La ville et la maison de demain
Les architectes et les urbanistes sont interpellés par la nécessité d’adapter leur «logiciel» aux changements qui traversent nos sociétés dans les divers domaines: les changements climatiques, la problématique énergétique, les évolutions technologiques (surtout l’intelligence artificielle) et les profondes transformations des modes de vie et des modèles urbains.
Aujourd’hui, les villes ne doivent pas uniquement faire face à des vulnérabilités et à des dysfonctionnements liés aux grandes carences urbaines, mais aussi à des perturbations climatiques extrêmes et qui vont toucher une population de plus en plus élevée. Les formes urbaines actuelles, basées sur l’étalement vertical et horizontal des espaces bâtis, sont très consommatrices d’espaces naturels. Pour leur bon fonctionnement, elles nécessitent une offre croissante en mobilité et la consommation d’une énergie de plus en plus onéreuse, indisponible et qui est à l’origine des principaux changements climatiques.
Cette dépense n’est pas compensée par un niveau élevé de confort, de satisfaction et un bien-être social effectif. Nos villes et notre habitat sont la source des grands maux sociaux et des multiples déséquilibres, ainsi que d’une diversité des fractures.Tout le monde pensait qu’avec leur densité et leur masse d’activités, les performances des villes étaient tenues pour naturelles. Cette posture a dominé le rapport des urbanistes et des architectes à la ville pendant toute la période dite de «l’essor économique». Nous pensons que le monde est arrivé à un stade où il ne peut pas continuer à utiliser de la même manière l’espace, l’énergie, et à produire les mêmes espaces urbains.
En effet, la convergence manifeste entre la croissance urbaine et le changement climatique est à la base de la naissance d’une «nouvelle culture d’architecture et d’urbanité». Celle-ci est prise dans ses diverses dimensions: matérielles, fonctionnelles, sociales, écologiques et économiques. Ce nouveau paradigme fait de la résilience et de la durabilité «l’âme» de la ville et de l’habitat de demain. Ainsi, un nouveau type d’habitat et une nouvelle manière d’habiter est possible. C’est l’objet de notre recherche et de notre projet, dont une composante a fait l’objet d’une proposition pour une compétition lancée par l’Institut d’architecture américain (AIA) (aiafilmchallenge.org/vote). Notre postulat de départ part d’une observation empirique: tout ce qui nous entoure a changé ces dernières années, mais les espaces que nous habitons sont structurés de la même façon qu’il y a 50 ans.
Les changements récents demandent des structures pas seulement durables, mais également capables de régénérer leur environnement. Sur le plan méthodologique, pour la conception des bâtiments résilients et durables, il était nécessaire de travailler en relation directe avec les usagers, les leaders des communautés, les directeurs, les responsables des sociétés et les dirigeants des organisations non gouvernementales engagés dans la lutte contre les causes du changement climatique et l’amélioration des conditions et du cadre de vie des citoyens. On est conscient du fait qu’un nouveau modèle de ville et de nouvelles typologies sont aussi une affaire politique et une affaire de gouvernance de la cité. Notre projet de typologie d’habitat chercher à imiter les modèles biologiques pour atteindre une efficacité élevée à travers l’utilisation d’outils désormais disponibles grâce aux nouvelles technologies telles que l’impression 3D et l’intelligence artificielle.
Meriem Sakrouhi et Mario Serrano
(architectes)