs de l’État et crée ainsi un effet domino qui se répercute sur les petits opérateurs. Pour les PME, les délais peuvent s’allonger jusqu’à atteindre 9 mois. Une tendance inquiétante qui ne faiblit pas et ce, en dépit de la nouvelle loi 49-15 sur les délais de paiement, publiée en septembre 2016. La nouvelle loi a durci les pénalités pécuniaires, les a étendues au secteur public et appelé à la mise en place de la médiation et d’un observatoire national pour le suivi.

Santé : un secteur sous perfusion
Dès sa prise de fonction, le gouvernement Benkirane avait clairement érigé la santé à la tête de ses priorités. Malgré la hausse du budget consacré au ministère de la Santé, passant de 10,89 MMDH en 2011 à 14,28 MMDH en 2016, le constat demeure amer. Déficit des prestations, hôpitaux en ruine, difficile accès aux soins, pratiques non déontologiques. Pourtant, le département de la Santé se défend d’avoir mis en place pas moins de 15 unités d’urgence mobile et d’avoir créé 74 nouveaux établissements de santé. Plusieurs de ces chantiers ont été lancés dans le cadre du Plan national des urgences médicales avec un budget global de 500 MDH. Sur le terrain, ces investissements se traduisent principalement par des améliorations occasionnelles de la qualité des infrastructures et non par une amélioration de la qualité des prestations. Parallèlement, le régime du RAMED n’a pas tenu toutes ses promesses. Sur les 9,8 millions de bénéficiaires, enregistrés à fin juillet 2016, seuls 6,3% disposent d’une carte Ramed à jour. Les pratiques véreuses et non déontologiques continuent de sévir avec notamment un grand écart entre le milieu urbain et le milieu rural.

Justice : la difficile lutte contre la corruption
Que ce soit dans le cadre de la campagne électorale de 2011 ou du programme du gouvernement, l’accent a été clairement mis par l’équipe de Benkirane sur le chantier de la réforme de la justice, de la moralisation de la vie publique et de la lutte contre la corruption. La stratégie élaborée par le département de Mustapha Ramid, suite aux longs rounds de débats autour de la réforme, s’est finalement soldée par la définition de trois priorités: des édifices adaptés, des ressources humaines suffisantes et une justice indépendante. Dans les faits, ce large chantier n’aura finalement servi qu’à améliorer légèrement l’infrastructure au détriment de réformes profondes à l’impact sociétal visible. Même la tant attendue réforme du Code pénal a finalement été allégée pour faciliter son adoption. Les grands procès liés à la dilapidation des deniers publics n’ont finalement abouti qu’à des peines légères, dont la plupart prononcées avec sursis. Concernant le chantier de la lutte contre la corruption, le Maroc a continué à stagner dans le classement de l’Indice de perception de la corruption, établi par l’ONG Transparency International. En 2016, le Maroc s’est établi à la 90e place avec une régression amorcée depuis 2013, révélatrice de l’échec des politiques visant l’éradication de la corruption.



Gouvernance des EEP : une réforme en profondeur se prépare


Page précédente 1 2 3
Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page