Warning sur le tourisme
Le tourisme au Maroc pose une véritable problématique. Voilà un secteur stratégique qui représente 7% du PIB et emploie 500.000 personnes, mais qui n’arrive pas à mettre en place une feuille de route claire, précise et surtout réalisable. La Tunisie, notre principal rival dans la région, est en train de renaître de ses cendres. Pendant le premier trimestre 2018, elle connaît une hausse de 21% en recettes et de 32% en entrées, mieux qu’en 2010, durant l’«avant-révolution».
Le Maroc a non seulement été incapable de profiter du Printemps arabe qui a secoué la Tunisie et l’Égypte, mais n’a pas non plus pu réaliser les diverses stratégies du secteur. La Vision 2020, par exemple, qui stipule un objectif de 20 millions de touristes à l’horizon 2020, tourne à l’hérésie. Car, à 18 mois seulement de l’échéance, le taux de réalisation de l’objectif est à peine de 60%, en incluant les deux millions des Marocains du monde. Piètre bilan d’un secteur dont les promoteurs dépensent l’essentiel de leur énergie dans des combats de coqs. Ils s’avèrent impuissants en matière d’ingénierie, d’offres spécifiques à chaque marché.
Le tourisme intérieur, qui pèse 25% du chiffre d’affaires total -manne non négligeable- est toujours pris de haut sans la moindre stratégie, alors qu’il s’est avéré être une bonne alternative durant les cycles bas. Des marchés classiques comme la France commencent à voir ailleurs, notamment en Tunisie vers laquelle ils orientent désormais leurs radars.
S’agissant des marchés émergents à forte valeur ajoutée comme la Chine et la Russie, on se contente d’opérations sporadiques, loin de toute offre structurée. Les opérateurs de tourisme manquent de maturité et comptent toujours sur le soutien de l’État, comme il y a 50 ans !