Les Cahiers des ÉCO

Paiement mobile : Votre compte est dans votre poche

 Wafacash vient de lancer son compte de paiement, baptisé «Jibi». La filiale du Groupe Attijariwafa bank devient ainsi le premier établissement de paiement au Maroc à commercialiser une telle offre. Le service sera gratuit durant les mois de juillet et août.

«Votre téléphone va être votre propre banquier», voici la promesse que fait Samira Khamlichi, PDG de Wafacash lors du lancement de son compte de paiement mobile, baptisé «Jibi». La filiale du Groupe Attijariwafa bank spécialisée dans les services financiers devient ainsi le premier établissement de paiement au Maroc à commercialiser une telle offre. S’inscrivant, de ce fait, dans la stratégie de développement de la compagnie en faveur de l’innovation digitale et de la qualité de service. L’établissement rejoint ainsi la course initiée par les principales banques de la place pour le lancement de leur solution de paiement mobile. À ce jour, ce sont la Banque centrale populaire (Bpay), CIH Bank (WePay), BMCE Bank (DabaPay), ainsi que le Crédit agricole du Maroc (Beztam-e) qui ont lancé tour à tour leur propre porte-monnaie électronique. «Les autres offres proposées sur le marché portent plutôt sur des solutions de paiement mobile qui sont adossées à des comptes bancaires contrairement à Jibi qui est lui-même un compte de paiement», précise à ce sujet la présidente de Wafacash.

La société de transfert d’argent a ainsi souhaité marquer le coup et devancer les autres sociétés ayant également obtenu le feu vert du Comité des établissements de crédit. Et ce, malgré que l’autorisation finale ne soit pas encore publiée au Bulletin officiel, comme c’est le cas pour Maroc traitement de transaction (M2T) et Maymouna services financiers, filiale du groupe Saraya. «La décision sera publiée dans les prochains jours», assure la présidente, en insistant sur le fait que l’application Jibi est désormais opérationnelle. Pour rappel, en février dernier, quatre établissements de paiement avaient reçu l’aval du Comité des établissements de crédit -composé de Bank Al-Maghrib et du ministère de l’Économie et des finances- afin d’étendre leurs activités. Outre Wafacash, c’est Cash Plus, NAPS, et Maroc traitement de transaction (M2T) qui ont déjà été agréés, soit en qualité de société intermédiaire en matière de transfert de fonds ou en tant que société de financement spécialisée dans la gestion de moyens de paiement. Ces derniers viennent ainsi de voir leurs activités élargies à l’ouverture de comptes de paiement et à l’offre de services de paiement adossés à ces comptes. Le comité a par ailleurs émis un avis favorable pour autoriser la société Maymouna services financiers, filiale du groupe Saraya holding, à exercer en tant qu’établissement de paiement. Pour Khamlichi, son entreprise n’a fait que soutenir un «projet national de paiement mobile porté par Bank Al-Maghrib et qui vise l’inclusion financière, la démocratisation des opérations de paiement et la réduction de la circulation du cash». Ceci est un fait, les Marocains ont une relation particulière avec l’argent liquide. Les chiffres sont sans appel ; plus de 90% des transactions nationales s’effectuent en cash. Ce qui représente 2 MMDH en circulation chaque année, coûtant ainsi environ 0,7% du PIB national.

Comment ça marche ?
Conçue pour faciliter la vie des Marocains, Jibi propose une multitude de services pratiques qui simplifient leur quotidien et accompagnent les individus dans la nouvelle ère du digitale, le tout de manière fiable et 100% sécurisée. L’application qui se décline en deux versions Jibi et Jibi Pro peut également offrir certains services même hors connexion. Pour les particuliers, l’application permet d’ouvrir un compte de paiement, de l’alimenter, de payer chez un commerçant, d’envoyer de l’argent vers un mobile ou une agence, de recevoir de l’argent, de payer en ligne, de consulter en temps réel l’historique de ses opérations, de géolocaliser toutes les agences offrant le service et enfin de simuler des frais de transfert. Trois types de comptes seront proposés aux intéressés. Le niveau 1 est plafonné à 200 DH, le niveau 2 est limité à 5.000 DH et le niveau 3 arrive au final à 20.000 DH. L’ouverture de ses comptes nécessitent un passage par une agence. Wafacash a également pensé aux commerçants en proposant une version de compte qui leur est entièrement destinée, Jibi Pro. Celle-ci offre la possibilité d’ouvrir un compte de paiement commerçant, d’accepter le paiement par un client, d’envoyer de l’argent vers un compte bancaire, de l’alimenter, de régler un autre commerçant, de recharger un mobile, de payer une facture ou encore de consulter l’historique de ses opérations et bien sûr de géolocaliser des agences. Jibi Pro existe aussi pour les agents détaillants, qui peuvent effectuer toutes les opérations offertes au commerçant et en plus leur offrir la possibilité d’ouvrir des comptes de paiement, d’accepter des dépôts sur des comptes de paiement et de permettre des retraits sur lesdits comptes de paiement.

