Le parti du boycott
Le ministère de l’Intérieur voudrait imposer le vote obligatoire dès les échéances de 2021. Est-ce la bonne solution pour inciter les foules à se ruer sur les urnes? Les sociologues peuvent répondre à cette question, mais l’on peut d’ores et déjà décrypter l’enjeu et les risques de cette décision. Il est clair que si on a recours à la manière forte, le risque de voir les bureaux de vote désertés est élevé. Il ne faut pas avoir la mémoire courte et oublier les réactions populaires, relayées principalement par les réseaux sociaux.
Hier encore, en 2016-2017, les Marocains avaient vécu le pire feuilleton politique de l’histoire des élections du royaume. Pas besoin d’un flash-back, l’exercice est douloureux. Mais on se rappelle du discrédit qui a altéré le processus électoral suite à ce que l’on appelle communément le «blocage». Déjà, lors des élections 2016, il y a eu un fort boycott avec à peine 38% de taux de participation et un taux d’abstention élevé qui ramène le taux de voix exprimées à 21%! En d’autres termes, sur 15 millions d’inscrits, moins de 7 millions se sont rendus aux urnes et seulement quelque 4 millions ont mis dans l’urne un bulletin valide.
Face à cette réalité, qui a empiré les deux dernières années du fait des tensions et déceptions sociales, obliger les électeurs à voter n’est certainement pas la parade. Cette «trouvaille» pourrait produire l’effet inverse et accentuer le boycott. La solution idéale serait l’obligation, pour les partis, de faire émerger une élite jeune, de prôner la méritocratie dans l’ascenseur des responsabilité et, surtout, de tenir leur promesses électorales. Après, il s’agira de passer à l’étape de sensibilisation, quand le citoyen sera prédisposé à écouter ce message, sur la base des réalisations honorables des partis et du gouvernement. Obliger un «esprit» déprimé et désespéré à obtempérer n’a jamais donné les résultats escomptés. Enfin, attendons de voir…