Scandale de Berkane : « Drogue du violeur » et la rokya charia
Un scandale sexuel a secoué la ville de Berkane ce weekend. La photo d’un quadragénaire enchaîné, le corps tuméfié a fait le tour des réseaux sociaux et a affolé les internautes. Quelques heures plus tard, la cause de cet état a été éclaircie, mettant l’accent sur des scènes de viols que filmait l’homme agressé profitant ainsi de sa profession de fqih pour abuser physiquement de plusieurs femmes et vendre les enregistrements à des sites pornographiques. C’est le frère d’une victime accompagné d’une bande de ses amis qui ont décidé de se venger de ce dernier puis diffuser sa photo sur Facebook, après avoir repéré la vidéo de sa sœur sur l’un de ces sites.
Transporté à l’hôpital dans un état d’extrême urgence, l’homme, gravement blessé, a été ensuite interpellé par les éléments de la police. Après pointage, le Fqih est passé de victime d’agression physique à suspect, pour avoir fait chanter une quinzaine de femmes abusant ainsi de leur faiblesse et vulnérabilité en prétendant pouvoir les guérir avec la rokya. Selon les premiers éléments de l’enquête, le mis en cause est un immigré qui vivait en Belgique. Il s’est installé à Berkane depuis quelques années et se fait passer pour un guérisseur par rokya charia dans une région connue pour son conservatisme, afin d’abuser des femmes et s’adonner à un trafic de vidéos pornographiques vers l’Europe.
Le procureur du roi a ordonné l’incarcération de l’accusé dans la prison locale d’Oujda, où il sera poursuivi pour escroquerie, fraude, viol, rapports sexuels illégitimes et détention de photos et de vidéos indécentes.
Une présumée victime se confie
La vidéo d’un acte sexuel filmé entre le fqih et l’une de ses présumées victimes a fuité, faisant ainsi le tour de Facebook et WhatsApp. Après que les internautes ont pu identifier la fille sur la vidéo, cette dernière est sortie dans une déclaration à visage découvert pour répondre aux différents commentaires l’accusant “de mener une relation amoureuse avec le fqih, et d’un acte sexuel consenti”. Dans sa déclaration, la jeune femme, originaire de Berkane affirme qu’ “elle a été droguée en buvant de l’eau (du coran) que le fqih lui a proposé d’ingurgiter dans le cadre du traitement au début de la séance”. Elle ajoute sur la vidéo explicative dont « elle ne se souvient aucunement de cet acte et qu’elle l’a découvert quand son frère lui a montré la vidéo pour lui demander des explications”. La présumée victime a également supplié les gens “de respecter l’état psychique dans lequel elle se trouve ainsi que toute sa famille”.
Consciente ou droguée ? Victime ou consentante ? Telle sont les questions qui taraudent l’opinion publique dans cette affaire qui va au-delà d’un scandale sexuel pour toucher ce phénomène des prétendus pratiquants de rokya charia, qui exercent souvent une forme d’obéissance chez les gens pour leur soutirer le maximum d’argent, ou profiter autrement…
GHB ou drogue du violeur
La possibilité d’être droguée reste présente malgré l’aspect lucide que peut démontrer l’attitude de la jeune femme sur la vidéo. Une drogue vendue illégalement sur le marché marocain depuis 2016, appelée “Drogue du violeur” ou GHB est utilisée pour des fins sexuels en provoquant une levée des inhibitions suivie d’un état passif chez la personne droguée qui rentre ensuite dans un état confusionnel voire amnésique. La victime peut être incapable de se souvenir de l’acte, en ayant quelques suppositions qui restent floues dans sa tête.
Dans une déclaration faite à Leseco.ma, un pharmacien affirme que “certains psychotropes, tels que Rohypnol, et la Kétamine peuvent être utilisés pour provoquer un état d’ébriété chez la personne qui les consomme. Ceci dit, la personne se comportera comme si elle avait bu de l’alcool, et pourrait avoir des trous noirs après”. Selon le même professionnel : “Ces substances détournées en drogues restent inodores, incolores et insipides, donc il est difficile pour la personne de détecter leur présence dans une boisson même dans l’eau. Cependant, les traces de ces substances disparaissent de l’organisme 12 heures après consommation, ce qui rend encore plus compliquée la possibilité de les détecter”. Une montée du plaisir sexuel, est aussi possible en cas de la prise de cette drogue, qui entraîne chez la personne un état de soumission chimique allant jusqu’à forcer la personne par contrainte psychologique.
Ces psychotropes, qui se vendent à bas prix dans le marché, peuvent être utilisés pour un cambriolage sexuel parfait, puisqu’elles permettent de manipuler la victime sans pour autant l’endormir.