Tarification
Ces services seront offerts gratuitement durant ces deux mois de juillet et août. Dès la rentrée, une nouvelle grille tarifaire sera établie. «Celle-ci sera moindre que celle appliquée en agences», remarque Khamlichi. Pour l’heure, la tarification des opérations n’a pas encore été décidée et ce en attendant la mise en place notamment de l’interopérabilité. Cette fonctionnalité qui est définie comme la capacité à octroyer aux utilisateurs des portefeuilles électroniques, d’effectuer des transactions et d’établir une connexion entre les différents fournisseurs de paiement mobile. Initialement prévu en juin, le chantier serait dans en cours de finalisation. Sa mise en place effective devrait intervenir durant le troisième trimestre de cette année, soit au mois de septembre. Selon les professionnels du marché, la tarification des services offerts par l’organisme serait amenée à se réduire davantage. Surtout avec l’arrivée probable de nouveaux fournisseurs de paiement mobile. En effet, Le Comité des établissements de crédit devra se réunir d’ici la fin de ce mois afin étudier les dossiers de demandes d’agrément. Parmi les dossiers qui seront examinés figurent ceux des opérateurs télécoms qui se sont vu octroyer la licence lors de la première vaque de février.


Samira Khamlichi, PDG de Wafacas
«Tous les opérateurs font la pression pour que la réglementation se mette rapidement en place»

Les Inspirations ÉCO: pour l’heure, les services de Wafacash restent limités…
Samira Khamlichi: il faudra tout d’abord recharger son compte de paiement, selon les niveaux choisis (200 DH, 5.000 DH ou 20.000 DH). Pour ce faire, il faudra se déplacer en agences, mais suivant la prochaine version de l’application Jibi qui sera disponible dans une semaine, le client pourra alimenter son compte via sa carte bancaire. Aussi, pour le moment, les transferts ne se feront que via le compte Jibi, puisqu’il n’y a pas d’interopérabilité. Mais dès qu’elle sera opérationnelle, le transfert pourra se faire vers les autres comptes.

Vous comptez offrir gratuitement vos services durant deux mois. Avez-vous évaluez le manque à gagner suite à cette décision ?
Je tiens à préciser que notre tarification est finalisée, mais on ne peut pas annoncer une grille parce que tout simplement, nous essayons de voir le fine-tuning de Bank Al-Maghrib afin de nous assurer que la tarification que nous allons mettre en place corresponde à ce qu’attend la Banque centrale. Et tant que cela n’est pas le cas, il n’est pas intéressant pour nous d’annoncer une grille qui pourrait ne pas être en adéquation avec les attentes de Bank Al-Maghrib… Nous partons du principe que nous soutenons un projet national, mais nous ne sommes pas philanthropes. Nous devrons gagner notre vie, de manière à pouvoir au moins couvrir les investissements effectués….

Quid des tarifs appliqués aux commerçants ?
Nous travaillons pour que la tarification soit la plus basse possible. Nous cherchons à leur offrir un service à moindre coût. Il faut savoir qu’il y a le Switch qui doit être payé ainsi que l’inter-change, qui doit être fixé par la Banque centrale mais qui ne l’est pas encore à ce jour. C’est à partir de là qu’on fixera les tarifs. Dans tous les cas, la Banque centrale milite énormément pour que tout se mette en place à temps …et que les coûts soient nettement plus bas que ce qui se faisait en monétique.

Combien vous a coûté la réalisation de cette application ?
Nous avons mis à disposition de la startup marocaine B3G, une enveloppe de quelques millions de DH pour la création de cette application… Nous avons commencé à travailler sur le projet depuis plusieurs mois et ce, avant même l’obtention de l’agrément en février …C’est un projet national et nous avons voulu y contribuer depuis le départ.

Pour recharger son compte, il faudra encore se déplacer en agence…Est-ce que la signature électronique n’aurait pas pu régler cette situation ?
C’est un projet national d’une grande importance qu’il faudra prendre à bras-le-corps… Jusqu’ici, le marché a réussi à relever plusieurs défis, il n’y a pas de raison pour que ce défi ne soit pas relevé aussi… Aujourd’hui, tous les opérateurs font la pression pour que la réglementation se mette rapidement en place…Je suis confiante pour que cette disposition soit opérationnelle dans les meilleurs délais.  



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