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Les patrons espagnols accusent l’Anapec !

Face au scandale des abus sexuels, les patrons des exploitations agricoles bottent en touche en accusant l’Anapec d’être la responsable des «failles» ayant entaché cette campagne.

Les patrons des exploitations agricoles de fraises et de fruits rouges de la province de Huelva passent à l’offensive. Après les plaintes déposées par des saisonnières marocaines dénonçant des conditions de travail dégradantes et des sévices sexuels, les entrepreneurs battent en brèche ces accusations. Lors d’une réunion tenue jeudi dernier avec José Alarcon, le nouveau secrétaire général des migrations relevant du secrétariat d’État à la migration et les patrons des exploitations agricoles ont dressé une longue liste de griefs contre les saisonnières marocaines.

Selon un communiqué de la sous-délégation du gouvernement à Huelva, «un quart des saisonnières marocaines recrutées à l’origine ont abandonné leur poste de travail et n’ont pas respecté la clause du retour au pays à la fin de la campagne», prétendent les patrons andalous. Durant cette réunion, les propriétaires des exploitations, sous les feux des critiques après l’éclatement du scandale des abus sexuels et du traitement dégradant dans les fermes, attaquent à leur tour les journalières marocaines. Selon le patronat des producteurs de fraises et fruits rouges à Huelva, 1.375 cas de «désertion» ont été relevés et 485 autres sont en cours de vérification, avancent-ils. Ceux-ci n’hésitent pas à dire que ce chiffre pourrait atteindre jusqu’à 3.000 journalières n’ayant pas respecté la condition d’abandon du pays une fois le contrat arrivé à terme, comme le stipule la convention. Et ce n’est pas tout. Selon le média local www.lamaredeonuba.es, les patrons de Huelva n’y sont pas allés de main morte pour critiquer la gestion de de ce dossier par l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (Anapec). Selon les producteurs de fraises à Huelva, l’Anapec serait la «responsable» des incidents et erreurs ayant entaché la dernière campagne de recrutement, pointe du doigt le patronat des fruits rouges dans cette province du sud espagnol. Toutefois, les patrons sont restés muets à propos des agressions dont ont été victimes ces femmes, lesquelles font l’objet d’enquêtes judiciaires de la part de la justice espagnole. Pis encore, les représentants des patrons ont exigé au gouvernement central davantage de garanties et de contrôles sur l’Anapec durant les prochaines campagnes. De même, ils ont proposé que ce processus s’ouvre sur d’autres pays de la région pour éviter en quelque sorte cette dépendance à l’adresse de la main-d’œuvre marocaine. Conscientes que la requête des patrons est une sorte de punition à l’encontre des saisonnières marocaines ayant osé briser le tabou du silence, les autorités espagnoles ont appelé à la retenue.

À cet effet, une source du gouvernement proche de ce dossier interrogée par le site www.lamaredeonuba.es a admis que si le contingent des journaliers marocains est revu à la baisse à cause d’une réorientation de la main-d’œuvre vers d’autres pays de la région, cette décision pourrait déplaire au gouvernement marocain. Les autorités espagnoles sont conscientes que froisser la sensibilité de Rabat est une mauvaise décision qui pourrait affecter le climat des relations bilatérales. Sur ce même registre, une réunion a eu lieu vendredi dernier entre l’Union des petits agriculteurs et éleveurs d’Andalousie (UPA) et le secrétariat d’État aux migrations portant sur le contingent des travailleurs agricoles migrants, qui seront recrutés durant la prochaine campagne agricole. Il était question aussi d’améliorer les conditions de sélection des journaliers à travers une meilleure coordination avec l’Anapec ainsi que les autorités du gouvernement central et régional. Parmi les mesures qui seront adoptées durant la prochaine campagne agricole se trouve l’intervention de médiateurs et médiatrices indépendants auprès des saisonnières. Les deux parties se sont accordées aussi sur la nécessité de dispenser des formations aux contremaîtres opérant dans les exploitations afin de les sensibiliser au travail des journalières. Tout en reconnaissant l’importance de la main-d’œuvre temporaire marocaine pour l’agriculture espagnole et andalouse plus particulièrement, UPA a appelé les autorités à avancer les dates de sélection de ce personnel et le fait que les recruteurs se déplacent dans la zone de résidence des potentiels candidats. UPA a souhaité que la priorité soit donnée aux journalières ayant déjà à leur actif quelques campagnes agricoles dans les champs andalous au vu de leur expérience, ont souligné les représentants de cette association agricole.

«Nous admettons qu’il est prioritaire de fournir des plans d’hébergement et d’accueil de qualité pour faciliter le séjour des travailleurs et des travailleuses durant la campagne», a affirmé UPA durant cette réunion, la seule organisation à faire de l’autocritique. Sur ce même registre, l’organisation agricole a demandé la formation des migrants disposant d’un titre de séjour pour qu’ils puissent être recrutés dans les exploitations. Environ 5.000 résidents légaux ont bénéficié de cette formation dont le taux d’insertion professionnelle était de 60%. Cette alternative au recrutement de la main-d’œuvre marocaine couplée à cette demande des patrons de diversifier les pays de recrutement pourrait signifier une réduction drastique des contingents marocains. 



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