Diagnostic royal, un an après

La Fête du Trône est toujours une occasion de revenir sur une année dans la vie du pays et ceci à tous les niveaux. En douze mois, des choses ont été faites, d’autres ont été occultées, pour éviter le caractère simpliste du «rien n’a été fait». Prenons le discours royal de la Fête du Trône 2017, au cours duquel une critique fondée a mis à nu l’administration, les Centres régionaux d’investissement (CRI) en premier lieu. «Les CRI […] constituent un problème et un frein au processus d’investissement» : un constat d’échec sans appel émis par le roi. Qu’est-ce qui a été fait après ? Force est de constater que ce dossier, un des rares peut-être, a été pris au sérieux. Un diagnostic détaillé a été dressé par la Cour des comptes, le gouvernement a entamé les démarches de la réforme et cela prend aujourd’hui forme. Seul hic, le rattachement des CRI à l’autorité du wali, au lieu de celle du président du conseil régional. Ce point vide malheureusement la réforme de son sens. L’indépendance des CRI et leur changement de statut ne sont que cosmétiques, avec la présidence du Conseil d’administration par le wali. On est donc face à une «mi-réforme». Le deuxième volet – non moins important – de ce discours était le décryptage d’une administration marquée par «la faiblesse de la gouvernance et des prestations offertes aux citoyens», conjuguées à un «manque de compétence et de motivation», ainsi que l’a décrit le roi. Là aussi, l’Exécutif a essayé de répondre à l’appel royal en amorçant un chantier aussi intéressant que vaste. Le ministre en charge de ce dossier est investi d’une volonté indéfectible mais insuffisante. L’administration marocaine est tellement opaque qu’il lui faudrait un véritable séisme pour en dégager les parasites. Cela prendra quelques années, mais qu’importe : il faudra continuer le travail, qui ne devra pas s’arrêter avec le mandat du ministre en poste. Et c’est justement ce qui fait défaut : la continuité.