Développement. Il ne faut pas oublier les jeunes !

En attendant que les parties appelées à définir le nouveau modèle de développement se mobilisent, des experts dans le domaine économique et politique se sont rassemblés dernièrement à Fès pour discuter les contours de ce nouveau modèle. Ce dernier devrait permettre à la société marocaine de produire plus de richesses et d’emplois décents, notamment en faveur des jeunes.
Le groupe de réflexion sur le développement durable (GRDD) a réuni la semaine dernière à Fès un ensemble de spécialistes en économie, des professeurs chercheurs et représentants politiques pour débattre des contours du nouveau modèle de développement que le Maroc souhaite mettre en place. Les participants à ce workshop ont fait le point sur les défaillances arrimées dans le modèle actuel, comme l’a souligné le roi Mohammed VI dans son discours du 13 octobre 2017, en précisant que le modèle de développement actuel s’est essoufflé et présente de nombreuses défaillances. Il s’agit tout d’abord de la faiblesse chronique de la croissance économique, et son extrême volatilité qui dépend de la campagne agricole. En attendant que les parties appelées à définir ce nouveau modèle de développement se mobilisent, le débat se poursuit sur la question. Intervenant à cette occasion, le maire de la ville de Fès, Driss Azami Idrissi a mis en avant l’importance de capitaliser sur les acquis réalisés par les gouvernements précédents afin de mettre en œuvre la politique de régionalisation avancée.
Pour lui, «le nouveau modèle doit renforcer les acquis matériels et logistiques de la région de manière à réussir un modèle de développement créateur d’emplois et de richesses basé sur le renforcement non seulement des infrastructures mais également des politiques immatérielles liées à la santé, l’éducation et la formation. C’est la porte d’entrée pour un nouveau modèle de développement équilibré». Ce nouveau modèle devrait permettre à la société marocaine de produire plus de richesses et d’emplois décents, notamment en faveur des jeunes, de préserver durablement ses ressources naturelles et de répartir équitablement les fruits de la croissance entre toutes les couches de la société et toutes les régions du pays. Pour le secrétaire d’État chargé du développement rural et des eaux et forêts, Hammou Ouhelli, «la préparation du modèle de développement du Maroc doit d’abord passer par la prise en compte des besoins urgents de la population». Mettant l’accent sur la nécessité de concrétiser la politique de décentralisation et de régionalisation qui demande la convergence des moyens pour renforcer la gouvernance et rétablir la confiance du citoyen dans le politique.
Lors de son intervention, Abdessalam Sedikki (photo), ancien ministre de l’Emploi a appelé l’ensemble des acteurs concernés par l’élaboration du nouveau modèle à se mettre d’accord sur les grandes orientations, dont le rôle des partis politiques et le développement économique pour atteindre les objectifs escomptés. Pour lui, «le nouveau modèle de développement ne devrait pas se limiter à un programme gouvernemental mais porter sur une vision multisectorielle qui s’étale sur plusieurs dizaines d’années». Si l’on en croit les dernières statistiques, les résultats obtenus par le modèle de développement actuel sont alarmants. En effet, la croissance moyenne entre 2010-2018 est de 3,52%, ce qui est insuffisant pour les besoins de la création d’emplois. C’est ainsi que le Maroc compte quelque 13 millions de Marocains inactifs et 1,3 million en chômage. 1,7 million de jeunes de 15 à 24 ans ne sont pas scolarisés, n’ont pas d’emplois et ne sont pas en formation en plus des 2,4 millions de personnes travaillant dans l’économie informelle sans aucune protection sociale. Ce manque d’emplois et de revenus entraîne 1,6 million de Marocains en situation de pauvreté absolue et 4,2 millions en situation de vulnérabilité. Ces chiffres indiquent de grandes inégalités sociales qui sont également territoriales. Farid Zerrouq, initiateur de l’événement a expliqué lors de cette rencontre que le Maroc et à travers ses différentes institutions, s’est fixé comme orientations l’accélération de la transformation structurelle de l’économie nationale par le renforcement de la compétitivité de l’économie, la valorisation du capital humain, la réduction des inégalités régionales et sociales ainsi que le maintien des équilibres macro-économiques. «C’est dans cette optique là que nous avons organisé cette rencontre qui se veut une occasion pour faire l’état des lieux de la situation économique, politique et sociale de notre pays ainsi que d’identifier les faiblesses du modèle de développement en cours afin de présenter les grandes lignes d’un nouveau modèle adapté aux spécificités et aux besoins de notre pays». Les participants à cette journée d’étude ont également débattu plusieurs axes dont «la politique fiscale au Maroc», «pour une gouvernance de qualité», «une régionalisation avancée», «une réhabilitation des partis politiques», «produire plus», «produire mieux», «vendre plus et mieux», «préparer des ressources humaines de qualité et en nombre suffisant», «une politique sociale équitable, raisonnable et intelligente», «encourager la performance», «le bien-être des Marocains», «le secteur de la santé», «la solidarité»,«la maîtrise des finances et la préservation des équilibres».