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10 ans de l’ALE Maroc-USA : Les barrières non tarifaires plombent le commerce

Une décennie de libre-échange entre le Maroc et les USA et pourtant les échanges sont encore en dessous des aspirations. La faute à une offre exportable très limitée et à des obstacles techniques sévères. Le futur round du dialogue stratégique prévu pour avril prochain devrait permettre d’explorer ces questions.

Déjà 10 ans depuis l’entrée en vigueur de l’ALE entre le Maroc et les USA. Engageant le Maroc depuis le 1er janvier 2006, l’ALE avec les USA est l’un des plus décriés par l’opinion publique. Une décennie plus tard, les deux parties semblent vouloir prendre un nouveau départ. Une volonté clairement affichée par l’Ambassade des États-Unis au Maroc qui travaille sur la promotion de la destination auprès des entreprises américaines. Tout semble indiquer que le prochain dialogue stratégique entre les deux pays, prévu pour avril prochain, sera décisif. La visite d’une délégation commerciale de l’État d’Alabama du 8 au 11 mars courant semble ouvrir la voie dans ce sens. «Nous nous intéressons en particulier aux secteurs de l’aéronautique, de l’automobile et de l’agriculture», précise Greg Canfield, secrétaire au commerce dans l’État d’Alabama. Des secteurs sur lesquels les pays européens ont bien défriché le terrain avec de grands investissements dans le domaine.

Les entreprises américaines agissant dans ces secteurs sont à la recherche de nouveaux relais de croissance notamment au Maroc et en Espagne. «Les accords de libre-échange se font entre les gouvernements, mais c’est aux entreprises de travailler au mieux pour améliorer les opportunités qu’offrent ces textes. Nous constatons aujourd’hui de réels opportunités pour les entreprises américaines en vue d’atteindre les marchés européens depuis le Maroc, mais aussi des opportunités pour les entreprises marocaines aux USA», précise Walter Siouffi, président de la Chambre de commerce américaine au Maroc (AmCham). Un protocole d’accord a été signé dans ce sens entre l’AmCham Maroc et la Chambre de commerce de la ville de Mobile, Alabama. L’objectif étant de faciliter la prise de contact aux sociétés marocaines désirant investir en Alabama et vice-versa.

Pour l’instant, le Maroc doit encore faire face à beaucoup de difficultés pour accéder au «pays de l’oncle Sam». Normes réglementaires, règles sanitaires et phytosanitaires, absence de lignes maritimes directes… Les barrières non tarifaires sont aujourd’hui le principal obstacle qui se dresse contre les exportateurs marocains. Les autorités américaines imposent des conditions draconiennes notamment pour les produits d’origine animale ou végétale. La Food & Drug Administration veille au grain et guète le moindre risque sanitaire. La récente affaire de la suspension des exportations d’agrumes est éloquente à ce titre : Les autorités phytosanitaires américaines (APHIS) avaient, en effet, intercepté une cargaison de clémentines marocaines pour présence de larves de Cératite.

Il est à préciser que le Maroc se conforme au protocole de traitement par le froid exigé par les autorités phytosanitaires américaines depuis 1991. «Une procédure très contraignante pour les exportateurs qui doivent parfois attendre une quarantaine de jours avant de voir leurs marchandises libérées», indique un opérateur. Le même traitement est exigé pour un nombre important de produits agricoles exportés par le Maroc. Il est à noter que le principal de nos exportations vers les USA est composé de produits alimentaires, de produits bruts d’origine animale ou végétale ou encore de demi-produits. «Ces questions sont extrêmement sensibles aux USA.

Si le Maroc n’a pas autant de problèmes à exporter ces mêmes produits vers l’Union européenne, c’est d’abord en raison de la similarité climatique entre ces deux marchés», explique Ruth Anne Stevens-Klitz, premier secrétaire chargé de l’information au sein de l’ambassade américaine à Rabat. À cela s’ajoutent des difficultés d’ordre logistique. Exporter vers le continent américain peut s’avérer extrêmement compliqué pour les opérateurs marocains. La quasi-inexistence de lignes maritimes directes et la durée du voyage dissuade de nombreux acteurs marocains. «Les échanges sont en cours entre les deux parties à ce sujet. Nous travaillons actuellement en concertation avec le Maroc sur les questions de facilitation du commerce», précise la porte-parole de l’ambassade.

Par ailleurs, la récente visite de la sous-secrétaire d’État chargée de l’Énergie au Maroc (voir interview page 5) est également un indicateur de l’importance qu’accorde les USA au secteur de l’énergie au Maroc. Il faut dire qu’un intérêt commercial ressort également en filigrane : Le Maroc qui cherche des alternatives au gaz algérien en prévision de la fin de l’accord sur le gazoduc pourrait bien se mettre à en importer depuis les USA. Dans ce cas de figure, la balance commerciale entre les deux pays risque de nous réserver encore de mauvaises surprises.


 

TAFTA, une opportunité ?

L’accord de libre-échange transatlantique (TAFTA) actuellement en négociation entre les USA et l’Union européenne peut-il constituer une opportunité pour le Maroc en vue de mieux intégrer le marché américain ? Rien n’est moins sûr. Le principal objectif derrière cet accord est d’aboutir à une harmonisation des normes entre les deux principaux blocs commerciaux du monde (L’UE et les USA). Le Maroc qui négocie également un accord de ce type avec l’Union européenne gagnerait à prendre en considération cette nouvelle donne. En convergeant vers les nouvelles normes de l’UE (ce qui ne risque pas d’être une tâche aisée), le Maroc pourrait se garantir un meilleur accès au marché américain. Le royaume a mis en suspend actuellement ses négociations avec l’UE, officiellement pour des raisons politiques et diplomatiques liées aux difficultés que connaît le partenariat concernant la question de l’accord agricole. Certains observateurs y voient aussi une manière de temporiser en attendant de voir ce qu’il adviendra du partenariat transatlantique.



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