Alliances fait grise mine

Le cours de l’immobilière se réduit comme peau de chagrin depuis quelques semaines déjà. Le marché, désemparé, cherche une réponse à cette situation «incohérente» avec la réalité du secteur.

«Un désaveu injustifié», commente d’emblée cet analyste de la place. En moins d’un mois, le titre a perdu pratiquement 15% de sa valeur pour s’échanger à 77,8 DH. Pourtant l’opérateur s’évertue à montrer patte blanche quant à l’épisode des ORA. L’immobilière a même réussi à surperformer le secteur au terme du premier semestre. Au moment où les indicateurs financiers et opérationnels de certains opérateurs étaient orientés vers la baisse, Alliances a pu faire face au ralentissement ressenti sur le secteur depuis le début d’année en se positionnant sur de nouveaux segments. Il faut dire que les transactions immobilières se sont nettement contractées (-2,8% en moyenne sur les trois premiers trimestres de 2018) et les prix immobiliers ont suivi. Aussi pour les professionnels de la place, Alliances évolue dans un marché où il y a une déconnexion avérée entre l’offre et la demande. Aujourd’hui, la majeure partie des opérateurs ont d’importants stocks d’invendus, bien que l’ on assiste à l’émergence d’une classe moyenne qui a les moyens de se loger décemment.

Selon les statistiques, la valeur des actifs immobiliers stockés aujourd’hui dépasse les 2 MMDH.  Pourtant, la nouvelle vision du groupe a ramené les résultats vers le chemin de la hausse et réduit le niveau d’endettement. Le chiffre d’affaires d’Alliances s’est élevé à 1,79 MMDH à fin juin 2018 contre 1,5 MMDH un an auparavant, soit une progression de 17%. Le Résultat net et le RNPG ont enregistré, de leur côté, une forte progression comparée à l’année précédente, soit respectivement une hausse de 136% (à 123 MDH) et 250% (à 112 MDH).

De plus, Alliances a réussi à réduire considérablement son niveau d’endettement. La dette privée est ainsi passée de 4 MMDH en 2015 à 800 MDH actuellement. Après s’être établie à 4,5 MMDH en 2015, elle se positionne actuellement à 1,9 MMDH. Ce reliquat fera l’objet d’un reprofilage sur les dix prochaines années (sachant que le groupe bénéficie de 4 années de grâce). L’endettement ainsi maîtrisé a induit une nette réduction des frais financiers et une amélioration des marges, ce qui a permis au groupe de disposer de fonds propres pour financer ses projets à venir. Des projets qui permettront également au groupe d’assurer son plan d’activité pour les 5 prochaines années (une consistance identifiée de 32.000 unités pour un CA de 17 MMDH). En somme, ce sont 19 projets dans le social et intermédiaire, 8 projets dans le résidentiel et golfique et 2 projets en Afrique. Au vu de ces résultats, l’incompréhension est totale face à la débandade du cours ces derniers jours. Les opérations d’aller-retour enregistrées la semaine dernière n’a fait qu’exacerber la méfiance envers le titre. Deux opérations portant chacune sur 160.000 titres ont transité sur le marché de blocs. 

Selima Mrabet
Analyste chez Alpha Mena

Une méfiance exagérée

La méfiance exagérée des investisseurs à l’égard du secteur immobilier continue de peser sur la performance d’ADI qui a reculé de – 62.75% depuis le début de l’année.
Le développeur immobilier a réalisé une croissance au premier semestre 2018 de son top et bottom line, soit de 17% et de 138% respectivement en glissement annuel qui n’a pas réussi à convaincre le marché. Concernant leurs projets au Maroc, ADI a ciblé des quartiers niches avec des projets adaptés à la demande. Son nouveau business model met l’accent sur l’activité lotissement qui vise à avoir un retour rapide sur investissement. L’effort de désendettement est appréciable avec un ratio d’endettement qui est passé de 417% en 2017 à 213% au S1 de 2018 suite à la conversion des ORA. Cependant, la structure bilancielle reste fragile, notamment dans un contexte de demande faible. D’ailleurs, nous pensons que la reprise du secteur immobilier marocain sera encore une fois décalée et ceci risque de compromettre le programme de désendettement mis en place durant ces trois dernières années.