Culture

Gultrah, cette révolution musicale !

Gultrah Sound System. Groupe de musique tunisien

Groupe à la fois engagé et enragé de la plus belle des manières, Gultrah Sound System est un ovni musical tunisien qui a envoûté la salle de la Cité de la culture ce mardi 15 octobre lors des Journées musicales de Carthage. Rencontre avec Halim Yousfi, chanteur, guitariste et leader des Hoba Hoba Spirit tunisiens.                

Plus qu’une révélation, Gultrah est une révolution musicale. Une intensité rare qui s’accompagne d’une simplicité et d’une spontanéité à en faire rougir plusieurs, Gultrah Sound System s’empare de la scène comme on s’empare d’un cœur en amour. En étant soi-même. Un public nombreux qui connaît les chansons par cœur, jeunes et moins jeunes sont venus rendre hommage à ce groupe formé depuis 2006 qui a connu des hauts et des bas et qui se reforme cinq ans après à l’occasion de la compétition prestigieuse des Journées musicales de Carthage.

Populaires malgré eux
Gultrah Sound System existe depuis 15 ans mais ils n’ont jamais enregistré d’album à proprement dit. Ils ont un besoin de chanson, ils créent, ils enregistrent de façon presque archaïque, ils s’expriment sur scène et le public adhère à chaque fois ! «Le succès est venu en 2012 après le Printemps arabe, les gens ont eu soif de produits tunisiens», confie Halim Yousfi, qui compose et écrit pour le groupe avant de laisser ses musiciens arranger les morceaux. Passionné de musique depuis tout petit, il doit son prénom à Abdelhalim Hafid et est tombé amoureux de la musique en recevant sa première guitare à l’âge de 16 ans. «Nous avions déjà quelques chansons sur Internet et c’est comme ça que les gens ont découvert des chansons qui parlaient du peuple, de ce que l’on vivait», confie le musicien qui a anticipé la vague de la révolution.

À l’époque de Benali où tout le monde avait peur de s’exprimer, le chanteur peignait déjà une société corrompue, vingt trois ans de dictature, un peuple qui vit à plusieurs vitesses et qui est souvent laissé pour compte, avec des mots crus, des tournures de phrases bien tunisiennes. Halim Yousfi chante comme il parle, il joue comme il respire. Chaque mot est tellement bien trouvé, il touche là où ça fait mal et le peuple tunisien s’y retrouve. Ils rappellent subtilement dans ses chansons «qu’ils ont fermé les frontières, ils ont fermé les portes et nous ont appelé tiers monde», que «le Tunisien a peur de son ombre», en épargnant ni la police «Joundi», ni le système qui coince. Pourtant Halim Tounsi se dit apolitique. «Je n’étais pas là quand le Printemps arabe a éclaté, j’étais en Belgique. Je n’ai pas suivi les élections mais j’espère que cela va apporter le changement nécessaire aux gens qui attendent cela. Moi je parle des sujets qui fâchent depuis très longtemps», confie celui qui a commencé avec le Rap, un style de musique qui lui a permis de s’exprimer librement. Il avoue qu’en optant pour le reggae dub fusionné, c’était une façon de faire passer le message plus subtilement, de façon moins radicale. «Je me sens plus apaisé aujourd’hui, j’ai envie que les gens écoutent, c’est une transition normale», confie le chanteur qui n’a pas pu s’empêcher de verser une larme lors de son interprétation incroyable de «Win», un piano-voix puissant. Engagé socialement, politiquement même sans le vouloir, sentimentalement et émotionnellement le groupe Gultrah Sound System a donné un échantillon de ce qu’il savait faire. En interprétant 8 chansons d’un répertoire plus large et plus riche, le groupe underground de la scène tunisienne a prouvé qu’il n’y avait nul besoin d’attendre un coup de pouce de l’industrie, que la contourner pouvait apporter ses fruits. Avec Wissem Ziadi (violon, chœur) et Malek Halim (percussion, chœur), fondateurs du groupe avec Halim Yousfi, les trois amis créent un véritable style musical aussi universel que profondément tunisien en mélangeant des sonorités reggae, afrobeat, funk et jazz, teintées de percussions passionnées et d’un violon nostalgique et habité. Le groupe enregistre enfin son premier album qui sera un mix entre les anciennes chansons déjà mythiques et de nouvelles histoires pour contenter tout le monde. «C’est l’album de la synthèse ! De ce qu’on a fait et ce qui nous représente tout en proposant de nouvelles choses qui nous ressemblent aujourd’hui», confie celui qui n’a qu’une hâte : jouer au Maroc et rencontrer ses nombreux fans marocains.



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