Diaspora africaine: 40% se disent prêts à retourner travailler en Afrique
Les perspectives de carrière et l’épanouissement professionnel en Afrique font que 40% des membres de la diaspora africaine se disent prêts à s’établir sur le continent, selon une étude réalisée par Intelcia. Décryptage…
Selon l’étude «L’attractivité professionnelle du continent africain auprès des diplômés et cadres de la diasporas», réalisée par Intelcia sur un échantillon de 800 personnes âgées de plus de 18 ans issues de la diaspora africaine, une grande partie de la diaspora désire retourner travailler en Afrique. Près de 40% des membres de la diaspora même sont prêts à y retourner immédiatement.
On atteint les 71% pour ceux qui envisagent de repartir dans un délai de 10 ans. En outre, 56% d’entre eux privilégient un retour dans leur pays d’origine, tandis que 15% sont ouverts à des opportunités sur tout le continent. Les membres de la diaspora originaires d’Afrique subsaharienne sont les plus enclins à rentrer à horizon de 5 ans (58%) par rapport aux ressortissants du Maghreb (41%).
Ils sont également 45% parmi les 24-27 ans à vouloir s’installer ou se réinstaller en Afrique immédiatement, contre 41% pour les 28 -35 ans et 42% pour les plus de 35 ans.
La digitalisation du continent, à travers l’essor des nouvelles technologies, est de loin le facteur social le plus motivant pour un retour en Afrique pour 42% des acteurs de la diaspora. Ces derniers accordent une considération à l’accès aux diverses plateformes et services digitaux depuis le continent. Cependant, dans le choix de leur poste, 60% des répondants jugent ainsi que la transformation digitale des entreprises du continent, n’étant pas d’une grande importance dans leur choix.
Plusieurs motivations …
L’aventure entrepreneuriale est le premier facteur professionnel de motivation pour un retour en Afrique pour 62% des membres de la diaspora. 43% des répondants désirent se lancer immédiatement après leur retour. Cette tendance est plus marquée chez les personnes de plus de 28 ans, celles ayant plus de 5 années d’expérience, mais aussi chez les hommes. Néanmoins, 47% des interrogés disent aussi être tentés par les multiples opportunités professionnelles dans leur secteur professionnel actuel. Parmi les métiers recherchés par les jeunes diplômés et cadres de la diaspora, le secteur tertiaire est le plus plébiscité : 17% des répondants favorisent les métiers de Conseil,16% optent pour la Communication et Marketing, et 15 % se tournent vers les métiers de la Finance.
Parmi les critères de choix d’un poste en Afrique, ils placent les perspectives de carrière (48%), le contenu de la mission (42%) et les valeurs de l’entreprise (63%) dans le top 5 des critères pour le choix d’un poste en Afrique. La rémunération (32%) et la stabilité politique et économique du pays, (56%) occupent les deux premières places. La renommée ou encore la mobilité ne sont pas énormément plébiscitées (18%). L’épanouissement dans le travail reste le point central chez les personnes envisageant un retour professionnel en Afrique. En effet, les répondants disent privilégier une expérience professionnelle qui a du sens (50%) au-delà de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (34%) et l’ambiance au travail (16%). Cet équilibre se retrouve quels que soient le genre, l’âge ou le niveau d’études et d’expérience professionnelle considérée.
Etre opportun
Une large majorité des répondants désirant saisir des opportunités en Afrique souhaitent avoir une approche collaborative dans leur relation avec leur hiérarchie, tout en ayant assez d’autonomie et de responsabilité. Ceci se confirme quel que soit le groupe d’âge des répondants. Si les jeunes diplômés désirent plus de responsabilité et d’autonomie (73% contre 59% pour ceux ayant plus d’expérience), les seniors sont plus portés sur le travail collaboratif avec leur hiérarchie (76% contre 67% pour les plus juniors).
Le désir d’avoir des discussions ouvertes avec sa hiérarchie est partagé par tous les répondants, sans tenir compte du genre, du niveau d’expérience professionnelle et du niveau d’études. Plus de 40% des jeunes de la diaspora sont plutôt intéressés par des opportunités professionnelles en Afrique au sein de multinationales, avec une préférence pour les multinationales africaines (51%). Les startups africaines (36%) et les organismes internationaux (38%) sont aussi d’un intérêt particulier pour ces profils.
Les diplômés niveau master et plus ont un plus fort attrait pour les multinationales, notamment africaines (54%) et les organismes internationaux (40%) que ceux moins diplômés. Les profils niveau Bac +2 et Bac+3 seront plus portés vers les startups (44%) que les profils plus diplômés (34%). Plus de 70% des répondants pensent que décrocher un emploi ou une promotion en Afrique nécessite d’avoir des relations, ce qui monte à environ 90% chez les moins de 24 ans. De même, plus de 35% jugent les organisations africaines très hiérarchiques.
Meilleure gestion de carrière
Seuls 20% des répondants pensent que ces entreprises sont propices à l’ascension professionnelle ou alors permettent d’avoir des échanges ouverts. Ceci se vérifie quel que soit le niveau d’expérience professionnelle ou le niveau d’études. Pour les répondants, les entreprises africaines valorisent plus l’expertise dans un domaine d’activité (42%) plutôt que l’expérience internationale (29%), l’expertise dans différents domaines (15%) et la connaissance du continent (14%). 35% des jeunes diplômés (entre 1 à 5 ans d’expérience) tendent à croire que les entreprises africaines privilégient plus l’expérience internationale contrairement à ceux ayant un peu plus d’expérience qui ne sont que 19% à le penser. Ces derniers considèrent que les entreprises misent plus sur l’expertise (47%), or seuls 36% des jeunes diplômés partagent cette opinion.
«Les acteurs de la diaspora sont optimistes concernant le développement de l’Afrique et les opportunités professionnelles qu’elle peut offrir. Nous avons aussi, nous les entreprises, un rôle déterminant dans cette transformation. Savoir rendre son entreprise attractive auprès des cadres permet de conserver et aussi ramener les élites sur le continent, mais il faut surtout mettre en place les conditions et solutions qui permettront à tous de monter en compétence pour répondre pleinement aux exigences du marché mondial», conclut Jean-Yves Kotto, directeur Afrique subsaharienne d’Intelcia.