Hajj Mohammed Mesfioui, le boucher de Marrakech
Des dangereux serials killers qui ont marqué l’histoire du Maroc, Hajj Mesfioui Mohammed qui a sévi à la fin du 19e siècle est le premier cas authentifié, et également celui sur lequel on en sait le moins, notamment sur son background et l’identité de ses victimes.
L’histoire connue sur Hajj Mesfioui, telle que rapportée par les diverses sources, commence à Marrakech, à la fin du 19e siècle.
Dans la cité ocre, des disparitions successives de femmes sont constatées et dans des conditions mystérieuses, faisant germer un climat de terreur parmi les habitants.
Ces disparitions, les autorités de l’époque étaient incapables de les élucider, n’ayant pas une grande expérience dans des cas similaires. Petit à petit, le bruit courait sur la présence d’un mystérieux meurtrier dans la ville, mais personne n’en savait plus.
Ce n’est que suite à la disparition d’une jeune femme que les proches de cette dernière ont décidé de percer par eux-mêmes le mystère. Estimant que les autorités se sont montrées incapables de résoudre la question, la famille de la victime a décidé de mener l’enquête.
Retraçant les derniers mouvements de la disparue, la famille a pu découvrir l’identité de la dernière personne vue en compagnie de la jeune femme. Les témoignages recueillis les menèrent vers une dame âgée, qui montra de la résistance au début face aux questions de la famille.
Optant pour la manière forte, ces enquêteurs improvisés enlevèrent la vieille femme et au bout de quelques séances de torture, la septuagénaire avoua son implication dans l’enlèvement de la jeune disparue.
Dès lors, les pistes trouvées menèrent automatiquement vers celui qui est qualifié comme le premier dangereux serial killer de l’histoire criminelle du Maroc. Pourtant, le criminel en question ne payait pas de mine et son statut au sein de sa communauté était d’attirer les soupçons vers lui.
Hajj Mohammed Mesfioui était coordonnier de son quartier et scribe public de son état. Il avait pour technique de se rapprocher des jeunes femmes et de les séduire. Avec l’aide de sa complice, nommée Rahali, il organisait des rencontres avec ses victimes chez lui, prétextant des repas intimistes en présence de la vieille femme afin que ses cibles viennent à lui de leur plein gré.
Au fil du temps, les penchants macabres de Mesfioui ont fait quelque 36 victimes. Loin de se douter de l’issue de leurs rendez-vous, ces dernières se voyaient ingérer des drogues pour inhiber leurs facultés, avant d’être étouffées, dépouillées, puis enterrées au domicile du meurtrier.
Les deux criminels choisissaient méticuleusement leurs victimes venant souvent de milieux assez aisés en vue de les déposséder de leurs bijoux, puis les assassiner.
Les investigations des autorités permirent de trouver 20 corps décapités au fond d’un puits dans le magasin de Mesfioui et 16 autres dans le jardin de sa maison.
Face à la colère des habitants de Marrakech qui réclamaient une sévère punition, Hajj Mohammed Mesfioui sera condamné à mort par crucifixion. Ce verdict sera remis en cause par les représentations diplomatiques occidentales présentes au Maroc à l’époque, sous prétexte qu’il s’agit d’une exécution barbare.
Décision fût ainsi prise de le condamner à la peine de mort par pendaison. Ce verdict ne sera jamais appliqué, et la punition alternative n’était pas plus clémente.
Une longue phase de torture marquera la fin de l’assassin. Pendant près de deux mois, Hajj Mohammed sera flagellé sur la place publique, supplice qui se termine chaque jour par dix coups de bâtonnet denté à la grande satisfaction de la population en colère qui exigeait la plus grande brutalité avec l’assassin.
Après deux mois de supplice, les autorités ont finalement décidé d’en finir en l’emmurant vivant. Il décéda deux jours plus tard.