Sur les pas du BCIJ
Le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) recense ses prouesses depuis sa mise en place en 2015.815 terroristes ont été interpellés et incarcérés selon le directeur du bureau, Abdelhak Khiame, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français Valeurs actuelles.
«Grâce à une loi votée en 2003, il y a certes eu le renforcement de l’arsenal juridique et sécuritaire, permettant d’agir avant qu’un terroriste ne passe à l’acte, mais également la réforme intégrale du champ religieux pour ne pas laisser l’islam à l’emprise des mouvances extrémistes», a déclaré Abdelhak Khiame, directeur du BCIJ.
La sonnette d’alarme a été tirée pour les services de renseignement marocains en 2003, lorsqu’une série d’attentats-suicides ont causé la mort de 33 civiles et 12 kamikazes. Le bilan s’alourdit en 2011, à Marrakech, suite à un attentat à la bombe survenu au beau milieu de Jamaa El-Fna, faisant 17 morts et plusieurs blessés de différentes nationalités. Ces événements, condamnés par l’opinion publique internationale, ont nécessité une attention particulière de la part de la Direction générale de la sécurité territoriale (DGST), qui a décidé de fonder un «FBI marocain» en 2015, nommé Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ).
Depuis sa création, le bureau a pu démanteler 53 cellules terroristes grâce à une stratégie anticipative. Cette dernière requiert une collaboration étroite entre les agents de la DGST et le BCIJ dans le but de prévenir les actes fomentés par les terroristes sous surveillance. «Pouvoir croiser le renseignement local et le renseignement plus éloigné permet d’être efficace pour arrêter de manière préventive des terroristes potentiels», a souligné Abdelhak Khiame. En effet, de multiples échanges ont eu lieu avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la police judiciaire française afin de constituer une base de données commune offrant une vue panoramique sur les activités terroristes nationales et internationales.
Le directeur du BCIJ rappelle une baisse de la radicalisation au Maroc grâce aux interventions de plusieurs équipes de juristes, psychologues, sociologues ou encore oulémas auprès des populations fragiles. Parallèlement, ces experts opèrent également dans les prisons afin de convaincre les terroristes de l’absence de bien-fondé de leur radicalisation.
Face à cette lutte acharnée, le conflit historique au niveau du Sahara attise le feu du terrorisme dans le pays puisqu’un lien a été établi entre 100 membres du Polisario et les réseaux islamistes actifs dans le royaume. L’implication du gouvernement algérien dans cette querelle s’est également confirmée suite à la découverte de 26 séparatistes du Polisario à bord de l’avion militaire algérien écrasé le 11 avril dernier. Par ailleurs, les réseaux terroristes s’alimentent principalement d’activités informelles au niveau des frontières, à l’instar de l’immigration clandestine ou encore du trafic de stupéfiants, d’identité et d’armes.
Le Forum global de la lutte contre le terrorisme (The Global CounterTerrorism Forum, GCTF) a vu le jour en 2011 à New York. Cet événement a pour vocation d’identifier les besoins urgents en matière de lutte civile contre le terrorisme, pour une mobilisation meilleure des ressources et des connaissances ainsi que l’amélioration de la coopération mondiale dans ce cadre. Le Maroc a été conduit à sa coprésidence en 2016 grâce à son parcours honorable dans la lutte contre le terrorisme.