La clémentine plombe les agrumes
Les conditions climatiques risquent d’exercer une pression sur la commercialisation des agrumes, précisément sur la clémentine.
À quelques jours seulement du démarrage de la campagne d’exportation des agrumes, l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (Aspam) a tenu, hier jeudi à Casablanca, son Assemblée générale ordinaire. Une assemblée qui intervient dans un contexte particulier, marqué essentiellement par la nécessité d’améliorer la rentabilité et la compétitivité du secteur par rapport à la concurrence (Espagne, Turquie et Égypte), mais aussi la commémoration du 60e anniversaire de l’ASPAM (1958-2018) en présence des présidents de la COMADER, de Maroc Citrus, de la FIFEL…
Une saison exceptionnelle !
L’autre aspect qui marque cette assemblée est qu’elle se déroule durant une saison exceptionnelle à plus d’un titre. Il va sans dire que l’année dernière, l’export a démarré fin septembre, car les conditions climatiques ont retardé de trois semaines la production. Cette année encore, les ventes à l’étranger n’ont été lancées que le 10 octobre. «Selon les données techniques, les conditions climatiques causeront une pression sur le plan de la commercialisation, essentiellement, de la clémentine puisque son timing, fixé l’année dernière à 10 semaines, est passé à 7 semaines durant cette campagne», explique Abdellah Jrid, président de l’Aspam.
Des problèmes structurels
Ce facteur constitue cette année une contrainte pour les producteurs-exportateurs, d’où la nécessité de mettre en place, selon l’Aspam, une veille stratégique durant cette période. Au cours de cette assemblée, ce sont les mêmes problématiques qui reviennent sans cesse, qu’il s’agisse de la question de la commercialisation puisque l’export a augmenté de 650.000 tonnes en 2016-2017 à 677.000 tonnes en 2017-2018, avec une augmentation cette année de 50 à 60.000 tonnes à l’export, tandis que le développement des nouveaux marchés restent insuffisants pour écouler l’importante production. Et même si la profession a augmenté sa part adressée à l’Amérique du Nord, cette évolution n’est pas suffisante pour absorber tout le tonnage qui est en passe d’être produit. C’est pourquoi les marchés ciblés dans le cadre de Maroc Citrus exigent le développement des exportations vers le marché allemand, qui reste le premier pays importateur d’agrumes, la France en plus de la Pologne, avec un soutien à l’export pour le retour du Maroc sur ces marchés, y compris la Scandinavie, le BENELUX et l’ouverture d’autres marchés (l’Afrique de l’Ouest, l’Asie et les Pays de l’Est et du Golfe). Aussi, l’insuffisance de l’export plombe la rentabilité financière des vergers; c’est pourquoi l’ensemble de ces contraintes s’avèrent insurmontables du fait de leur caractère structurel.
Les petits fruits au détriment des oranges
Mais ce qui complique davantage la donne, c’est le changement fondamental observé dans la structure des exportations marocaines depuis plusieurs années. «Les producteurs se sont essentiellement orientés vers les petits fruits super précoces et tardifs au détriment de l’orange», précise Ahmed Darrab, secrétaire général de l’Aspam. Or, il faut rééquilibrer le profil variétal du verger national par rapport aux débouchés commerciaux afin de n’exporter que les quantités en mesure d’être absorbées par le marché de l’export dans de bonnes conditions de prix, mais surtout de qualité. Dans ce sens, la subvention dédiée aux variétés de petits fruits sont dorénavant exclues des subventions de plantations, tandis que le renouvellement des superficies n’a concerné que 4.500 ha. L’arrêté n°3294-17 a fixé une aide de 11.000 DH/Ha aux seules variétés d’orange.
Faible taux de transformation
En effet, les superficies ont atteint actuellement 126.000 hectares plantés avec la densité des petits fruits, au lieu de 83.000 ha en 2007-2008, alors que la transformation reste minime, selon Kacem Bennani Smires, président de Maroc Citrus Export. Au-delà de la nécessité d’affecter une partie des écarts de triage aux stations aux usines de transformation, celle-ci est toutefois estimée à 10% du concentré au niveau mondial, outre la concurrence des autres pays. L’autre point, non des moindres, est la question des ravageurs et maladies auxquels est confronté le secteur.
Le thrips apparaît dans le Souss
À cet égard, le thrips a grandement altéré les agrumes, surtout dans la région de Souss. Et les variétés touchées par ces ravageurs floricoles sont le Navel et Salustiana, ce qui risque de faire augmenter les écarts de triage cette année dans les stations de conditionnement et d’emballage. S’agissant de la cératite, l’unité de production de mâles stériles a été réalisée aux environs d’Agadir, de sorte à lutter contre cette mouche méditerranéenne vu les problèmes posés aux marché des USA et la Russie. D’autres contraintes sont également rencontrées, notamment les mauvaises pratiques de cueillette, la problématique de l’eau d’irrigation et les taxes douanières vers le marché russe, les contraintes liées à la CNSS et la qualification de la main-d’œuvre, outre la fiscalité agricole.